Champion d’Afrique avec l’EN en 1990 dans un tournoi organisé par l’Algérie, l’ancien capitaine de l’EN sait mieux que quiconque que l’apport du public algérien sera important. « Il faut donner une belle image du pays », prévient-il avant le début du CHAN-2022.
Dans deux jours, commence le CHAN-2023, avez-vous un appel à lancer au public algérien ?
D’abord, c’est une bonne chose que notre pays abrite ce tournoi continental. Il faut signaler que la réussite du CHAN-2023 boostera nos chances pour décrocher l’organisation de la CAN-2025. Récemment, Oran a accueilli les Jeux méditerranéens. Cet évènement fut une réussite totale. Alors, si on est parvenu à le faire, pourquoi pas le CHAN ! Ces derniers temps, de nombreuses infrastructures modernes ont été construites dans notre pays. Si l’Etat algérien a mis des moyens financiers colossaux dans ses projets, c’est maintenant au tour de tous les Algériens, jeunes et moins jeunes, de donner une image formidable de la nouvelle Algérie. Franchement, avec des stades ultramodernes tels que ceux d’Oran, Baraki ou Tizi-Ouzou, notre pays pourrait postuler à l’avenir à l’organisation de la Coupe du monde.
Il ne faut pas négliger l’enjeu sportif, beaucoup d’espoirs reposent sur notre sélection nationale pour remporter le trophée…
Depuis longtemps en Algérie, on a tendance à dévaloriser le niveau des joueurs locaux. Certes, quand on voit la sélection A, on se rend compte qu’avec l’apport des binationaux, elle a fait des pas de géant, ça personne ne le nie. En revanche, pour la sélection des locaux, les joueurs ont, à travers le CHAN, une chance inouïe de se mettre en lumière et confirmer qu’ils ont le talent pour jouer en équipe nationale A. Franchement, je leur souhaite ardemment un sacre à l’issue du CHAN. Seulement, cet exploit ne peut se réaliser facilement, il faudrait jouer avec hargne et grosse volonté. Le public doit aussi jouer son rôle. Je me rappelle que lors de la CAN 1990 contre la Côte d’Ivoire, en première période, on a subi la domination des Ivoiriens. Subitement, le public du 5-Juillet était sorti de sa torpeur en nous poussant à donner le maximum pour renverser la Côte d’Ivoire (victoire de l’EN 3/0). Pareil contre le Sénégal en demi-finale, qui disposait d’un effectif riche avec des professionnels en Europe. Encore une fois, grâce au soutien du public, on est parvenu à sortir vainqueur. Durant ce CHAN, notre EN sera confrontée à une situation pareille, le public doit être présent pour encourager et pousser nos joueurs à aller chercher la victoire.
Madjid Bougherra, un jeune entraîneur, est appelé à gérer intelligemment son groupe et son coaching, non ?
Bougherra a montré qu’il est capable de bien mener ses troupes lorsqu’il a remporté la Coupe arabe des nations FIFA en décembre 2021. En tant que joueur, il a acquis une grande expérience dont il peut se servir pour tirer le maximum de son groupe. Malgré quelques obstacles auxquels il fut confronté, globalement, notre sélection a fait une bonne préparation.
Appréhendez-vous le match inaugural contre la Libye ?
Dans un tournoi, le premier match, il faut tout faire pour gagner. Pour revenir encore à la CAN-1990, la large victoire sur le Nigeria (5/1) nous a, je me souviens bien, ouvert la voie vers le titre. Moralement, après ce large succès, on s’est senti pousser des ailes. Ce sera pareil pour la troupe à Bougherra face à la Libye ; c’est un derby maghrébin. Un derby est toujours difficile à négocier, mais nous sommes optimistes, nos joueurs vont se surpasser pour gagner même si on reste persuadé que nous devons bien gérer nos trois matches au 1er tour. Après, comme on dit, l’appétit vient en mangeant.
Le public oranais, que vous connaissez bien, va-t-il répondre présent au complexe Hadefi-Miloud bien que l’EN soit domiciliée à Alger ?
Lors des JM-2022 qui se sont déroulés à Oran, on a constaté un grand engouement du public oranais et aussi de toute la région Ouest. Si j’ai un appel à lancer, je demanderai aux Oranais de donner une image positive puisque les matchs du CHAN seront retransmis à la télévision dans plusieurs pays africains, ils doivent faire preuve de civisme. Oran a toujours été une ville hospitalière, il n'y a aucune raison pour que cette tradition ne soit perpétuée lors du déroulement de matchs du CHAN au complexe Hadefi-Miloud. J’ai autre chose à ajouter.
Allez-y…
Outre l’enjeu sportif, ce tournoi africain est une occasion pour les Oranais de lancer un message aux pouvoirs publics, à leur tête le président de la République Abdelmadjid Tebboune et le wali, pour trouver des solutions aux différentes associations d’Oran qui manquent de moyens. Il n’y a pas uniquement le MCO, le club-phare, mais aussi l’ASMO, le SC Médioni, l’USMO ou le RCGO qui sont à l’agonie. J’irais même loin en demandant plus d’aides à toutes les disciplines, car il est impensable qu’Oran soit doté d’infrastructures modernes, et une fois le CHAN fini, elles ne serviront pas de musée dans notre ville. L’Etat doit s’y mettre pour relancer le sport, le football en particulier, dans la deuxième grande ville du pays, voilà le message que je lance.
- S.