Brahimi : «En sélection, je n’ai pas encore joué à mon poste»

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Yacine Brahimi est revenu sur son début de saison à Grenade, sur ses prestations et surtout le poste où il aimerait bien jouer que ce soit en club ou en sélection. L’un des meilleurs dribbleurs de la Liga préfère jouer juste derrière les attaquants. Entretien.

- Votre équipe concède à chaque fois des défaites dans son fief. Où réside le problème ?

- C’est vrai qu’on a du mal à briller à la maison, alors qu’on arrive à faire de bons résultats à l’extérieur. Toutefois, je n’ai pas d’explication par rapport à ça et, généralement, cela se passe comme ainsi. Il y a des saisons où on gagne à domicile et on perd en déplacement. Cette saison, c’est un peu le contraire. Malgré tout, on doit poursuivre notre parcours avec plus de volonté pour remporter d’autres victoires à l’extérieur. En même temps, on tentera d’être plus solides à domicile, tout en nous créant le maximum d’occasions afin de marquer beaucoup de buts.

- Comment appréhendez-vous le prochain match face à Levante (entretien réalisé vendredi, ndlr) ?

- Le match de Levante sera compliqué car notre prochain adversaire est dans une bonne dynamique. Toutefois, on n’a pas le choix et on doit se mobiliser. On doit récupérer comme il se doit pour entamer le match en question avec beaucoup de volonté et d’enthousiasme.

- Peut-on connaître l’objectif que la direction du club andalou a tracé lors de cette saison et que vous devriez atteindre ?

- Notre objectif principal pour le moment est le maintien. Si on arrive à finir la saison dans une bonne position, ce serait encore mieux. Cependant, on doit engranger le maximum de points possibles pour se maintenir.

- Comment vous sentez-vous à Grenade, surtout que cette saison est la deuxième pour vous dans ce club ?

- Je me sens très bien à Grenade, surtout après la bonne saison que j’ai effectuée l’année dernière, alors que je manquais un peu de réalisme. Cette saison, j’ai enchaîné les bons matches et les moins bons. Il faut que je me remette en question à chaque fois pour progresser et rester toujours meilleur, notamment cette saison, laquelle est très importante pour moi, que ce soit vis-à-vis de mon club ou sur le plan personnel. Je dois donc me donner à fond pour confirmer ma place et atteindre le top de ma forme.

- Comment évaluez-vous le niveau de la Ligua de cette saison par rapport à la saison dernière ?

- Dans la Ligua, il y a une différence entre les clubs, surtout lorsqu’on parle du Real de Madrid ou du FC Barcelone, lesquels sont deux clubs hors catégorie. Cependant, en face, il y a d’autres clubs qui peuvent entrer dans la danse, comme Villarreal. Il y a deux ou trois équipes moins bonnes mais qui se valent. Concernant le niveau de la Ligua, c’est le même.

- Est-ce qu’il y a une différence entre le football français et le foot espagnol ?

- Le football en France repose sur l’aspect tactique et physique à la fois. Par contre, en Espagne, le football repose sur la fluidité du jeu. C’est une autre manière de jouer. On trouve cette doctrine même chez les petites équipes qui essaient de pratiquer du bon football et de marquer le maximum de buts. En tout cas, le football français et espagnol, ce sont deux mentalités différentes. Personnellement, je pense que le championnat espagnol me correspond mieux.

- Qu’est-ce qu’il faut pour réussir dans le championnat espagnol ?

- Pour réussir dans la ligua, il faut être performant techniquement, physiquement et tactiquement. Tout dépend de la position du joueur et du poste où il évolue. Un défenseur ne ressemble pas à un attaquant et, ici en Espagne, on encourage les joueurs du milieu de terrain et les attaquants à se créer des occasions et surtout à marquer des buts.

- Certains journalistes de Grenade, rencontrés dans la zone mixte, ont critiqué votre maladresse devant les buts et souhaitent que vous vous amélioriez dans les jours qui viennent pour réussir à Grenade. Comment jugez-vous ces réactions ?

- C’est vrai que je dois travailler un peu plus devant les buts, et je pense que le réalisme devant les buts est la chose qui fait la différence entre un bon, un moyen et un très grand joueur. Les statistiques sont vraiment très importantes et, personnellement, j’arrive à me créer des occasions, mais mon seul souci pour le moment demeure dans le dernier geste. C’est une chose que je dois améliorer avec le temps.

- Est-ce que vous manquez de chance aussi pour marquer des buts ?

- Le manque de réalisme devant les bois est le facteur majeur qui m’a privé de trouver le chemin des filets. Malgré tout ça, je continuerai à provoquer les choses pour débloquer mon compteur buts, et surtout réaliser ces enchaînements.

- Est-ce que vous songez à quitter Grenade et opter pour un grand club de la Ligua ?

