Agent Belfodil : «Si Vahid le convoque, il répondra présent»

Qu’Ishak Belfodil ait fait le choix de l’Algérie pour sa carrière internationale n’est pas du tout un scoop, puisque l’attaquant parmesan et qui est annoncé quasi officiellement à l’Inter de Milan par tous les médias spécialisés européen avait déjà changé de nationalité sportive depuis plusieurs mois puisque la FIFA avait validé son dossier qui le faisait passer des Bleuets aux Fennecs.

En revanche, ce qui est vraiment le scoop de ce début de l’été, c’est l’annonce du joueur de sa disposition à rejoindre l’équipe nationale dès le prochain stage si Vahid Halilhodzic lui ferait appel.

Il est disponible dès le prochain stage

Alors que l’attaquant parmesan fait le buzz, dans le monde du football, surtout celui des médias spécialisés, depuis que Massimo Moratti, le président de l’Inter, a déclaré que son club ferait tout pour acquérir « le nouveau Benzema », et que son arrivée chez les Nerazzuri n’était qu’une question d’heures, et plutôt que de s’exprimer sur ce transfert à 10 millions d’euros qui défraye la chronique dans toute l’Italie, Ishak Belfodil a décidé de prendre tout le monde à contre-pied en communiquant sur l’équipe nationale. Il a choisi de s’exprimer par l’intermédiaire de son agent qui a annoncé sa disponibilité dès le prochain stage.

« Si Vahid le convoque, il répondra présent »

La nouvelle a fait beaucoup de bruit car c’est dans les colonnes de nos confrères de L’Equipe, dans son édition d’hier, que George Atangana, l’agent de l’attaquant algérien, a choisi de s’exprimer, au nom de son poulain. Concernant le volet international de la carrière du joueur dont il gère la carrière, George Atangana a déclaré : « Il a la volonté de jouer pour l’Algérie. Je crois que c’est maintenant le bon moment pour l’appeler. En tout cas, si Vahid Halilhodzic le convoque, il répondra présent. »

Une déclaration unilatérale et sans équivoque de la part de Belfodil qui montre bien, à quelques heures d’une signature en faveur de l’Inter de Milan, qui sera peut être la plus importante de sa vie, qu’il s’inscrit bien dans le projet de l’équipe d’Algérie et qu’il est disposé à rejoindre rapidement la bande à Feghouli, pour essayer d’accrocher un billet pour Rio de Janeiro. Un comportement qui est à 1000 lieues de ses précédentes déclarations.

Un timing inhabituel

Cette déclaration de Belfodil en faveur de l’équipe d’Algérie, à quelques heures, voire à quelques minutes même d’une signature en faveur du grand FC Internazionale, est, en plus d’être étonnante, est un geste fort. Car d’ordinaire, pour convaincre un club de finaliser, surtout un grand club comme l’Inter, on met plutôt en avant le fait que le joueur se donnera à 100% en faveur de son club et on insiste plus, et c’est de bonne guerre, sur son passeport européen plutôt que son côté algérien ou africain, les places de joueur extracommunautaire étant très chères et football africain pour les clubs du vieux continent rime souvent avec long voyages et blessures. Mais Ishak Belfodil qui vient de réussir une bonne saison avec Parme est en position de force et a dû sûrement  inclure, cette fois, l’équipe nationale dans ses négociations avec l’Inter. Cela n’a pas toujours été le cas et cela explique sa frilosité par le passé avec les Verts.

Un virage à 180 degrés

Car c’est vraiment un virage à 180 degrés qu’ont opéré Ishak Belfodil et son entourage. Car même s’il s’est déclaré, à maintes reprises en faveur de l’équipe d’Algérie, dont la première fois fut  dans nos colonnes dans notre édition du 4 octobre 2011, et qu’il a joint le geste à la parole il y a quelques mois en envoyant son dossier de changement de nationalité sportive à la FIFA, Belfodil a toujours dû reculer, se raviser, à cause de la pression qu’exerçaient sur lui les différents clubs dans lesquels il est passé. L’Olympique Lyonnais, son club formateur qui lui avait adressé un « niet » à la limite du menaçant. Puis ensuite Bologne qui lui a fait remarquer qu’il avait signé chez eux en temps que Français, sans préciser sa volonté de rejoindre l’Algérie et que de ce fait il changeait les termes du contrat et enfin Parme, qui lui a fait remarquer qu’un départ à la CAN serait une très mauvaise idée car il avait tout à prouver et que les places étaient chères. C’est pour éviter ce genre de désagréments que Belfodil a tout de suite mis les points sur les i avec les Nerazzuri au cas où il signerait. Mais ces revirements, surtout le dernier, n’ont pas été du goût de Vahid Halilhodzic.

Vahid va-t-il passer l’éponge ?

Car la énième et dernière fin de non recevoir de Belfodil à une convocation en équipe nationale, la veille de la CAN, où il avait « demandé du temps » pour rejoindre enfin sereinement l’équipe nationale avait été appréciée moyennement par coach Vahid qui lui avait répondu en disant que ce n’était pas à lui de décider du moment où on l’appellera. Mais Vahid Halilhodzic n’avait pas fermé la porte en bon rusé renard qu’il est et ne s’était pas étendu sur le sujet. Tout comme la FAF, qui a compris depuis longtemps que pour mener à bien ce genre de dossier, le secret doit être de mise. De plus, de l’eau a coulé sous les ponts, l’équipe nationale à raté sa CAN, il y a eu une énorme remise en question, l’Algérie est qualifiée pour les barrages et aura besoin de toutes les forces vives de la nation pour mener à bien cette quête du Mondial Brésil 2014. Et la venue de Belfodil permettra à Vahid de mettre davantage ses attaquants en concurrence. De plus, l’Algérie peut-elle se payer le luxe de fermer la porte à l’attaquant de l’Inter ?

Peut-on refuser l’attaquant de l’Inter ?

Même s’il s’agit de sport, en l’occurrence, de football, dans ce genre de dossier il s’agit de faire preuve de ce qu’on appelle la « Real politik ». Alors qu’on voit briller avec l’Uruguay Suarez et Cavanni les attaquants de Liverpool et de Naples, alors qu’on voit briller Torres avec l’Espagne ou encore Obi Mikel de Chelsea avec le Nigeria, l’Algérie et son équipe nationale peuvent-elles se priver du futur attaquant de l’Inter ? Même en ayant dans ses rangs Slimani le meilleur buteur des éliminatoires, Soudani, Djebbour et Ghilas… Cela paraît peu vraisemblable. D’ailleurs, les contacts entre Belfodil et la FAF n’ont jamais été rompus. Vahid Halilhodzic et Mohamed Raouraoua ont bien compris que pour que l’équipe nationale soit toujours plus haut et enchaîne les victoires, mieux vaut avoir des problèmes de riches du type Belfodil, que des problèmes de pauvres en manquant de joueurs de haut niveau du fait d’une génération pauvre ou d’une cascade de blessures. Prendre Belfodil, plus que du coaching, c’est de la gestion, du management et même du pragmatisme.

Mohamed Bougherra 

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