Lors de sa première conférence de presse hier au Centre technique national de Sidi Moussa, le nouveau sélectionneur national n’a pas attendu longtemps pour avoir une idée sur les échos émanant d’une grande majorité de l’opinion publique algérienne suite à sa nomination à la tête des Verts jeudi dernier.
En effet, à peine les questions entamées, l’ancien coach de Grenade, Lucas Alcaraz, a été interrogé sur son sentiment quant à la déception des Algériens au moment où le site de la Fédération algérienne de football a rendu public son nom : «Il est clair qu’un choix quel qu’il soit ne fait jamais l’unanimité, mais je tiens à vous préciser qu’au cours de ces quinze dernières années, j’ai travaillé de manière constante en étant à la tête de nombreux clubs de première et deuxième divisions espagnoles. J’ai près de 800 matchs comme entraîneur. Néanmoins, je respecte tout à fait l’opinion des gens. Donc tout ce que je peux dire pour le moment, c’est qu’une très grande envie m’anime pour réussir. Je pense aussi disposer de la méthode qui me permettra à mon staff et moi-même d’atteindre les objectifs qui nous ont été assignés. En exposant mon projet et ma méthode de travail, j’ai réussi à convaincre le président de la fédération, j’espère donc dans un avenir proche convaincre ceux qui ont critiqué son choix», a tenu à préciser l’entraîneur espagnol.
«Pour le mondial, on luttera jusqu’au bout»
Aussi et comme tout le monde le sait, avec seulement un point récolté en deux match, les Verts sont très mal partis dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2018, surtout que les Nigérians, leader du groupe ont jusque-là réalisé un sans-faute avec six points au compteur. Voulant savoir s’il croyait encore en les chances de qualification de l’EN, le nouvel entraîneur des Verts dira : «La situation de l’équipe nationale algérienne est ce qu’elle est dans ces éliminatoires du Mondial. Ce qui est sûr c’est qu’avec moi l’équipe va lutter pour gagner tous les matchs qui nous reste, en mettant de l’envie, de la conviction et du professionnalisme. Mais il faut reconnaître que la situation actuelle de l’équipe algérienne est mauvaise.»
«L’objectif assigné, c’est les demi-finales de la CAN 2019»
Justement, la Coupe du monde 2018 ne fait pas partie des objectifs qui ont été assignés à Lukas Alcaraz : «Dans mon contrat que j’ai signé avec le président de la Fédération algérienne de football, l’objectif qui m’a été assigné c’est de qualifier l’équipe pour la CAN 2019 et atteindre les demi-finales de cette compétition. Quant à la durée de mon contrat, elle est de deux ans», précisa le coach espagnol.
«Les algériens sont des passionnés»
N’ayant jamais entraîné de sélections nationales, Lucas Alcaraz nous a tout simplement fait savoir lors de sa première sortie médiatique qu’entraîner l’Algérie est le plus grand défi de sa carrière : « Pour moi entraîner l’équipe nationale algérienne est le plus grand défi de ma carrière. Les Algériens sont passionnés de football et ce pays a une tradition dans ce sport depuis toujours. C’est pour vous dire que je ferai tout ce qui est dans mon possible pour relever ce défi », nous a confié le coach national.
Questionné sur ses connaissances sur le football algérien, Alacaraz dira : «Concernant ce que je sais du football algérien, et bien j’ai eu la chance durant ma carrière d’entraîner des footballeurs algériens, car à Grenade il y a une tradition qui est de recruter beaucoup de joueurs africains, et je peux vous dire que j’ai vraiment eu du plaisir à manager ces joueurs, qu’ils soient Algériens ou Africains.»
«Je ne suis ni dur ni mou, mais je suis rigoureux»
Comme tout le monde le sait, Lucas Alcaraz n’a jamais entraîné une sélection nationale, à la question de savoir s’il n’appréhendait pas cela du fait qu’il n’aura sous sa coupe les joueurs qu’une fois tous les trois mois dans des conditions souvent difficiles en Afrique, l’entraîneur national dira : «Je ne savais pas non plus ce que c’était entraîner un club de première division, ou même de deuxième division espagnoles avant que je ne tente l’expérience. Ce fut pareil pour le club que j’ai pris en Grèce. C’est pour vous dire que ma méthode a toujours été de m’informer le plus possible en récoltant le maximum d’informations en un temps très court pour faire face. Personnellement je n’ai aucune appréhension ni concernant l’Algérie ni pour ce qui est des conditions en Afrique. Je vais m’informer, écouter et affronter ce défi avec beaucoup d’envie. D’ailleurs dès vendredi je vais aller à Oran pour assister au match MCO-MCA. Assister à ces matchs fait partie des informations que je vais justement récolter», a-t-il précisé.
