Après 21 jours cauchemardesques et riches en rebondissements depuis la tenue de l’assemblée générale ordinaire du 27 février dernier, annonçant la fin du mandat du président sortant Mohamed Raouraoua, le grand jour est enfin arrivé.
En effet, c’est aujourd’hui à partir de 10h au niveau de l’amphithéâtre Omar-Kezzal que se tiendra l’assemblée générale élective qui aura pour mission de désigner le nouveau président de la Fédération algérienne de football pour la période 2017-2021. La commission de candidatures a reçu en tout 8 dossiers et en a validé un seul, celui de Kheireddine Zetchi, le président du Paradou AC, qui a présenté son équipe composée de 12 membres de son futur bureau fédéral, et qui seront tous aujourd’hui soumis au vote des membres de l’assemblée générale, ces derniers seront d’ailleurs les principaux acteurs de cette AGE.
Des membres à 2 visages ?
Qui ne se souvient pas des sifflets lancés par les membres de l’AG lors des travaux de l’AGO du mois dernier ? Ces derniers avaient hué le nom de Zetchi lorsque Raouraoua l’avait cité comme éventuel candidat à sa succession, et ce, en marge de la motion de soutien qu’ils avaient dédiée au président sortant, ils avaient catégoriquement exprimé leur refus de voir le président du PAC accaparer ce poste, que sera-t-il donc aujourd’hui ? Voilà pourquoi les projecteurs seront tous braqués en leur direction, car il risque d’y avoir du grabuge, tout comme on risque d’assister à un changement radical, il faut dire que les noms seront les mêmes, plusieurs vont donc se ridiculiser s’ils optent pour le bulletin ‘’oui’’ même si l’opération va avoir lieu dans la discrétion avec le principe du bulletin secret.
La rumeur du bulletin nul
Dans les coulisses, il y a eu beaucoup de mouvement ces derniers temps, et ce, depuis l’AGO de février, mais les choses se sont accélérées beaucoup plus à partir du 12 mars dernier lorsque les délais de dépôt des dossiers de candidature s’étaient achevés, s’en est suivi beaucoup de remous dans les coulisses mais aussi au grand jour, à l’image du recours déposé par Mouldi Aïssaoui, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports qui réclamait une mise en conformité, le recours a été étudié et validé, et Baâmeur avait choisi de respecter la règle des 6 jours séparant l’AGO et l’AGE, c’est là que tout s’est vraiment emporté donnant naissance à deux clans, d’un côté celui de Zetchi, avec le ministère à l’appui, et l’autre avec les retardataires dont les présidents de club, qui n’ont pas apprécié le geste de Raouraoua d’annuler le dépôt du dossier du candidat Benhamza. Dans un dernier acte désespéré, ils décident de s’unir autour de Medouar dont la candidature finira pas être rejetée. Cela a fait paniquer les présidents, certaines rumeurs ont affirmé qu’ils ont contacté certains membres de l’AG pour essayer de les convaincre de ne pas voter pour Zetchi et le priver de la majorité absolue stipulée dans le code électoral, cela fait partie des gros risques de cette AGE.
L’ombre de la FIFA
Avec un seul candidat, les 108 électeurs devront donc élire le président, ils auront deux choix, soit dire oui, soit non, le règlement parle de plus de la moitié pour proclamer Zetchi nouveau président, pourra-t-il réussir à les convaincre ? Possible, lorsqu’on sait que ce dernier et malgré le peu de temps qu’il a eu sous la main, il a réussi à avoir le meilleur soutien qui puisse exister, à savoir celui de l’Etat, car le ministre Ould Ali a pris position depuis le début, il considère le projet présenté par Zetchi très intéressant, et a décidé de défendre la cause de cette AGE, qu’il considère légale, vu que c’est l’AG qui l’a validé après proposition du BF, une intervention jugée exagérée par «les partisans de la légalité » qui parlent d’ingérence et exigent l’application stricte des règlements et du code électoral surtout lorsque les décisions de Baâmeur ont été annulées, poussant ce dernier à s’en aller, à partir de là, ça a commencé à parler d’une prochaine intervention de la FIFA, et celle-ci a préféré rester à l’écart pour le moment, ce qui est une preuve de régularité, du moins jusqu’à aujourd’hui.
Les pouvoirs publics veulent un changement
Il s’agit là peut-être de la pièce manquant du puzzle, la plus puissante même, car malgré tout ce qui se dit et s’écrit sur les tentatives des autres clans de faire capoter le vote d’aujourd’hui, il y aura toujours la nécessité d’en finir avec la situation actuelle que traverse le football national. L’EN qui reflète l’état du football algérien se retrouve prise au piège et tout retard sera lourdement sanctionné, c’est pour cela d’ailleurs que les pouvoirs publics représentés par le MJS a insisté récemment sur la nécessité que tout se passe bien, et ce, dès ce 20 mars, avant tout pour permettre à l’EN d’avoir le staff qui lui manque et entamer la préparation de la date de juin, sans parler aussi du changement de politique qui s’impose afin d’atteindre enfin l’objectif, celui de remporter des titres, après l’échec de la méthode Raouraoua malgré 12 ans de règne.
