Djelid : «Petkovic est le bon choix, j’en félicite Sadi»

C’est l’un des rares entraineurs algériens formés en Suisse, il a travaillé dans des clubs dans ce pays dont les Young Boys de Berne, où il a côtoyé Petkovic. Ismaël Djelid puisque c’est de lui qu’il s’agit avoue avoir de l’admiration pour les compétences du nouveau sélectionneur national, Vladimir Petkovic. Il valide le choix effectué par le président de la FAF, Walid Sadi.

Vous êtes le coach le plus sollicité dans les médias depuis que la FAF est entrée en contact avec le nouveau sélectionneur, à savoir Vladimir Petkovic. Maintenant qu’il est officiellement engagé, qu’avez-vous à dire de son arrivée ? C’est une bonne ou mauvaise chose ? Pensez-vous que c’est un bon choix ?

Je connais Petkovic en personne. On était dans le même club, à savoir les Young Boys de Berne, entre 2009 et 2011. Si ma mémoire est bonne, et par conséquent, je dirai oui, c’est le bon choix. Avant sa nomination, j’ai toujours insisté sur la nécessité de choisir le bon profil, pas un bon entraineur, c'est-à-dire par un coach de renommée. Il faut quelqu’un qui puisse s’adapter à l’identité du jeu du football algérien, au projet de jeu que la FAF souhaite instaurer, au style de jeu du joueur algérien, qu’il jouer à l’échelle locale ou à l’étranger.

 

Alors vous pensez qu’il est compatible avec tout cela ?

Je me réjouis de ce choix. Je suis très content de la nomination de Petkovic, et je félicite la FAF à travers son président Sadi d’avoir opté pour ce profil, il va répondre aux attentes de notre football.

 

Vous avez parlé du projet de jeu, or, en général, on parle de projet de jeu lorsqu’il s’agit d’un travail de direction technique. Voulez-vous dire qu’en tant que coach des A, il peut avoir un droit de regard sur l’ensemble des sélections, y compris celles des jeunes ?

Vous savez, chaque coach a un projet de jeu, il a sa philosophie de jeu. Je ne suis pas d’accord quand vous dites que le projet de jeu relève des prérogatives de la DTN, ça se peut que ça soit juste pour l’équipe première. Petkovic arrive déjà pour coacher l’équipe première, donc il a son projet de jeu, il a fait de même avec l’équipe nationale suisse pendant 6 ans, ça a pris du temps pour se concrétiser, mais au final, il a réussi sa mission, il a fait un très bon travail à la fédération locale. Comme je l’ai souligné, on s’est connus à Young Boys lorsque moi j’étais chez les U18 et U21. J’ai connu sa méthode de travail, sa personnalité de coach.

 

Dans l’une de vos précédentes interventions, vous avez loué son travail au niveau des animations défensive et offensive, ce qui nous fait défaut au niveau de la sélection ces dernières années…

J’ai pu voir sa touche en sélection suisse ou à YB, dans la façon de défendre. L’animation défensive mise en place par ses soins est excellente, son travail de zone, la solidarité défensive, l’agressivité sur le porteur du ballon, la compacité, etc., D’ailleurs, je m’inspire de ça, vous ne pouvez pas bien attaquer si vous défendez mal, c’est ma conviction, et c’est la sienne aussi. On a de belles individualités, mais le rôle d’un coach c’est de les faire jouer ensemble, collectivement.

 

Justement, on allait vous demander si vous estimez que l’EN a les armes nécessaires pour cela ?

À lui de trouver cela, c’est son rôle, on l’a engagé pour ça. Il doit trouver les meilleurs éléments évoluant chez nous ou ailleurs, et je pense qu’il va les trouver, car d’abord nous avons ce qu’il faut, et puis c’est un coach très intelligeant et compétent. Moi, j’ai beaucoup d’admiration et d’estime pour ce coach, et je voudrais ajouter autre chose…

 

Oui, allez-y…

On a tous suivi la dernière CAN, il n y avais pas de petites équipes, et les plus performantes étaient celles qui étaient rigoureuses défensivement, actuellement en Afrique ça défend très très bien, ce qui donne la capacité d’aller attaquer. Il faut donc qu’il aille chercher ce qu’il faut, comme il l’a si bien fait en Suisse. Il a pris les joueurs qu’il fallait, le groupe vivait bien, ce qui lui a permis d’aller 2 fois à la CM et dépasser le premier tour brillamment, ils ont même éliminé la France.

 

En parlant de la Nati (surnom de la sélection suisse), Petkovic s’était-il basé sur des joueurs d’expérience ou il a rajeuni le groupe ?

Pour lui, le talent n’a pas d’âge, il prenait les meilleurs, quel que soit son âge, il misait sur des éléments capés, à l’image de Rodriguez, Xhaka, Embolo, etc. Mais il a crée une osmose en intégrant des éléments jeunes aussi, et ça a bien marché. Il a laissé ses traces en sélection suisse et moi perso’, je suis admiratif du boulot a réalisé.

Pensez-vous qu’il va rajeunir le groupe Algérie et amorcer une révolution ?

