E.N : Les 5 raisons qui ont convaincu Taïder

Un milieu de terrain, à la fois offensif et défensif, c’est plutôt rare. C’est cette polyvalence, «ce deux en un», qui a fait du joueur algéro-tunisien de Bologne, Saphir Taider, la pierre précieuse que ses deux pays, l’Algérie et la Tunisie, font tout pour s’attacher les services.

Annoncé aux Aigles de Carthage par la FTF et les médias tunisiens, de manière quasi officielle, juste avant la CAN, pour affronter la Sierra Leone, à domicile, le 22 mars prochain, il semble bien que ce soit finalement du côté d’Alger, et non de Tunis, que le cadet des frères Taider fera ses grands débuts de joueur international, puisqu’il a opté pour les Fennecs, le pays de sa maman.

Une triple culture

Car ce jeune joueur qui soufflera ses vingt et une bougies le 29 février est «riche culturellement», puisqu’il a la chance de posséder une triple culture, et pourrait même posséder un triple passeport. Car il est né dans le sud-ouest de la France, à Castres, d’une mère algérienne, originaire de la wilaya de Tizi Ouzou, et d’un père originaire de Tunisie, plus précisément de Tunis, la capitale. Une triple culture, qui a dû être un véritable casse-tête, au moment où il a commencé à réfléchir à son choix définitif en vue de rejoindre une des trois sélections que son talent lui permettait d’espérer rejoindre. Mais entre ses 18 ans, date à laquelle il a reçu les premières sollicitations et aujourd’hui, où il a fait son choix pour l’Algérie, de l’eau a coulé sous les ponts et une longue réflexion de fond lui a permis de donner son fameux «ok», tant attendu, à Mohamed Raouraoua.

Le fils de la JSK et du Club Africain

Deux villes d’origine, Tizi Ouzou et Tunis, qui, bien qu’étant de pays différents, respirent le football. Saphir Taider, tout comme son frère aîné Nabil, étaient prédestinés à devenir footballeurs professionnels, bien que nés en terre de rugby. Comment aurait-il pu en être autrement avec un tel code génétique, à la fois jaune et vert, comme la JS Kabylie, et rouge et blanc comme le Club Africain.

Une formation en bleu pour signer en pro

Alors que son frère Nabil avait fait l’ensemble de sa formation et avait signé son premier contrat pro dans la ville rose, Toulouse, où sa famille habitait, Saphir lui, bien qu’ayant fait ses première gammes au fameux Toulouse FC «le Téfécé», a très vite dû s’exiler pour la lointaine région Rhône-Alpes, avec Grenoble et ses hivers rigoureux, pour rejoindre le centre de formation du GF 38 à seulement 15 ans, pour y poser ses valises et finir sa formation jusqu’à y signer en professionnel.

1 - Saphir rêve d’un destin à la Feghouli

Car un jeune Maghrébin, issu d’un quartier populaire d’une métropole française, qui signe tout jeune au centre de formation du GF 38, pour être transféré dans un club d’un championnat coté d’Europe du Sud, ça ne vous rappelle pas un certain Sofiane Feghouli ? La seule différence entre le jeune Saphir et son ainé d’à peine 3 ans, c’est que l’un a explosé en Espagne tandis que l’autre explose en Italie. Car lorsque Taider était encore un gamin du centre de formation, Soso avait déjà pris son envol et était déjà la coqueluche du club grenoblois. C’est l’exemple Feghouli, avec la même ascension en club et la dimension prise en sélection, que Taider veut suivre. Et actuellement, il est sur la bonne voie pour y arriver.

Pas de sélection A, avant de s’imposer au plus haut niveau

Car comme Sofiane Feghouli, il a fait toutes ses classes en équipe de France de jeunes, comme l’impose le cursus des centres de formation français gérés par la direction technique nationale (DTN). Alors que Feghouli a joué avec les Bleus jusqu’en espoir, Taider, handicapé par des blessures lors de sa dernière saison à Grenoble, s’est arrêté au niveau des U19. Mais comme «Soso», Brahimi et son ami Ishak Belfodil, avec qui il jouait à Bologne la saison passée, pas question de jouer en équipe nationale A’, qu’elle soit algérienne ou autre, avant d’avoir signé un bon et long contrat dans un bon club, et s’y être imposé. Il a donc choisi l’Algérie, après avoir signé un contrat de quatre ans à Bologne en Italie, avec la particularité d’appartenir, un peu comme l’Argentin Teve, à 50% à la Juventus de Turin, en ce qui concerne ses droits fédératifs.

