Vahid : «Je ne suis inférieur à personne»

Avant de s’envoler pour Marrakech pour aller passer les fêtes en famille, Vahid Halilhodzic a accordé, de son domicile lillois, un long entretien à nos confrères du journal L’Equipe.

Dans cette interview parue dans l’édition du 31 décembre, le sélectionneur national, du haut de ses 60 ans, est revenu longuement sur sa carrière passée, son passage en équipe nationale et ses rêves d’Afrique du Sud. Et bien sûr de ses ambitions et la vision de son futur professionnel, mais aussi de son caractère et de sa personnalité d’homme.

 «Mon équipe est solidaire, homogène et généreuse»

Concernant la participation de l’Algérie à la CAN-2013, Vahid Halilhodzic a dressé un constat somme toute objectif sur le groupe dont il dispose et les difficultés qu’il a eues à faire la liste. Le sélectionneur national a déclaré (…) «Nous n’avons pas un groupe de vedettes, mais une équipe très inexpérimentée (quatre joueurs ont participé à la CAN-2010), qui possède cependant un enthousiasme, une ambition et une fraîcheur incroyable. Elle est solidaire, homogène et généreuse. Notre état d’esprit est notre grande force(…)»

Les raisons de la non-convocation de Djebbour

Le sélectionneur national n’a pas pu échapper à une question concernant la non-sélection de Rafik Djebbour, l’attaquant d’Olympiakos.

(…) «Des blessures ont contrarié ma liste. Pourquoi pas Rafik Djebbour ? Parce qu’il est suspendu pour le premier match face à la Tunisie qui est pour moi le plus important. Mais j’ai longtemps hésité (…)»

«Algérie-Tunisie sera déterminant»

«(…) Cette rencontre face à la Tunisie (le 22 janvier prochain) déterminera notre avenir dans la compétition. Si nous passons en quart de finale, on ne sait jamais ce qui peut arriver (…)»

EN : «Je suis content du travail effectué»

Le head coach des Verts a répondu à une question concernant son bilan avec l’équipe nationale depuis qu’il a pris ses fonctions. «(…) Quand j’ai réuni les gars à Marcoussis, la première fois, je leur ai dit : Votre président de Fédération m’a choisi et on va essayer de faire quelque chose. La situation est délicate après la Coupe du monde. Vous avez été des héros, mais maintenant, vous êtes très critiqués. J’ai trouvé des gars abattus, sans ambition. Ils ont commencé à parler. Ils ont tout sorti en près de deux heures. Ensuite, nous avons fait un match en Tanzanie et j’ai senti un petit déclic. Je me suis dit que ce groupe pouvait m’écouter et qu’on pouvait faire quelque chose. J’ai donc changé des choses. Je voulais donner un autre esprit, un autre souffle. Un jeu plus offensif(…)»

«J’ai pris l’Algérie à la 52e place du classement mondial et, aujourd’hui, nous sommes 19es»

 

Le pourquoi de la non-sélection de Ziani

Le technicien bosnien a dû répondre une énième fois à la question relative à l’éviction de Karim Ziani de la sélection. «(…) Pourquoi j’ai cessé de convoquer Karim Ziani ? Parce qu’avec Sofiane (Feghouli) et Ryad (Boudebouz), ça fait deux joueurs pour ce poste. Ensuite, des titulaires de longue date peuvent-ils accepter cette nouvelle concurrence ? Ils disent souvent oui, mais la réalité est bien souvent différente. Et pour le moment, je suis content du travail effectué avec la qualification à la CAN qui était la première étape (…)»

Vahid a-t-il été oublié par la France ?

Le sélectionneur national est revenu avec amertume sur son passage en France et sur son hypothétique retour. «(…) Je n’ai pas entraîné en France depuis 7 ans (le Paris SG en 2003-2005). Mais je n’ai pas besoin de montrer ce que je vaux. Mes résultats parlent pour moi. J’ai pris l’Algérie à la 52e place du classement mondial et, aujourd’hui, nous sommes 19es. Sur ces dernières années avec l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Dynamo Zagreb, je n’ai perdu que six matchs, même si je n’en ai pas joué des centaines (…)

(…) Est-ce que j’espère entraîner à un plus haut niveau ? Bien sûr, ma plus grande qualité, c’est mon travail, ma tactique. Le terrain, le jeu, planifier,… Quand vous avez des résultats, ce n’est pas que de la discipline (…)»

Halilhodzic victime de son image ?

«Bien sûr quand on dit : «On s’est bien amusés, ça m’énerve. S’amuser pour moi, c’est gagner !»

Le head coach de l’Algérie, en analysant les raisons de ses problèmes en France, est revenu sur son caractère, sa personnalité et l’image qu’il renvoie. «(…) J’ai plusieurs images quand tu entends parler de Vahid et quand tu vois Vahid… J’ai l’image de quelqu’un d’arrogant, d’autoritaire. Et quand tu as de l’autorité, c’est un problème (…) C’est de ma faute aussi. Mais je connais des gens qui ont une double image. Sympa devant et salaud derrière. Mais ici, tout se joue sur l’image et la communication (…) Quand il y a compétence, il y a exigence. Chez moi, si l’entraînement commence à 10 heures, il n’est pas à 10 heures 01, sauf en cas de force majeure. J’ai observé les plus grands clubs. La Juve avait ça. Le club passe d’abord. Paris est devenu un peu comme ça. Et je défends toujours l’intérêt des clubs. Partout où je suis passé, les joueurs ont progressé. La cohésion d’un groupe n’est pas un processus fini, mais un processus infini. L’important, c’est un respect réciproque. Bien sûr quand on dit : «On s’est bien amusés, ça m’énerve. S’amuser pour moi, c’est gagner ! (…) Après les défaites, certains jouent les philosophes en disant : «Ce n’est pas la fin du monde, il y aura d’autres matchs.» Non, tu dois avoir une dose de déception, sinon tu n’auras pas la rage de vaincre. Pour moi, le symbole, c’est Nadal, lui c’est un monstre en terme psychologique (…)»

Coach Vahid est-il frustré de ne pas avoir montré ses qualités ?

Poursuivant sur le chapitre de sa carrière d’entraîneur en club, Vahid Halilhodzic a dessiné le profil du prochain club qu’il voudrait entraîner. «(…) Oui, il me manque un club capable de jouer la finale de la Ligue des champions. Je suis capable de gagner la C1 et ce n’est pas prétentieux. Rien que la musique me donne des frissons (…)»

Inférieur à Mourinho ?

«(…) Je ne le pense pas. Je ne suis inférieur à personne. L’autre jour, je regardais Barcelone jouer avec un seul joueur en pointe. Pour moi, je considère que c’est une erreur que je ne ferai jamais. Je sais comment Barcelone doit jouer dans toutes ses lignes, la défense, le milieu et l’attaque (…) L’entraîneur qui m’a le plus marqué, c’est Marcelo Lippi. Je suis resté à la Juventus pour observer ses méthodes. Il maîtrise totalement son sujet. Par contre, j’ai été déçu par la méthode d’Othmar Hitzfeld, pourtant champion d’Europe avec Dortmund. Toujours la même chose, pas de mise en place, mais ça marchait. Nevio Scala, à Parme, que j’ai aussi observé, avait un superbe contenu et de très bonnes séances d’entraînement, mais là, ça ne marchait pas (…)»

 

Synthèse Mohamed Bouguerra

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