EN : Petkovic, la liste qui pousse vers le 3-5-2

Publié le : 17 Décembre 2025

La liste des défenseurs retenus par Vladimir Petkovic n’a rien d’anodin. Dix éléments appelés derrière, dont cinq axiaux purs (Bensebaïni, Mandi, Tougaï, Belaïd, Chergui) et cinq profils de couloir, constituent un signal fort. Plus qu’un simple choix de précaution, cette répartition renvoie à une réflexion tactique avancée, qui laisse sérieusement penser que le sélectionneur national envisage d’installer le 3-5-2 dès l’entame de la CAN 2025. 

 

À première vue, la liste peut donner l’impression d’un certain dérèglement. Le couloir droit semble surchargé avec Atal et Belghali, auxquels peuvent s’ajouter Chergui et Mandi ainsi que Hadjam ou même Belghali, déjà utilisés à droite par le passé. À gauche, Hadjam et Aït-Nouri forment un duo naturel, renforcé par Dorval, latéral gauche de formation capable d’évoluer aussi à droite. Cette polyvalence généralisée gomme en réalité le déséquilibre apparent et offre à Petkovic une marge de manœuvre rare. Le point essentiel reste ailleurs : jamais le sélectionneur n’avait convoqué autant de défenseurs centraux, ni autant de latéraux capables de jouer très haut. Tous ces profils ont un point commun : projection, volume, capacité à se transformer en véritables pistons et à apporter un soutien offensif constant.

 

Le signal du milieu

 

Le deuxième indice, tout aussi révélateur, réside dans le nombre limité de milieux retenus. Bennacer, Zerrouki, Zorgane, Boudaoui, Chaïbi, Aouar et Maza : sept joueurs pour couvrir l’entrejeu. Dans une défense à quatre classique ce chiffre paraît juste. Dans un 3-5-2, il prend tout son sens. Le système repose moins sur la densité numérique au milieu que sur l’activité, la complémentarité et l’intelligence de placement. Un milieu récupérateur, un profil créatif et un joueur “abeille”, capable de presser, de se projeter et d’alimenter les attaquants, un élément semblable à Maza… voilà la clé. La configuration actuelle de l’effectif colle parfaitement à cette lecture.

 

Un schéma enfin assumé ?

 

Grand adepte du 3-5-2, qu’il a porté au sommet avec la Nati suisse, Petkovic n’a pourtant pas osé l’installer dès son arrivée à la tête des Verts. Il a sans doute estimé, dans un premier temps, que le contexte africain ne nécessitait ni autant de repli, ni autant de centraux dans la construction. Progressivement, le sélectionneur a toutefois multiplié les tests : un 3-4-3 par séquences, avant de revenir systématiquement à une défense à quatre. Le déclic est venu en novembre dernier, en Arabie saoudite, face au Zimbabwe. Le 3-5-2 lancé ce jour-là a non seulement fonctionné, mais il a aussi permis l’éclosion de Belaïd, impérial dans un rôle central qui lui convenait parfaitement.

 

À l’approche d’une CAN où l’Algérie affrontera des adversaires historiquement accrocheurs, comme le Soudan, le Burkina Faso ou la Guinée équatoriale, la prudence s’impose. Les échecs au Cameroun en 2022 et en Côte d’Ivoire en 2024 ont laissé des traces et livré une leçon claire : le football africain a progressé, aucun match n’est gagné d’avance. Verrouiller, sécuriser, sans renoncer à l’ambition offensive, devient une nécessité. Avec cinq défenseurs axiaux, Petkovic peut aligner trois centraux sans déséquilibrer son équipe, tout en exploitant pleinement des pistons comme Aït-Nouri et Atal, souvent décrits par les observateurs comme taillés pour ce rôle hybride.

Si elle est bien exécutée et soutenue par un milieu actif et homogène, l’adoption du 3-5-2 peut devenir un atout majeur pour les Verts. Avec un groupe élargi à 28 joueurs, le sélectionneur dispose des pièces nécessaires pour bâtir un onze cohérent et percutant. Reste désormais à réussir l’osmose, malgré un temps de préparation réduit et l’absence d’une joute de préparation avant le premier examen face au Soudan, déjà révélateur des véritables intentions tactiques de Petkovic.

 

Mohamed Amokrane Smail