S. M. A.
108 membres de l’AG ont le droit de voter
L’assemblée générale de la FAF est composée de 108 personnes et ce depuis le 27 février dernier lorsque la Ligue de futsal a été créée, ils seront donc 108 à avoir le droit de voter par oui ou par non aujourd’hui lors de l’AGE, parmi eux les présidents des 48 ligues de wilaya, des 8 ligues régionales, de la ligue inter-régions et de la Ligue nationale amateur sans oublier la LFP et les 32 présidents des clubs des Ligues 1 et 2 et 2 joueurs de l’EN. Zetchi sera déclaré président s’il obtient la majorité simple (plus de 50%) des suffrages valablement exprimés et suffisante au premier tour. Si le nombre de bulletins entrés est égal ou inférieur au nombre de bulletins délivrés, le scrutin est valable. Si le nombre excède celui des bulletins délivrés, le scrutin est déclaré nul et recommencé immédiatement. Rappelons qu’il n’y aura pas de 2e tour étant donné qu’il n’y a qu’un seul candidat.
Quand est-ce que le bulletin est considéré nul ?
22-1 Sont notamment considérés comme nuls :
a) les bulletins ne portant pas les signes officiels distinctifs définis par la commission ;
b) les bulletins portant des mentions autres que les noms des candidats ;
c) les bulletins illisibles ou raturés ;
d) les bulletins portant des signes de reconnaissance ;
22-2 Le président de la commission électorale écrit au dos du bulletin nul (en rouge) les motifs de son invalidation et les confirme par sa signature.
En cas de rejet du seul candidat
La commission électorale a le pouvoir de décision
Vu le mouvement qui a suivi le maintien de l’AGE pour la date du 20 mars, et les réunions qui ont regroupé les président des clubs avec des membres de l’AGE, la possibilité de voir l’AG ne pas accorder sa confiance totale à Zetchi reste plausible.
En cas de rejet, cela offrira à la commission électorale la possibilité de prendre la décision qui s’impose.
En effet, comme on le sait, il faudra la majorité absolue soit plus de 50% des votes pour que Zetchi soit annoncé nouveau patron du foot algérien, et si ce seuil n’est pas atteint, le code électorale dans son article 21 paragraphe 2 donne les prérogatives à la commission : «En cas de litige sur la validité ou la nullité d’un bulletin de vote, la validité ou la nullité d’un suffrage, la rédaction du procès-verbal, la proclamation des résultats ou toute autre question relative à la procédure de dépouillement, la commission électorale est habilitée à prendre une décision définitive.»
Les medias n’assisteront pas aux travaux de l’AGE dans la salle
Une AGE ‘’presque’’ à huis clos
C’est au niveau de la salle des conférences, à savoir l’amphithéâtre Omar Kezzal du Centre technique national de Sidi Moussa de la FAF qu’aura lieu l’AGE d’aujourd’hui. La nouveauté, c’’est que les travaux auront lieu sans la présence dans la salle des journalistes, ce qui est inhabituel pour une assemblée où un président sera élu. Officiellement, la FAF laisse entendre que la salle d'une capacité de 120 sièges ne peut pas contenir tout le monde, on a donc procédé à l’aménagement d’n chapiteau où on a installé un écran pour permettre aux journalistes de suivre en simultané l’assemblée générale ainsi que le vote, qui auront donc lieu presque à huis clos. Cette décision jumelée à celle d’empêcher les photographes de couvrir l’opération a provoqué une grande vague de contestations et de commentaires, certains ont lié ça à l’humiliation subie par les membres de l’AG lors de la dernière assemblée lorsqu’ils ont brandi les pancartes de soutien à Raouraoua en sifflant le boss du PAC, une preuve de malhonnêteté qui pourrait être retenue contre eux en cas de victoire de Zetchi. Ce qui est sûr, c’est qu’aucune chaîne de télévision ne pourra retransmettre l’AG en direct.
S.M.A
Les «partisans de la légalité» se sont réunis hier à Alger
Plusieurs membres de l’AG de la FAF se sont rencontrés hier dans un lieu tenu secret à Alger pour préparer une stratégie commune avant l’AG élective de la FAF prévue aujourd’hui au CTN de Sidi Moussa. Selon nos sources, ce groupe de personnes qui prône la légalité compte aller jusqu’au bout dans ses revendications en exigeant l’application pure et simple du règlement intérieur de la FAF et du code électoral en vigueur. Ils ne se considèrent pas comme des anti-Zetchi mais des membres responsables qui agissent dans l’intérêt du football national. «On n’a rien contre Zetchi mais on s’oppose à toute infraction et à tout piétinement des règlements, on prône la légalité et on veut que les lois soient appliquées tout simplement», nous a fait savoir un membre de ce mouvement. Les partisans de la légalité insistent pour que le président de la commission électorale élue lors de l’AG ordinaire de fin de mandat tenue le 27 février, à savoir Ali Baâmeur préside lui-même les travaux de l’AG élective comme le stipule les paragraphes 6 et 7 du code électoral. Ils demandent également à ce que l’AG élective se tienne 60 jours après la date de l’AG ordinaire conformément au paragraphe 9 «chapitre élections» relatif au règlement intérieur de la Fédération algérienne de football. Les partisans de la légalité devraient également se réunir hier soir au CTN de Sidi Moussa pour sortir avec une feuille de route commune. Même si la demande de ce groupe paraît logique mais la question qui mérite d’être posée, c’est pourquoi ces mêmes personnes qui revendiquent la légalité n’ont pas dénoncé les entorses à la règlementation du temps de Mohamed Raouraoua.