Je ne sais pas si le moment est propice. Avec les éliminatoires du Mondial qui reprennent en juin, je pense qu’il est assez intelligeant pour privilégier la création d’un groupe compétitif. Il va certes changer, mais il est assez expérimenté pour le faire d’une manière progressive.

 

Revenons sur l’aspect tactique. On dit que le nouveau coach est un adepte du 4-3-3, est-ce vrai.

C’est vrai qu’il a beaucoup joué avec le 4-3-3, mais aussi avec le 3-4-3 ou en 4-4-2, car souvent dans la philosophie suisse, on défend avec un 4-4-2 et on attaque avec un 4-4-3, on défend aussi avec un 5-4-1 et on attaque avec un 3-4-3. Pour moi, le système de jeu n’est pas important, c’est l’animation de ce système qui importe.

 

Beaucoup de choses ont été dites sur la personnalité de Petkovic. On nous le présente comme un coach rigoureux qui ne badine pas avec la discipline, sachant qu’il y a quelques années Rajevac a vécu une mésaventure à cause de son incapacité d’imposer sa loi et surtout de communiquer à cause de la barrière de la langue, ne risque-t-on pas de revivre cela ?

C’est une très bonne question. D’abord, je vais évoquer la langue puis la rigueur. Le coach est à la fois Bosniaque, Croate et Suisse, il a grandi en Suisse, comme moi aussi j’ai grandi en Suisse. Petkovic a peut-être les mêmes origines que Rajevac et de Vahid mais pas le même parcours, il est plus Suisse que Croate ou Bosniaque. Il a la rigueur. Ce mélange de cultures qu’il représente est une richesse. Maintenant pour la rigueur, cette dernière est primordiale dans le football actuel, c’est un entraineur rigoureux que je trouve calme et classe, posé, discipliné et réfléchi.

 

Mais sans expérience du football africain…

Je réponds à cette question par des exemples. Je ne pense pas que Belmadi en arrivant en 2018 chez les Verts avait une expérience en Afrique. Schûrmann aussi. Quand il était avec les U23, il n’avait pas d’expérience dans le continent, cela ne l’a pas empêché d’aller en finale de la CAN et aux JO de Rio, donc ce n’est pas important. Par contre pour revenir à la langue, je pense qu’il comprend la langue, il arrive à communiquer en français. Ici en Suisse quand on lui posait une question en français, il répondait en italien, à Bordeaux aussi, Enrique au PSG, il répond en Espagnol. En fait, Vladimir comprend le français, mais il préfère répondre avec la langue qu’il maitrise, à savoir l’allemand et l’italien.

 

Avez-vous échangé avec le coach ces derniers temps ?

Je l’ai félicité juste après l’annonce de son engagement, je lui ai dit que j’étais très content qu’il soit l’entraineur de mon pays natal, lui souhaitant plein de succès et de réussite.

 

Et si jamais il vous sollicite pour intégrer son staff ?

Je serais partant et honoré. D’ailleurs, je vais vous confier un secret.

 

Lequel ?

J’ai longtemps souhaité travailler au niveau d’une sélection, que ce soit sous Raouraoua, Zetchi ou plus tard, J’ai les capacités d’apporter un plus pour le football algérien. J’ai postulé pour prendre en main la sélection olympique. Je serais honoré de travailler avec lui car on vient quand même de la même école, et on partage la même philosophie de jeu. Je pense que ça ferait une collaboration à succès.

 

Les débuts du coach auront lieu au mois de mars à l’occasion du tournoi FIFA Séries, avec un match contre la Bolivie sur la pelouse du « Tribunal ». Doit-il redouter ce match dans un stade où le public est souvent exigeant et peut porter des jugements hâtivement ?       

C’est bien, ça sera un baptême pour lui, commencer par un tournoi international. Je pense qu’il va aimer l’ambiance du 5-Juillet, même si les joueurs ont souvent peur de ce stade, mais disons que c’est du passé. Il faut regarder vers l’avant, espérons que cet entraineur va ramener une nouvelle mentalité, une psychologie, une force mentale, et la peur de ce stade sera oubliée. Je m’attends à de bons débuts. On ne va peut-être pas voir directement le résultat dès le premier match, mais le fait de débuter par un match amical international lui permettra de faire la connaissance du groupe de l’entourage, et l’ambiance, ça ne sera pas comme en Suisse, mais il va être ravi par ce qu’il va découvrir.

 

On parle déjà d’une rencontre prévue avec Adli. Pensez-vous qu’il trouvera les mots que Belmadi n’a pas su avoir pour le convaincre de rejoindre l’EN ?

Je pense que oui, mais pour vêtir le maillot national, ça doit venir du joueur, il faut qu’il affiche son intérêt et son amour pour les couleurs du drapeau national, après je ne connais pas Adli, peut-être que le fait de l’avoir drivé à Bordeaux est un avantage. N’oublions pas qu’il doit d’abord mériter d’être sélectionné, ce n’est pas parce qu’il joue au Milan AC qu’il doit être retenu.

  1. M. A.

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