Il faut dire aussi que pour entraîner l’Algérie, il faut disposer d’un certain profil, notamment pour ce qui est de la personnalité. Un entraîneur dur comme l’avait été Rajevac n’avait pas tenu longtemps, et Gourcuff qui était lui très cool a fait que des joueurs n’hésitaient à se disputer en plein match. Alors comment se caractérise Alcaraz ? «Je ne suis pas dur, je ne suis pas mou mais je suis rigoureux, je donne mais en contrepartie j’exige aussi des joueurs.»
«Voilà comment cette équipe algérienne peur réussir»
Quelle idée se fait donc Alcaraz de cette équipe algérienne, brillante lors du Mondial 2014, moyenne durant la CAN 2015 et complètement fantomatique au Gabon l’hiver dernier ? «Et bien c’est une sélection composée de joueurs très brillants, mais qui sortent d’une grande déception. Il faudra donc remonter le moral de la troupe et essayer de conjuguer le talent de ces joueurs avec une organisation tactique rigoureuse, et je pense qu’ainsi on peut réussir avec cette équipe.»
«Mon critère de sélection, l’état de forme des joueurs»
Comme tout le monde le sait, la philosophie de l’ancien président de la FAF, Mohamed Raouraoua, c’était de compter principalement sur les binationaux, quelle sera donc la façon de faire du nouveau sélectionneur national : «Moi je verrai l’état de forme des joueurs indépendamment des clubs où ils jouent. Le fait de jouer dans le championnat local ne constituera pas un handicap ou un obstacle, et le fait de jouer à l’étranger notamment en Europe ne sera pas aussi un avantage ou une garantie pour jouer en sélection. Seule la forme du joueur m’importe. Concernant les joueurs qui n’ont pas été convoqués depuis longtemps, plus précisément depuis le Mondial brésilien, je le dis haut et fort, la porte est ouverte à tout le monde, encore une fois, un seul critère compte pour moi la forme du moment du joueur», dira Alcaraz. Aussi, questionné sur le fait est-ce qu’il pourrait y avoir des exceptions quant à certains éléments qui ne jouent pas de façon régulière dans leurs clubs, l’ancien entraîneur de Grenade dira : «Et bien il faudra analyser la situation du joueur dans son club et les besoins de la sélection avant d’établir sa liste finale. Certes un joueur qui ne joue pas, ce n’est pas la meilleure situation pour la sélection, mais parfois il peut être utile», conclut le coach des Verts.
Asma H. A.
«Je travaillerai 24h/24, je souhaite l’implication de tout le monde»
C’est en langue française que l’entraîneur Alcaraz a commencé son introduction hier à la salle de conférences du CTN de Sidi Moussa.
Moins de 24 heures après son arrivée au pays, Alcaraz a rencontré les médias en conférence de presse. L’occasion pour lui d’exposer son programme et de donner ses premières promesses. Sa première, il a tenu à la faire en français, il promet tout simplement d’apprendre la langue de Molière, et ce, dans un temps record sans oublier la promesse de tout donner pour redorer le blason de la sélection.
«Je prendrai des cours de français»
«Bonjour, je suis très reconnaissant pour cette grande opportunité qui m’a été offerte par la FAF, je vais essayer de faire mon possible au profit du football algérien, je ne parle pas encore bien le français, je vous promets de le parler très vite.» Et de continuer : «Le problème de langue on va le solutionner très vite parce que je vais bénéficier d’un prof de français ici en Algérie et en Espagne pour prendre des cours de français au quotidien.»
«Mon staff et moi misons beaucoup sur l’information visuelle»
La langue n’est donc pas un obstacle aux yeux d’Alcaraz, d’autant plus qu’il a une méthode de travail lui et son staff qui facilite la communication : «Avant d’entraîner l’Algérie, j’ai eu l’opportunité d’entraîner des équipes avec 16 nationalités differentes, je sais très bien que le problème de langue n’est pas si important que ça, d’autant plus qu’avec notre staff on mise beaucoup sur l’information, visuelle ».
«Impressionné par l’organisation au sein de la FAF»
Le coach andalou ne cache pas son admiration pour le travail fait au niveau de la FAF, le CTN l’a visiblement impressionné, une sorte de reconnaissance envers l’ancien président qui était derrière la construction de ce joyau : «Je viens de m’incorporer à un projet nouveau avec une fédération nouvelle, et je vous assure que je suis agréablement surpris par l’organisation au sein de la Fédération algérienne de football, et aussi de l’accueil qui m’a été réservé, pour cette raison nous allons nous intégrer à cette organisation de la FAF pour atteindre ensemble les objectifs assignés.»
