Amir Karaoui, l’ancien joueur du MC Alger, livre son avis sur l’actualité du Doyen. Entre autres, il voit d’un bon œil la venue de Mokwena.
Le MCA entamera la saison par un derby face au CRB, suivi d’un autre contre l’USMA. Une bonne entrée en matière ?
Permettez-moi d’abord d’exprimer mes sincères condoléances aux familles des victimes du drame survenu au stade du 5-Juillet. Perdre quatre jeunes supporters à cause d’un effondrement de barrière est une tragédie qui touche tout le monde. Que Dieu les accueille dans Son vaste paradis. J’espère de tout cœur que des mesures concrètes seront prises pour renforcer la sécurité dans nos stades. Beaucoup d’infrastructures ont été rénovées, mais il reste encore des efforts à faire pour qu’un tel drame ne se reproduise jamais. Cela étant souligné, pour répondre à votre question, oui, je trouve que c’est idéal. Ce genre de matchs donne tout de suite le ton. C’est parfait pour se mettre dans le bain, surtout avec la Champions League à préparer. Le MCA a l’ambition de redevenir un poids lourd à l’échelle continentale, et commencer fort dans le championnat peut l’y aider. Le MCA doit réexister en Afrique.
Le recrutement tarde à s’activer. Pour l’instant, seul Bouguerra a signé…
Le mercato est encore ouvert, donc je ne suis pas inquiet. Hadj Redjem a déjà montré qu’il pouvait faire de gros coups. On l’a vu avec l’arrivée de Belaili, Benlamri, puis Delort, même si ce dernier n’a pas réussi à s’imposer comme prévu. J’ai aussi entendu parler de Ghezzal : c’est une piste intéressante. Je suis persuadé que le président a encore de très bonnes cartes à jouer. Il a su convaincre des joueurs courtisés par de grands clubs, comme Belaili qui était ciblé par l’Espérance de Tunis. Je pense que de belles arrivées vont suivre.
Les clubs algériens cherchent de plus en plus à rapatrier d’anciens internationaux. Bonne stratégie ?
C’est une excellente chose. Des joueurs comme Belaili, Delort, Boudebouz ont une grosse expérience, et cela tire le championnat vers le haut. Il ne faut pas oublier que pour aller loin en Champions League, comme atteindre les demi-finales ou viser carrément le titre, il faut ce genre de profils. Et puis, il y a aussi le CHAN qui est une compétition importante. L’Algérie est allée en finale la dernière fois, cette année il faut viser le sacre. Tout ça, ce sont des éléments qui participent à élever le niveau général de notre football.
La blessure de Bangoura, out pour plusieurs mois, est-elle un vrai coup dur pour le MCA ?
Bien sûr. Un attaquant de ce niveau, c’est rare. Ce genre de profil, tout le monde le cherche. C’est un titulaire qui comptait beaucoup dans le projet de jeu. Maintenant, s’il revient dans deux ou trois mois, on peut gérer. Mais si son absence se prolonge sur cinq ou six mois, il faudra réfléchir. Pas forcément le libérer, mais peut-être utiliser sa licence pour ramener un renfort. L’important, c’est d’avoir un groupe compétitif sur tous les fronts.
Le MCA est aussi freiné par le nouveau règlement sur les licences…
Oui, c’est un vrai casse-tête. Avec l’obligation d’avoir cinq joueurs nés en 2005 ou après, les clubs sont limités à 19 joueurs de champ. Même après plusieurs départs, le MCA doit encore réduire l’effectif pour pouvoir enregistrer de nouveaux renforts. Il faudra bien étudier chaque dossier. La situation de Bangoura est l’exemple parfait : il faudra trouver la bonne formule pour rester armé, que ce soit en championnat ou sur la scène continentale.
Rhulani Mokwena a été nommé à la tête de l’équipe. Que pensez-vous de ce choix ?
C’est une très bonne décision. Mokwena est jeune, mais il a déjà beaucoup d’expérience, surtout sur le continent africain avec les Sundowns. Il apporte un nouveau souffle, une autre façon de travailler. Mokwena peut être, le ‘‘Julian Nagelsmann’’ africain. Le MCA sort de deux titres consécutifs avec Beaumelle puis Ben Yahia. Là, il faut viser un troisième, inscrire le club dans la durée. C’est ce qu’on faisait avec l’ESS à l’époque : chaque saison, on jouait la Champions League. C’est avec cette continuité qu’un club s’installe parmi les grands.
Votre nom a circulé pour un poste de dirigeant au MCA, avant l’arrivée de Sid Ahmed Khedis. Vous confirmez ?
Oui, j’en ai entendu parler. Même l’ESS m’a approché pour rejoindre la direction. Mais ce n’est pas ce que je recherche. Moi, je veux rester sur le terrain. Quand je jouais encore, je passais déjà mes diplômes. J’ai obtenu mon CAF A avec des gars comme Cherif El-Ouazzani, Dziri ou Haddou Moulay. J’étais le plus jeune de la promotion. Depuis deux ans, je forme des jeunes en France. Ce que je veux, c’est transmettre mon expérience sur le terrain. J’ai passé plus de 15 ans dans notre championnat et, aujourd’hui, je veux entraîner.
A. Z.