EN : Zouaï tire sur l’Algérie et les Algériens

D’un enfant de chœur, Ahmed Zouaï s’est transformé, après l’élimination, en donneur de leçons. Compétition s’est approché de lui en fin de match pour recueillir ses impressions. La réaction, les réponses et les dires de l’avant-centre vedette de cette équ

 

- L’élimination est amère…
- Oui, comme vous pouvez l’imaginer, on est très déçus par cette défaite. On voulait tant offrir la qualification à notre public. On y croyait vraiment malgré la défaite au match aller, mais c’est ça le football. On doit continuer à travailler. Nous avons les éliminatoires pour la Coupe du monde. On va se donner à fond lors de cette compétition et pourquoi ne pas se qualifier pour la première fois à cette compétition. 
- On vous a vu contester les décisions de l\'arbitre, pensez-vous qu\'il vous a lésés ?
- Oui, bien sûr. L\'arbitre de ce soir, soit il est myope, soit il a été soudoyé. Il a fermé les yeux sur plusieurs actions importantes. Il a été dans beaucoup dans le résultat de ce soir. Je ne conteste pas les buts de l\'Algérie, non et je ne dirai pas non plus qu\'il nous a refusé des buts, mais il a été vicieux. S\'il est myope, alors je lui conseille d\'aller voir un médecin, sinon de changer de métier. 
- Vous ne pensez pas que les deux buts encaissés en début de match vous ont scié les jambes…
- Oui, c’est ce qui est arrivé. On a mal débuté la partie alors qu’il fallait absolument tenir bon et ne pas flancher en début de match. L’équipe algérienne a bien mérité sa qualification. Vous étiez meilleurs que nous. Je profite de cette occasion pour remercier les joueurs algériens qui ont fait preuve de beaucoup de sagesse et de sang-froid. Ce sont de grands joueurs. Des professionnels et je n’ai jamais douté de leur fair-play. Les images en fin de match témoignent de la sportivité et des bonnes relations entre les deux équipes. Ce que je déplore par contre, c’est la réaction des supporters. C’est honteux ce qu’ils ont fait, vraiment honteux. 
- Mais il n’y a pas eu de dépassements et depuis que vous êtes ici en Algérie, personne, à notre connaissance, ne s’en est pris à vous…
- Vous avez entendu leurs chants ? Vous avez écouté de quoi ils nous traitaient ? Non, c’est intolérable et irrespectueux. Je suis révolté et très déçu. J’ai toujours cru ou voulu croire que les deux peuples algérien et libyen étaient frères. Mais là, je commence sérieusement à douter de vos sentiments envers nous Libyens. Pourquoi ? On vous a fait quoi ? La Libye a vécu des moments difficiles. Ce qui se passe chez nous ne concerne personne d’autre que nous les Libyens. Pourquoi vous vous impliquez ? A un moment donné, il faut dire stop. 
- Mais ce n’est qu’une frange de supporters qui ne représentent qu’eux-mêmes, pourquoi vous parlez de tous les Algériens ?
- Je suis là, je représente la Libye, tout comme vous représentez l’Algérie. Je suis Ahmed Zouaï et ce que je fais sur le terrain ou en dehors reflète le citoyen libyen. Je ne suis pas Camerounais ou Ghanéen, je suis Libyen. Ce public était hostile, les Algériens sont hostiles. Vous l’avez démontré face à l’Egypte, vous l’avez confirmé face à nous. 
- Vous ne croyez pas que cette comparaison n’a pas lieu d’être. A ce qu’on voit, il ne s’était rien passé, ni avant ni après le match. Les Egyptiens nous ont agressés !
- Ecoutez, j’étais à fond avec l’Algérie lors du fameux match. J’ai même condamné l’agression des Egyptiens contre vos joueurs. Mais là, je commence très sérieusement à douter de la réalité de ce qui s’était passé ce jour-là. Vous avez perdu l’Egypte et les Egyptiens, aujourd’hui, vous perdez la Libye et les Libyens. (C’est vous qui avait commencé l’agression, tout comme l’ont fait les Egyptiens, et puis, c’est vous qui nous perdez et non le contraire. On vous a fait quoi ? On vous a accueillis avec des roses, lui lancera une personne présente lors de l’interview. Zouaï a refusé de lui répondre. 
- Pourquoi le match s’est arrêté ?
- Notre ministre de la Jeunesse et des Sports qui était dans la tribune officielle n’a pas supporté les insultes et le manque de respect et de considération de votre public à l’encontre de notre pays, notre révolution et nos martyrs, alors il nous a demandé de quitter le terrain. On allait le faire avant que le coach ne nous demande de rester sur le terrain. A la place du ministre, j’aurais fait la même chose. (Ndlr : ce même ministre a agressé un supporter sexagénaire en fin de match). 
- On va mettre tout ce que vous avez dit sur le compte de la colère et de la déception à la suite de la défaite et l’élimination…
- (Il nous coupe). Non, non, je suis tout à fait conscient et je mesure bien mes mots. Le public nous a mal reçus et nous a traités de tous les noms d’oiseaux. Je n’oublierai pas ça, les Libyens n’oublieront pas ça. L’histoire se souviendra de ça. 
- Vous faites allusion au match qualificatif pour le CHAN entre la Libye et l’Algérie, c’est ça ?
- Non, ce ne sont pas des menaces et ça n’à rien à voir avec le match qui verra les deux sélections locales s’affronter, loin de ça. Accueillez-nous comme vous voulez, mais nous, on vous accueillera avec des fleurs. On est un peuple bon qui sait faire preuve d’hospitalité. Ce sera avec des fleurs qu’on accueillera. 
- Merci pour votre sincérité. Un mot pour la fin ?
- Je dis mabrouk aux joueurs et au staff qui ont été très sportifs. J’espère qu’ils iront loin lors de la Coupe d’Afrique. Je ne dirais pas mabrouk au public qui nous a insultés et manqué de respect.                                   A. B. 

 

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