- Franchement, je ne peux pas parler de l’après-Grenade, d’autant plus que je suis toujours sous contrat avec cette équipe. J’ai encore beaucoup de choses à prouver dans cette équipe, et il faut que je fasse une grande saison. A la fin de l’année, on verra. Pour le moment, je me concentre sur mon club et sur mon rendement.

- Que ressentez-vous lorsque vous affrontez les grandes équipes de la ligua, comme le Real de Madrid de Cristiano Ronaldo ou le FC Barcelone de Lionel Messi ?

- Lorsqu’on affronte les grandes équipes, comme le Barça et le Real de Madrid, on est motivés et on veut toujours bien faire. Je ne me focalise par sur un ou deux joueurs lorsque j’affronte les géants de la Ligua. Je dis toujours que c’est une équipe comme les autres. Il faut donner le maximum pour l’équipe et réaliser une bonne prestation. Un jour, pourquoi pas, j’opterai pour un grand club.

- Yacine, où vous sentez-vous le mieux, que ce soit avec votre équipe ou en sélection, à gauche ou à droite ? Ou bien, préférez-vous jouer derrière l’attaquant de pointe ?

- C’est simple, je me sens bien derrière l’attaquant, et je l’ai déjà dit auparavant. En même temps, je m’oblige à respecter les choix de l’entraîneur, lequel me fait jouer parfois à droite et parfois à gauche. Toutefois, il ne m’a pas fait jouer encore à mon poste clé et je fais de mon mieux pour m’adapter au poste désigné.

- Il y a huit joueurs ici à Grenade CF qui parlent français. Est-ce que cela vous a servi d’argument vis-à-vis de l’adaptation ?

- Oui, bien sûr, la présence de ces joueurs m’a beaucoup aidé, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Il y a quatre joueurs qui m’ont vraiment aidé sur tous les plans après mon arrivée à Grenade. Il s’agit, entre autres, de Hassan Yebda. Cela me fait un immense plaisir de jouer avec des gars de ma région, et qui parlent la même langue que moi. Je suis reconnaissant envers tous ces joueurs.

- Votre coéquipier Igalo, le Nigérian, qu’on a rencontré dans la zone mixte, souhaite vous affronter lors de la Coupe du monde 2014. Est-ce que vous partagez le même souhait ?

- J’espère déjà que nous allons nous qualifier pour le Mondial et, pourquoi pas, jouer contre eux.

- Passons à l’EN. Le sélectionneur national a établi une liste élargie de 37 joueurs, et cette liste renferme le nom d’un nouvel élément, Aïssa Mandy, sociétaire de Reims. Est-ce que vous le connaissez ?

- Aïssa Mandy, je le connais de nom seulement, pas personnellement.

- Le fait marquant sur la liste élargie qu’a dévoilée le sélectionneur national est le retour de Boudebouz, Djebbour et Ishak Belfodil. Comment jugez-vous cela ?

- La seule chose que je peux dire pour le moment, c’est qu’il y a de bons joueurs dans la sélection.

- Quel est votre sentiment à quelques jours seulement du match crucial face aux Etalons du Burkina Faso ?

- Mon sentiment est identique à celui des millions d’Algériens qui souhaitent voir leur équipe nationale au Mondial brésilien. Moi aussi, je souhaite du fond du cœur qu’on se qualifie à la Coupe du monde 2014 et qu’on représente dignement l’Algérie.

- Est-ce que vous avez ressenti le changement entre l’équipe espoir française et l’équipe nationale A ?

- Oui, il y a une différence entre l’équipe de France et l’équipe nationale d’Algérie, mais cela ne veut nullement dire que j’ai regretté mon passage dans l’équipe de France, surtout que cette expérience m’a appris beaucoup de choses. Concernant mon choix vis-à-vis de l’équipe d’Algérie, c’est un choix du cœur que je voulais faire depuis un certain temps. Je tiens à préciser que je suis très heureux d’avoir choisi de jouer pour l’Algérie.

- Quel est votre constat par rapport aux trois déplacements que vous avez faits avec les Verts en Afrique ?

- Jouer en Afrique, c’est totalement différent par apport à l’Europe. Je reconnais encore une fois que mes déplacements avec l’équipe nationale m’ont permis de découvrir un autre football et une autre mentalité et des terrains différents, même si nous les joueurs de l’équipe d’Algérie, on n’a pas à se plaindre, surtout que la FAF nous a mis dans de très bonnes conditions.

- A l’exception du football et des mentalités différentes, ils vous ont appris quoi les voyages en Afrique avec l’équipe d’Algérie ?

- Je pense qu’il y a en Afrique des gens qui meurent de faim et vivent dans des conditions catastrophiques, cela m’a donné envie d’aider ces gens-là à surmonter la famine et les maladies.

- Yacine, le 19 novembre, c’est pour bientôt et la fièvre du match crucial de l’équipe nationale commence à monter d’un cran, comment appréhendez-vous la rencontre cruciale des barrages face aux Etalons ?