K. H.
Il faut sauver notre football
L’AG élective de la FAF d’aujourd’hui constitue un tournant décisif pour le football algérien pris en otage depuis 12 ans par l’ex-président de la structure de Dely Ibrahim, Mohamed Raouraoua. En dehors des conflits et litiges qui passionnent les débats autour du règlement intérieur de la FAF et du code électoral pour la bonne tenue de l’AG, il faut dire que la priorité des priorités est de sauver le football algérien de son marasme car on assiste depuis quelques années à une régression à tous les niveaux. Les dirigeants de club ne cherchent que leurs intérêts dans un système qui encourage la corruption, la violence et d’autres fléaux. Le changement s’impose et l’urgence est d’élire un nouveau président qui a un projet ambitieux. Zetchi ou quelqu’un d’autre, le problème n’est pas là car l’urgence est de ne pas perdre de temps dans des futilités car la corruption dans l’arbitrage est devenue monnaie courante et tout le monde connaît les commanditaires et personne n’ose bouger le petit doigt. Les membres de l’AG de la FAF doivent être responsables et sages, car si les élections d’aujourd’hui tourneraient au vinaigre, ce n’est pas que Zetchi qui serait le perdant mais c’est tout le football algérien qui va doit vers le mur. Ce que les gens oublient, c’est que la sélection algérienne qui reste la locomotive du football algérien n’a pas profité de la date FIFA du mois de mars en raison de l’absence d’un staff technique. Si par malheur l’AG élective de ce lundi se retrouve dans une impasse les répercussions seront négatives pour les Verts qui seront obligés d’affronter le Togo au mois de juin pour les compte des éliminatoires de la CAN 2019 sans un sélectionneur nommé et désigné par la FAF. Les membres de l’AG de la FAF qui n’ont fait qu’applaudir les décisions du président sortant lors des dix dernières années sans se soucier de la règlementation se placent aujourd’hui comme des défenseurs de la loi et partisans de la légalité. La conjoncture actuelle préconise une grande sagesse et une vision lointaine et objective de la part des acteurs de notre football car il y va de l’intérêt du football algérien.
K. H.
Un membre de la commission électorale affirme : « Même avec 2 personnes, l’AGE aura lieu »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’assemblée générale élective d’aujourd’hui ne sera certainement pas semblables à celles qui ont eu lieu au cours de ces dernières années. Avec des présidents de club qui se réunissent tentant de faire annuler cette AGE affirmant qu’il est impératif de respecter la réglementation en vigueur, le président de la commission électorale Ali Baâmeur qui a décidé de ne pas prendre part aux travaux de cette assemblée et des candidats dont le recours a été rejeté qui crient au scandale et à l’illégalité. Ajoutez à tout cela un candidat unique et jeune qui ne rentre pas dans « le moule habituel », et qu’il n’y a pas si longtemps que cela s’est fait huer par toute une salle lors de la dernière AG. Qui aurait donc dit que Kheireddine Zetchi qui, le 27 février dernier assis au dernier rang se faisant conspuer lorsque Mohamed Raouraoua a cité son nom au même titre que Rabah Madjer, serait le seul et unique candidat pour la présidence de la plus grande instance du football algérien. Un président qui, il faut le dire, n’a jamais caché son désir de prendre part à ces élections et qui a fini par se décider le dernier jour du dépôt de candidature avec les garanties et l’appui du ministre de la Jeunesse et des Sports. De ce fait, et malgré tout ce qui a pu se produire, la commission de recours présidée par le boss de l’ESS Hassan Hammar a donc décidé avant-hier dans la soirée de ne retenir que la candidature du boss du PAC. A cet effet, plusieurs rumeurs et échos faisaient savoir dans la journée d’hier que des membres de l’AG boycotteront l’assemblée. Ainsi, et voulant avoir l’avis de la commission électorale dans le cas extrême où le quorum ne serait pas atteint pour ouvrir les travaux, un membre de la commission électorale nous affirma, sous le couvert de l’anonymat : « Cette assemblée générale aura bel et bien lieu et cela même s’il n’y aurait que deux personnes à l’AG. » C’est pour dire que même si des présidents venaient à afficher leur mécontentement, cette assemblée générale élective aura bel et bien lieu.
A. H. A.