«Nous allons gérer l’EN comme un club»
Alcaraz promet de s’impliquer au max’ dans l’organisation de la sélection, il le fait déjà au niveau du club, et promet de suivre le même exemple en appliquant la même chose en sélection : «Avec l’aide de tous nous allons essayer de faire fonctionner la sélection comme un club, nous allons nous impliquer totalement pour améliorer en général le football algérien.»
«Première étape, se renseigner sur les locaux et les pros, nous n’oublierons pas les jeunes»
L’ancien coach de Grenade continue à exposer son programme, et évoque les priorités : «S’impliquer c’est travailler au sein d’une organisation parfaite, la première étape qu’on va suivre, c’est de nous informer au maximum sur les internationaux algériens qui jouent à l’étranger, suivre les rencontres des joueurs constamment convoqués, mais aussi se renseigner sur les joueurs locaux que ce soit ceux de la L1 ou la L2, nous allons aussi nous informer sur les sélections des U23 et U20, et les autres catégories.»
«Analyser notre jeu, contacter les joueurs puis étudier le jeu de nos adversaires»
Moins de 2 mois nous séparent du prochain match officiel contre le Togo, c’est pour ça que le nouveau driver des Fennecs compte se remettre au travail, il a tracé les priorités, il n’oublie pas de parler de la préparation des prochaines rencontres : «Nous allons travailler sur 3 voies differentes, nous allons analyser les matches de la sélection pour voir où on en est, nous allons aussi contacter les joueurs pour discuter avec eux individuellement, nous allons aussi visualiser les matches des prochains adversaires des Verts. D’ici la prochaine date FIFA, on aura beaucoup de travail, il y a beaucoup de souhaits de pouvoir réussir notre mission.»
«Nous collaborerons avec la DTN et les entraîneurs des clubs»
Echanger avec des techniciens algériens, une méthode que le coach compte suivre pour économiser l’énergie, il veut tout connaître sur ce qui se fait dans les clubs, pour pouvoir enfin analyser : «On va travailler en étroite collaboration avec les techniciens de la fédération, mais aussi avec les entraîneurs des clubs algériens, pour échanger et récolter un maximum d’informations.»
«Les locaux seront regroupés au moins une fois par mois»
Alcaraz sera le coach des A et des A’ et cela demande une grande implication de sa part, il évoque une partie de ce qu’il compte faire : «On ne va pas attendre les dates FIFA, on va attendre pour regrouper les joueurs locaux une fois par mois, les plus talentueux notamment, et on suivra les selections des jeunes d’une manière régulière.»
«On s’intéressera à la mentalité du joueur algérien»
Rajevac n’avait pas réussi à comprendre les joueurs ni à se faire comprendre, il n’a pas fait l’effort nécessaire. Alcaraz compte s’y prendre autrement, il veut comprendre la mentalité des joueurs, en plus bien sûr le mode de travail au niveau des clubs tout pour neutraliser le mal :«On ira vers les clubs pour récolter des informations auprès des entraîneurs et des préparateurs physiques mais pas seulement pour des infos techniques mais aussi des informations sur la mentalité des joueurs, la manière de réfléchir des joueurs et leur comportement.»
«Nous formerons des coachs et nous apprendrons d’eux aussi»
«Dans notre projet, on pense prodiguer des cours aux techniciens algériens, pas seulement pour leur transmettre nos connaissances mais aussi pour recevoir des connaissances de leur part, une manière d’échanger pour le bien du football algérien, et pour le faire progresser.»
«On ne vient pas ici pour diriger un match et rentrer en Espagne»
Entraîner l’Algérie «est un défi passionnant», reconnaît le technicien ibérique : «On ne vient pas ici pour diriger un match et rentrer en Espagne, on vient ici pour travailler 24h/24, avec le souhait de réaliser les meilleurs résultats possibles avec l’implication de tous, nous allons travailler régulièrement et réfléchir régulièrement», a-t-il promis.
«On n’imposera rien, on transmettra nos idées»
Contrairement à Gourcuff qui est venu imposer ses méthodes et sa philosophie, Alcaraz, et bien avant la conférence d’hier, nous a été présenté par ses compatriotes comme étant un coach souple tactiquement, il s’adapte aux situations et ses propos hier, confirment la tendance. «On ne vient pas ici pour imposer des choses, on vient s’intégrer dans un projet général, c’est vrai qu’on veut transmettre nos idées, mais à l’intérieur d’une nouvelle organisation, d’un nouveau projet, c’est pour cela qu’on aimerait aussi, qu’il y ait un engagement de la part de tout l’entourage de l’EN», a-t-il souhaité.
