Boudebouz : objectif, reconquérir sa place de cadre

Depuis l’arrivée aux commandes du «vaisseau Algérie» de Vahid Halilhodzic, Ryad Boudebouz, jadis titulaire indiscutable au sein de l’équipe nationale post-Coupe du monde, celle de la fin du règne de Rabah Saâdane, et celle de l’ère Benchikha, est devenu une sorte de remplaçant de luxe. Le technicien bosnien lui préférant Foued Kadir, Sofiane Feghouli et Hilal Soudani.

Sur les dix matchs qu’a joués l’équipe nationale avec le coach Vahid, assis sur le banc, Ryad Boudebouz n’a connu que trois titularisations d’entrée, face à la Tunisie, où il a été buteur le 12 novembre 2011 et face à la Gambie, encore à Blida, lors du 4-0, le 2 juin dernier, et face au Mali, à Ouagadougou. Il a aussi effectué quelques bouts de match en tant que remplaçant face à la Gambie à Banjul (8 minutes) et face à la Gambie, à Tchaker (12 minutes). Soit un ratio de 286 minutes jouées sur 900 possibles. Ryad Boudebouz a joué 3,14 matchs sur 10 disputés par l’équipe nationale. Ce n’est pas beaucoup comparé au statut de cadre dont il jouit dans l’équipe au vu du temps de jeu des autres cadres de l’équipe comme Mehdi Lacen par exemple. Pourquoi Vahid Halilhodzic utilise aussi peu celui à qui tout le monde promet un grand avenir en club et en sélection ? Quelles en sont les raisons ? En fait, le problème est plus complexe qu’il n’y paraît, puisque les raisons de la quasi non-utilisation de Boudebouz sont multiples.
Des problèmes disciplinaires

Comme dans une relation amoureuse, la première rencontre, ou approche, entre un sélectionneur national et ses joueurs est capitale. Elle donne le ton, le «la» comme on dit dans le jargon musical, sur ce qui va se passer ensuite. En ce qui concerne Ryad Boudebouz et Vahid Halilhodizc, on ne peut pas imaginer une prise de contact plus cauchemardesque que celle qui a eu lieu lors du premier stage, celui de Marcoussis. Souvenons-nous de la colère de coach Vahid après le forfait du Sochalien sur blessure, sans qu’il daigne se présenter au médecin de l’EN, alors que dans le même temps, Guedioura, qui portait des béquilles, était venu en France faire constater sa blessure. Une «brouille» entre les deux hommes qui a coûté deux matchs de suspension à Boudebouz, qui a manqué les deux matchs qui ont servi de fondation, de socle, à ce groupe et à ce nouveau staff, pour mieux se connaître, le match en déplacement à Dar Essalam pour affronter la Tanzanie et surtout le premier match à domicile, à Blida, pour une revanche face à la République centrafricaine pour l’honneur. Même s’il a accepté sportivement la sanction et qu’il a eu un comportement exemplaire, Ryad Boudebouz a perdu ce jour-là son statut de cadre indiscutable en équipe nationale, et il allait devoir, à l’instar des autres joueurs, se battre lors des stages pour mériter sa place et faire de bons matchs pour la conserver. 
L’affaire des valises égarée

Plus récemment, Ryad Boudebouz a encore fait parler de lui, en se retrouvant en tribune lors du match capital Algérie-Libye, pour être arrivé en retard au stage pour cause de bagages perdus à l’aéroport de Roissy CDG. Un événement certes indépendant de sa volonté, mais qui lui a quand même coûté cher et n’a pas amélioré ses relations avec Vahid Halilhodzic.
Une éclosion qui a tardé en EN 

Dès sa suspension levée, retour de Boudebouz par la grande porte, avec un match amical derby, face à la Tunisie de Msakni, à Blida et une place dans le onze de départ à la clef pour celui que ses fans appellent «RB7». Ryad Boudebouz ne manque pas cette occasion de s’illustrer en inscrivant le seul but de la partie, son premier en EN.  On se dit à ce moment-là que la fusée Boudebouz est partie pour quitter enfin sa rampe de lancement et s’envoler vers la galaxie du football. Mais ce match n’aura été qu’une oasis et très vite Boudebouz retombera dans ses travers. Non pas qu’il n’ait pas de talent ; techniquement, physiquement et tactiquement c’est un véritable monstre, il n’y a qu’à regarder ses vidéos d’extrait de match sur le net pour en juger. Le problème, c’est qu’en équipe nationale, il n’arrive pas à prendre le jeu à son compte et à être décisif comme l’était Karim Ziani, son prédécesseur à ce poste. Il ne prend pas ses responsabilités pour influer sur le jeu comme un cadre peut et même doit le faire et est souvent remplacé en cours de matchs. Peut-être la volonté de vouloir «trop bien faire» ou la peur de «mal faire», mais le stratège de Sochaux ne semble pas à faire éclater en sélection la pleine mesure de son immense talent. Un vide laissé par Boudebouz qui ne tardera pas à être comblé.

