À la fin de la rencontre de dimanche, Vladimir Petkovic affichait un large sourire. Le sélectionneur national savait qu’il venait de franchir une deuxième étape essentielle du projet pour lequel il avait été engagé.
Lorsqu’il a pris les commandes des Verts en mars 2024, son engagement avec la Fédération reposait sur deux priorités : qualifier l’Algérie pour la Coupe du monde, puis passer le premier tour de la CAN, un cap que l’EN n’avait plus atteint depuis le sacre de 2019. Après seulement deux matchs dans cette CAN au Maroc, le contrat est déjà rempli. Désormais, il ne s’agit plus que de bien figurer, en plus de préparer sereinement le Mondial, et d’aller le plus loin possible dans la compétition. L’accord passé avec le président Walid Sadi avait été clair : impossible d’exiger «la lune» après deux débâcles successives. La page est tournée. Place au bonus.
Fidèle à sa ligne, Petkovic refuse pourtant de s’emballer. Il reste humble, prudent, loin de toute déclaration tapageuse. Mais sur le terrain, le coach a montré autre chose : une équipe capable de tenir, de s’adapter et, pourquoi pas, de ramper jusqu’au 18 janvier, date de la finale.
Une master-class face au Burkina Faso
Face au Burkina Faso, le sélectionneur a offert ce qui s’apparente à une véritable master-class. Sa gestion du banc, ses ajustements au fil des blessures et des circonstances, tout a été pensé avec calme et lucidité. Petkovic assume : il est un adepte des essais, même en plein match. On l’a vu oser des combinaisons inédites, comme l’association d’Aït- Nouri avec Hadjam sur le même couloir. Il a pris le risque, assumé, de laisser Bounedjah sur le banc au coup d’envoi. Et lorsque le buteur d’Al-Sadd est entré, après la blessure de Hadjam, il a immédiatement pesé sur la défense burkinabè, faisant reculer tout le bloc et redonnant de la profondeur au jeu algérien. Ces choix peuvent inquiéter certains observateurs. Mais, dans la tête du coach, il s’agit surtout de mieux connaître son groupe, de tester ses limites, malgré l’entrée déjà décisive dans la compétition.
Hadjam et Chergui, les surprises du chef
Comme attendu, le onze aligné face au Burkina Faso n’avait plus grand-chose à voir avec celui du match d’ouverture. Les manques observés contre le Soudan, notamment la prestation en demi-teinte de certains joueurs et les difficultés d’Aït-Nouri dans la gestion de son couloir, ont obligé Petkovic à revoir sa copie.
Depuis plusieurs jours, des signaux laissaient entrevoir la montée en puissance de certains éléments. Chergui, non retenu contre le Soudan car pas encore prêt, a intégré à nouveau le groupe dès le lendemain. Contre le Burkina Faso, il a lancé sa CAN : titularisation à la clé, mais au poste de latéral droit. Un choix inattendu mais réfléchi. Pour gérer le «cas Aït-Nouri», Petkovic a décidé de le faire jouer un cran plus haut, afin de ménager son volume physique, tandis que Hadjam occupait le poste de latéral gauche. Une récompense pour ses bonnes minutes précédentes, même si sa blessure est venue gâcher son match.
Du 4-3-3 au 3-5-2 : un plan maîtrisé
Le choix de titulariser Maza s’est imposé presque naturellement après la prestation compliquée de Chaibi. Petkovic n’a pas chamboulé son système de départ : 4-3-3, puis passage au 3-5-2 à l’heure de jeu, après la blessure de Chergui. L’objectif était clair : densifier l’axe, sécuriser l’arrière-garde et donner plus de libertés aux deux couloirs. Belghali s’est installé côté droit, Belaïd a pris place dans l’axe de la défense à trois et, devant, l’équipe nationale a gagné en variété. Les séquences offensives se sont multipliées, plus construites, plus dangereuses. Un plan qui n’était pas improvisé : il rappelait clairement certaines rencontres de préparation, notamment face à l’Arabie saoudite et au Zimbabwe en novembre dernier. Des tests, travaillés, digérés et désormais appliqués en compétition officielle. Au fil des matches, une évidence s’impose : il faudra compter avec Vladimir Petkovic. Ceux qui doutaient de ses choix et critiquaient sa lecture du jeu découvrent désormais une approche plus claire, plus cohérente, parfois même audacieuse. Le public attend maintenant que cette équipe monte encore en puissance, qu’elle devienne plus réaliste dans la zone de vérité et qu’elle sache tuer les rencontres au bon moment. Car au bout de ce chemin, il y a un rêve et un défi que l’ancien entraineur de la Nati est prêt à relever.
Mohamed Amokrane Smail