- Tout le monde est au courant de l’importance du match retour contre les Etalons, on n’a pas besoin d’en parler. Le plus important pour nous, c’est d’offrir la qualification à notre peuple qui attend beaucoup de nous.

- Est-ce qu’on vous a déjà parlé des moments euphoriques qu’a vécus le peuple algérien après la qualification de l’EN à la Coupe du monde 2010 ?

- Oui, on m’a parlé de l’euphorie de la qualification et je pense que le fait de penser à ce qui nous attend, on s’oblige à se donner à fond pour rendre notre peuple heureux, pour que lui aussi nous rende heureux à la fin du parcours.

- La présence en masse des supporters durant le match retour pourrait-elle vous mettre sous une grande pression, vous et vos coéquipiers ?

- Je pense que c’est une chose qui peut nous aider et qui va nous aider.

- Est-ce que votre coéquipier Yebda vous a parlé d’Oumdourman et du scénario qu’ils a vécu là-bas en 2009 pour offrir la qualification à l’équipe algérienne et lui permettre de partir au Mondial africain ?

- Il n’y a pas qu’Hassan qui m’a parlé d’Oumdourman, tout le monde en parlait durant les précédents stages de l’équipe nationale. Je pense qu’il faut profiter de l’occasion afin de vivre les mêmes moments nous aussi.

- L’Algérie pourrait abriter la CAN 2019, est-ce que vous et coéquipiers serez assez mûrs pour gagner le titre et offrir la seconde étoile à l’Algérie ?

- Je viens d’apprendre une nouvelle dont je n’étais même pas au courant. Je pense que c’est une bonne chose pour l’Algérie d’abriter un tel événement et j’espère qu’on arrivera à le faire.

- On croit savoir que l’ancien sélectionneur national, Rabah Saâdane, était venu vous voir en 2010 et vous a même proposé d’opter pour les Verts afin de participer à la Coupe du monde 2010, pourquoi avez-vous décliné sa proposition ?

- C’est vrai que j’ai été approché avant la Coupe du monde 2010 par l’ancien sélectionneur national, mais j’ai refusé de venir à cause de l’instabilité que je vivais, surtout que j’étais prêté à cette époque-là, et j’avais besoin d’une situation stable. En plus, il y avait 30 joueurs qui se sont battus pour arriver à la Coupe du monde, je ne me voyais pas venir du jour au lendemain pour prendre leurs places.

- Mais il y a des joueurs qui ont rejoint la sélection après la Coupe du monde…

- Oui, je le sais, mais moi, je ne voulais pas prendre la décision tout de suite, j’ai préféré patienter et attendre le bon moment.

- En toute franchise, qui a été derrière votre venue en équipe nationale ?

- Moi-même, personne d’autre.

- Mais qui vous a sollicité avant votre venue en Algérie ?

- J’avais eu le président Raouraoua, ça fait très, très longtemps, et après, c’est le staff technique qui m’a appelé.

- Est-ce que c’est Halilhodzic qui vous a appelé ?

- Je n’ai pas dit Halilhodzic ou une autre personne, j’ai cité le staff technique, et après j’ai pu parler et j’ai pris la bonne décision.

- Avant que vous ne preniez cette décision, est-ce que vous avez réclamé un délai ou un temps de réflexion à la rigueur ?

- Désolé, mais je ne suis pas du genre qui donne des délais, ni même celui qui réclame le temps de réflexion.

- Quel a été le sentiment de la famille Brahimi après le choix que vous aviez fait ?

- Ils étaient contents, surtout que j’ai opté pour l’équipe de ma patrie, et c’est normal que  tout le monde soit content chez moi.

- Est-ce qu’on parle déjà de la Coupe du monde chez vous ?

- Tout le monde en parle de cette Coupe du monde, pas seulement chez moi, là où il y a des Algériens j’entends ce mot  en France ou ailleurs. En tout cas, là où il y a des Arabes on ne fait jamais l’impasse sur ce sujet, y compris ma famille.

- Ne pensez-vous pas que cette réaction est normale surtout que cet événement se déroule une fois tous les quatre ans ?

- Effectivement, et nous en tant que joueurs on doit saisir cette occasion qui ce présente chaque quatre ans et peut-être plus, voir 8 ou 12 ans.

- Les éliminatoires de la Coupe du monde 2014 ont-elles été difficiles pour l’Algérie ?

- J’avoue que ce n’était pas facile et on a bossé et sué pour atteindre ce match barrage.

- Un dernier mot pour le public algérien avant le jour J…

- On est fiers d’avoir un public pareil et on compte sur son soutien le jour J.

A. D.

 

- «Il faut que je me remette en question à chaque fois»

- «Cette saison est la plus importante pour moi»

- «Je dois travailler un peu plus devant les buts»

- «Un jour, pourquoi pas, j’opterai pour un grand club»

 

 

 

Classement