Abdoun : «Je suis là si mon pays fait appel à moi»

Djamel Abdoun est en train de faire le bonheur des supporters, de son président, ses entraîneurs et de tous les supporters de l’Olympiakos.

Après qu’il soit devenu incontournable dans le meilleur club en Grèce et, surtout, suite au grand match qu’il avait fait face à Arsenal d’Arsène Wenger, le peuple l’a réclamé en sélection. Tout en se demandant pourquoi ce joueur ne fait partie de l’EN. On l’a joint hier au téléphone, et c’est avec plaisir qu’il a accepté de répondre à nos questions. Avec son franc-parler, sa franchise et son style direct, Djamel Abdoun nous a parlé du match d’Arsenal, de sa situation en club, de son ascension avec joie, une joie qui s’est dissipée dès qu’on a commencé à évoquer  la sélection nationale d’Algérie. Le numéro 93 de l’Olympiakos ne comprend pas. Et même s’il a en a eu marre de répéter à chaque fois la même chose, il accepte ce sort et refuse de supplier qui que ce soit pour revenir, mais ne fait pas tout à fait le deuil de la sélection et ne perd pas espoir qu’un jour il portera à nouveau le maillot des Fennecs.  Entretien.

 

- Déjà, dites-nous ce que vous avez pris au petit-déjeuner mardi dernier pour que vous fassiez le match que vous avez fait contre Arsenal ?

- (Il rit) Non, ça n’a rien à voir avec le petit-déjeuner, c’est salat El-Fedjr à temps, El-Fedjr, ça suffit…

 

- Vous étiez époustouflant ce jour-là, peut-on dire que c’est l’aboutissement d’un travail sans relâche, d’une grande patience ou bien d’une volonté de briller face à l’une des meilleures équipes au monde ?

- Les trois, on va dire. Je travaille beaucoup à l’entraînement. J’ai toujours été un bosseur. Je crois en Dieu, et je sais que tout passe par le sérieux et le travail. C’est aussi grâce à mes coéquipiers. Donc, Hamdoulilah, je suis en forme. J’enchaîne les matchs. Tout se passe bien pour moi. Je suis content.

- Votre entraîneur vous a changé de poste. Vous êtes passé du côté droit au côté gauche et, depuis, vous êtes meilleur. Vous ne pensez pas que ça a quelque chose à voir avec votre niveau cette année ?

- L’année dernière, je jouais à droite, c’est vrai, parce Kevin occupait le côté gauche. Cette année, je suis passé à gauche et je me suis bien adapté. Mais je n’ai pas de problèmes de ce côté-là. Je peux jouer à gauche, à droite ou dans l’axe, cela ne me dérange guère. J’ai déjà joué milieu gauche quand j’étais à Nantes et ça ne m’avait pas empêché de faire de bons matchs.

- Vos débuts à l’Olympiakos n’étaient pas faciles. Vous aviez mis quand même quelques mois pour vous imposer. Aujourd’hui, vous êtes une pièce maîtresse, c’est l’année de la confirmation...

- Il y a une explication à ça, j’ai débarqué la saison passée à l’Olympiakos en retard, je n’avais donc pas pris part à la préparation d’intersaison. Il fallait donc que je bosse dur durant les premiers mois. Mais après, lors de la phase retour, j’ai fait quand même 6 bons mois. Cette année, on a déjà joué 19 matchs et j’ai débuté titulaire à 17 reprises. J’ai fait une bonne préparation physique et ça a fini par payer. J’ai aussi la confiance de mon président qui m’a beaucoup aidé Hamdoulilah. Je suis heureux ici à l’Olympiakos.  

- Vous avez la confiance du président, mais aussi de votre entraîneur et de vos coéquipiers, c’est important ça, non ?

- Oui, c’est sûr. D’ailleurs, je vous informe que j’ai prolongé mon contrat d’une année ici à l’Olympiakos, c\'est-à-dire jusqu’à juin 2015 et je suis content de l’avoir fait. Je me sens bien ici, je ne manque de rien, ma famille est heureuse, je suis heureux, Hamdoulilah. Merci mon Dieu.

- On imagine que le public est aussi une source d’inspiration et de bonheur. Vous êtes devenu son chouchou au point où il n’apprécie plus que vous soyez remplacé en cours d’un match… Comme c’est le cas face à Arsenal…

- Oui, c’est vrai que j’ai une relation particulière avec le public. Même si au départ, c’était compliqué quand même. Aujourd’hui, je ne me sens pas nouveau dans ce club. Mon objectif actuel est de rééditer les mêmes performances à chaque match et montrer aux gens d’ici qui m’ont accueilli et fait confiance qu’ils avaient raison de croire en moi et en mes capacités. Voilà…

- On imagine aussi que la présence d’un autre Algérien ici, en la personne de Djebbour, qui connaît la maison et la Grèce vous a aidé, non ?