La médiatisation extrême algérienne lui fait peur

Selon un de ses proches, l’offre de l’Algérie a toujours été plus alléchante que celle de la Tunisie, mais l’extrême médiatisation des médias algériens, surtout de la presse écrite, avec les internationaux, faisait peur au clan Taider. Surtout que Nabil Taider avait pu en avoir un aperçu lorsqu’il évoluait au FC Lorient. Ils ont d’ailleurs pu se rendre compte de l’hypermédiatisation de la presse sportive algérienne, dès les débuts professionnels de Saphir, avec Grenoble, en Ligue 1, au stade Vélodrome, et  face à l’OM s’il vous plaît, à 18 ans à peine, et les nombreuses sollicitations et les papiers sortis dans la presse nationale qui ont suivi.

2 - Son frère Nabil lui a dit d’opter pour les Fennecs

«Mon frère, c’est mon exemple» aime à répéter Saphir Taider, lorsqu’il parle de Nabil, son aîné, international tunisien (4 sélections) et qui le conseille dans sa carrière. Et c’est Nabil, qui avait bénéficié de la loi «Raouraoua» sur les binationaux pour rejoindre les Aigles de Carthage, qui, selon nos informations, a influé sur le choix de son petit frère pour l’Algérie. Nabil Taider, pourtant fier de ses origines tunisiennes, a estimé en son âme et conscience que l’équipe d’Algérie était plus attractive pour son frère que son homologue tunisienne, surtout pour les binationaux.

3 - La Tunisie des locaux ne tend pas la main aux pros

Car il ne faut pas s’en cacher, depuis la fameuse loi dont nous parlions ci-dessus, initiée par l’Algérie, et qui a permis la venue en équipe d’Algérie des Yebda, Meghni, Abdoun, Medjani, suivis des Mbolhi, Mesbah, Lacen, Kadir…, on peut dire que les Fennecs sont devenus, les résultats suivant, «le paradis des binationaux». L’Algérie doit être la sélection d’Afrique où il y a le plus de joueurs issus de l’émigration algérienne en Europe, deuxièmes et troisièmes générations. Elle est aussi celle où ils sont le mieux traités et où on leur permet le mieux de s’exprimer. Contrairement à la Tunisie qui, avec «ses monstres footballistiques», pôles de formation, que sont l’Espérance de Tunis, le Club Africain et surtout l’Etoile du Sahel, a opté pour la solution locale. Il y a des professionnels évoluant en Europe en équipe de Tunisie, mais l’écrasante majorité sont des ex-locaux, comme Hilal Soudani chez nous par exemple. Saphir  Taider, qui a dû souvent lire les déclarations de Trabelsi concernant les pros, a dû préférer le discours de Vahid Halilhodzic qui, lui, ne fait jouer que les meilleurs.

4 - Commencer une aventure en EN en même temps que son pote Belfodil

Une raison, moins importante, mais qui a tout de même pesé dans la balance dans le choix de Taider pour l’Algérie : venir en sélection en même temps que son pote Ishak Belfodil. Belfodil, aujourd’hui attaquant de Parme, évoluait la saison passée à Bologne avec Taider. Deux joueurs entre qui le courant est passé tout de suite et qui sont devenus très proches. Belfodil a dû vraiment mettre le paquet pour convaincre son ami Taider de prendre le même vol que lui en direction d’Alger en mars prochain.

5 - La situation sécuritaire en Tunisie a fini par le convaincre

Enfin, la dernière raison qui a dissuadé le jeune Saphir Taider d’opter pour la Tunisie et donc de rejoindre l’Algérie, c’est la situation sécuritaire et politique qui prévaut en Tunisie et qui inquiète les Tunisiens de l’étranger, dont fait partie le papa de Saphir Taider. L’Algérie offre actuellement plus de stabilité que la Tunisie, alors qu’à l’époque de Nabil, son frère, c’était plutôt l’inverse.

Mohamed Bouguerra

 

 

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