S. M. A.
«Brahimi est l’un des meilleurs joueurs que j’ai entraînés»
Au lendemain de la nomination d’Alcaraz à la tête des Verts, on vous avait parlé des affinités qu’il avait avec l’un des joueurs de l’actuelle sélection, Brahimi, en l’occurrence.
Le meneur de jeu algérien a été utilisé dans tous les postes en attaque par ce coach, avant d’en faire un joueur efficace en position de meneur et lui permettre de décrocher un bon contrat à Porto, Alcaraz ne l’oublie pas et continue à l’encenser, preuve peut-être qu’il sera l’un de ses principaux pions dès le premier stage. «Il a fait partie des meilleurs joueurs que j’ai entraînés, j’ai été heureux de l’avoir eu sous mes ordres, d’ailleurs c’est grâce a Grenade qu’il a réussi à décrocher un contrat avec Porto.» Et de continuer : «Par rapport aux relations avec Brahimi, c’était une grosse satisfaction, il a joué tous les matches en donnant le meilleur de lui-même en affichant un grand niveau, et il a participé activement à la fameuse victoire contre le Barça (NDLR : en 2014).»
« L’appeler pour se renseigner n’aurait pas été correct »
D’habitude, quand un coach est appelé pour driver une équipe ou une sélection, il fouine dans ses contacts pour essayer de trouver quelqu’un qui lui viendra en conseil, cette fois Alcaraz a sauté sur l’occasion qui lui a été offerte par Zetchi, il n’a même pas vu utile de demander à Brahimi, à Yebda ou a Ghilas, les 3 éléments ayant joué sous sa coupe, pour lui cela n’est pas correct, explication : «J’ai jugé que ce n’était pas correct de ma part de contacter Brahimi pour lui demander des informations, cela ne se fait pas.»
S. M. A.
Problèmes de la défense
«Les attaquants vont y participer»
L’eternel problème de la défense a ressurgi hier en conférence de presse, Alcaraz a sûrement eu l’occasion d’aborder ce point avec les gens qui l’entourent, il promet d y remédier, pour le moment il ne donne aucune garantie, si ce n’est celles données par ses prédécesseurs, le même langage. Est-ce que la réaction va être la même ? «Le football au jour d’aujourd’hui est un tout, il faut créer un mécanisme, pour faire en sorte que le premier défenseur soit un attaquant et que le premier attaquant soit un défenseur, il faut que tout le monde défende et attaque et ce en fonction de la possession du ballon.»
S. M. A.
«On apportera une touche espagnole, mais le foot est un sport universel»
Zetchi avait expliqué lors d’un passage TV que le jeu algérien et le jeu espagnol se croisaient dans plusieurs similitudes, c’est la raison pour laquelle il a opté pour un coach ibérique, Alcaraz explique à son tour en quoi cette ressemblance pourrait servir le foot algérien. «C’est vrai qu’on apportera notre touche mais aussi on va s’imprégner du foot algérien, le foot actuel est global et universel, j’ai moi-même entraîné une équipe de 11 nationalités sans aucun joueur espagnol à Grenade, on fera en sorte pour que cette synergie entre le foot espagnol et algérien influe sur le rendement de l’équipe.»
S. M. A.
A Zabana demain pour suivre MCO-MCA
La première sortie d’Alcaraz dans le cadre de sa mission à la tête de la sélection le mènera demain à Oran.
Le technicien espagnol assistera au match en retard qui opposera le MCO au MCA, et aura l’occasion de récolter ses premières données, il a en effet déclaré vouloir en récolter un maximum pour récolter un maximum d’informations pour mieux comprendre le joueur algérien et son style de jeu.
Il a dit aussi :
« Je n’ai pas été contacté en étant l’entraîneur de Grenade. La première communication avec le président Zetchi a eu lieu après que j’ai rompu mon contrat. D’ailleurs j’étais surpris de voir la quantité d’informations qu’avaient les responsables algériens sur moi : ma façon de gérer le groupe, ma méthodologie ainsi que mes options tactiques.»
«Le Barcelone d’il y a quatre ans ce n’est pas le Barça d’aujourd’hui parce que ce sont les joueurs qui font la tactique et non le contraire. Donc, selon ce que j’aurai sous la main, j’imprimerai ma philosophie de jeu.»
«Le temps qu’on dispose pour préparer le match du Togo, on ne peut ni l’écourter ni le prolonger, il est ce qu’il est. Ce qui est sûr c’est qu’on fera notre maximum pour être prêts, mais on pensera aussi au-delà du Togo afin de préparer cette équipe dans les meilleures conditions possibles.»
«Le mot projet est intiment lié au temps. Moi je vais travailler avec l’idée de rester le plus longtemps possible.»
A. H. A.