Kadir et Soudani ont su en profiter

Et comme «la nature a horreur du vide», comme on dit en physique-chimie, ce sont d’autres joueurs, réputés «moins talentueux», mais plus besogneux, comme Foued Kadir, ou encore Hilal Soudani, que Vahid fait aussi souvent jouer sur un côté, qui ont profité de ce vide laissé par Ziani, et de l’ouverture totale à la concurrence, pour travailler dur et se rendre indispensable à l’équipe en étant décisifs, à tel point qu’ils en sont devenus des quasi titulaires indiscutables au milieu du terrain «fennec» aux côtés de la superstar Sofiane Feghouli. Foued Kadir et Hilal Soudani, en plus de travailler et de donner une plus-value sur le terrain, que Boudebouz n’arrivait pas à apporter, ont su marquer et faire marquer. Ils ont fait aussi preuve d’une discipline et d’une ponctualité lors des stages qui les ont mis dans les «petits papiers» de Vahid Halilhodzic.
Le retard pour sauver le FC Sochaux

 Cette équipe nationale version Halilhodzic a connu deux phases qu’il ne fallait surtout pas rater. La phase du démarrage, et celle du décollage. La première phase se situant pour résumer, de Marcoussis, au match Gambie-Algérie. Et la seconde phase, dans laquelle nous nous trouvons actuellement, a commencé avec le match amical Algérie-Niger. Malheureusement pour Ryad Boudebouz, il a raté le début des deux phases. La première phase pour les raisons disciplinaires déjà expliquées. La deuxième phase, à savoir le match amical face au Niger, qui a permis à Slimani, Soudani et  Tedjar, de marquer des points par exemple, Ryad l’a manqué pour des raisons indépendantes de sa volonté, à savoir le calendrier de la ligue 1. Il était resté en France pour sauver son club de la relégation et n’était arrivé à Alger que le matin du match. Malheureusement, ce match était plus qu’un match amical face au Niger puisqu’il a permis à nombre de joueurs, aujourd’hui indispensables, de se positionner. Boudebouz a raté le coche.
L’avènement de Sofiane Feghouli 

Un autre événement, et non des moindres, puisqu’il s’agit d’un tremblement de terre, d’un véritable séisme footballistique, qui a frappé l’équipe nationale. C’est l’arrivée chez les Fennecs de l’une des superstars de la liga, la coqueluche du Valencia CF, Sofiane Feghouli. Sofiane Feghouli qui a quasiment le même âge que Boudebouz, mais pas la même réussite, car celui que ses fans appellent «Soso», a su, comme dans son club de Valence, troisième du championnat derrière le Real et le Barça, la saison passée, qui dispute la Ligue des champions, à se rendre indispensable en étant efficace et en influant directement sur le jeu en marquant, en faisant marquer et même en feintant. Sofiane Feghouli a, sans le vouloir, mis une pression supplémentaire sur Ryad Boudebouz un peu comme Lionel Messi le fait avec Cristiano Ronaldo toute proportion gardée bien sûr. Ryad Boudebouz est un magnifique joueur, et à une époque, il aurait été le titulaire indiscutable. Mais il a eu la malchance d’avoir un autre phénomène algérien en même temps que lui, Sofiane Feghouli, ce qui n’arrange pas trop ses affaires.

Le match Algérie–Bosnie pour remettre les pendules à l’heure

Un peu comme son compère de l’attaque Rafik Djebbour, Ryad Boudebouz devra mettre toutes ses forces dans le prochain match amical Algérie-Bosnie-Herzégovine, pour essayer d’être le héros de la partie, de prendre le jeu à son compte, de dominer, de maîtriser, de marquer ou faire marquer, pour essayer d’accrocher la place de son compère Foued Kadir au milieu et faire partie à nouveau des petits papiers de Vahid Halilhodzic, Feghouli étant déjà hors de portée, à quelques semaines seulement de la CAN-2013 où les places au milieu de terrain seront très chères. Demandez à Djamel Abdoun, qui a battu à lui seul Montpellier en Ligue des champions avec l’Olympiakos, et qui ne fait même pas partie de la liste tant la densité est grande dans ce compartiment en équipe nationale.M. B.

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