- Oui, bien sûr. Je l’ai dit et je le répète aujourd’hui, c’est grâce à Rafik que j’ai pu signer à l’Olympiakos. C’est une fierté pour lui et aussi une fierté pour moi qu’un Algérien me vienne en aide. Il a parlé au club, il a parlé au président. Il lui a dit : ramenez-le et vous verrez. Hamdoulilah. Je le connais depuis longtemps et j’avoue qu’il a été toujours-là pour moi. J’étais dans une situation délicate et il n’a pas hésité à me venir en aide. Sans lui, aujourd’hui, je ne serai pas arrivé là où je suis.

- Vous faites partie des joueurs qui ont quand même vécu des moments difficiles dans leur carrière et l’un des rares à avoir réussi à relever la tête et ressurgir pour relancer leur carrière. Comment on fait pour dépasser ça ?

- Comme je l’ai dit, je crois en Dieu et je sais que c’est Allah qui fait les choses. Il décide de tout. Moi, je fais mon travail, je fais ma part des choses, je patiente, le reste est une affaire de Mektoub. Moi, je veux faire une bonne petite carrière, être épanoui avec ma petite famille et terminer ma carrière ici en Grèce.  

- Vous ne pensez pas que vous êtes encore jeune pour parler de fin de carrière ! A 26 ans, on a quand même du chemin à faire…

- Oui, je suis jeune et je sais qu’il y a toujours des choses à apprendre et à faire, mais je ne me prends pas la tête. Je garde les pieds sur terre, je suis bien entouré. Je suis bien ici et j’aimerais bien terminer ma carrière ici…

… Carrément ! Vous voulez rester en Grèce ?  

- Oui, comme je vous l’ai dit, je suis heureux ici et ma famille aussi. Il ne faut pas oublier aussi ce que le président a fait pour moi. Je lui dois beaucoup… Après, si le club reçoit une offre qui est bien pour lui et bien pour moi aussi, on verra. Mais pour le moment, je reste concentré sur mon club. Je suis heureux, ma famille est heureuse, je joue dans un grand club. Je ne vois pas pourquoi je penserais à ça…

- Vous vous êtes qualifié pour l’Europa League, une compétition que vous aviez quittée bêtement la saison dernière. Est-ce que vous en faites un objectif cette saison ?

- On a joué la Champions League, on a fait notre possible pour se qualifier, mais on est quand même en Europa League qui est une grande compétition, mais l’objectif principal du club est le championnat. Si on le remporte cette année, ça sera le 40e. C’est très important pour nous, pour le président et pour les supporters de finir champions. On va tout faire pour réussir. Cela dit, on va essayer de faire bonne figure et honorer notre maillot lors de la compétition européenne.

- On va parler un petit peu, si vous le voulez, sur la sélection. Vos performances ne passent pas inaperçues aux yeux de vos nombreux supporters algériens. On ne parle que de vous et de votre mérite de revêtir le maillot vert. Au fond de vous, vous n’espérez pas à une convocation ?

- Comme je l’ai toujours dit, moi, je fais mon travail dans mon club, j’essaye d’être performant, mais il y a un entraîneur qui fait ses choix et un président qui fait les siens (il s’arrête). Je le dis bien, un président qui fait ses choix et je les respecte. Moi, je suis tranquille, je laisse les gens parler pour moi.

- Vous avez déjà fait une CAN et le souhait de tous joueurs est d’en faire le maximum. Croyez-vous à une sélection ?

- Bien sûr que je veux prendre part à la CAN. J’ai vécu de très belles choses avec la sélection. Des moments inoubliables, historiques même. Mais si on veut plus de moi, je ne vais pas faire le mendiant quand même. Je ne mendie personne. Si on me convoque, c’est avec un grand plaisir et un immense honneur que je viendrai. J’ai toujours été là pour mon pays, mais après, ce n’est pas à moi de prendre ce genre de décisions. Il y a un coach et un président. S’ils décident de me faire appel, bein, je répondrai présent. Sinon, je suis bien dans mon coin, je fais mon petit bonhomme de chemin, tranquille.

- Le coach a toujours dit qu’il vous suivait et qu’il continue à le faire jusqu’à présent…

- (Il nous coupe) Oui, ça fait 2 ans qu’il me suit… Un jour, il dit que je ne réponds pas au profil, un autre que je ne joue pas assez dans la profondeur, un autre qu’il y a des joueurs meilleurs que moi à mon poste, un jour… (il soupire, puis se tait un moment). Non, Hamdoulilah…

- Oui, mais le plus important, c’est de continuer à enchaîner les bonnes performances, c’est aussi l’amour que vous porte le public et le bonheur que vous ressentez à faire votre travail…

- Oui, c’est ça. Le plus important, c’est le club qui vous donne à manger.

- En tous les cas, vous êtes très bien perçu ici en Algérie. Le peuple  vous aime beaucoup, vous soutient et beaucoup vous réclament…

- Oui, c’est sûr. Le peuple algérien m’a toujours soutenu. Je le remercie beaucoup, mais après, il y a un président et un sélectionneur. C’est eux les chefs. S’il veut faire appel à moi… (il se tait encore un moment). Bien, voilà…

A. H. A.

Audio de l\'entretien de Abdoun : 


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