Feghouli se confie à Compétition : «Au mondial, on n’a rien à perdre…»

Sofiane Feghouli a eu des débuts difficiles avec son club, le FC Valence cette saison. Relégué durant les premiers matchs du championnat sur le banc de touche, le milieu de terrain des Verts n’a pas perdu espoir et a continué à bosser et ça a fini par payer. Néanmoins, et alors qu’il croyait avoir fait l’essentiel en regagnant une place dans le onze rentrant, voilà que le public de Mestalla le siffle, lui qui était son véritable chouchou la saison dernière. «C’est un public exigeant», dira l’international algérien. Mais malgré ces moments difficiles, Feghouli a su relever la tête avec un mental de fer, comme il le dit dans cet entretien et, surtout, en faisant preuve d’un grand sang-froid, préférant s’exprimer sur le terrain pour prouver aux supporters de Valence qu’ils peuvent encore compter sur lui. Certes, le FC Valence occupe la 11e place avec seulement 20 points et à 26 points des deux leaders de la Liga, mais Feghouli avoue que son équipe relèvera la tête et fera tout pour rejoindre le haut du tableau. Dans cet entretien, Sofiane Feghouli évoque aussi le changement d’entraîneur et la reprise qui s’est faite en ce début de semaine et qui se dit comme un nouveau départ pour son team. Il faut dire aussi que si le milieu de terrain des Verts a eu quelques soucis en début de saison, il a bien terminé la première phase en regagnant sa place de titulaire ainsi que l’estime du public. Il se dit en forme et veut réaliser plein de bonnes choses. Bien évidemment, il évoque l’équipe nationale et ses chances lors de la prochaine Coupe du monde. Entretien.

- Vous avez certainement profité de la trêve d’une semaine pour partir en vacances…

- Eh bien, j’en ai profité pour rentrer chez moi, passer du temps après des miens. C’est clair que ça m’a fait du bien de couper. J’ai aussi profité de cette semaine pour subir une opération des dents de sagesse afin d’être prêt pour la suite de la compétition. Je peux dire donc que tout va pour le mieux.

- Une chirurgie concernant vos dents de sagesse afin d’éviter tout genre de bobos, sachant que les douleurs dentaires peuvent donner des soucis au niveau des muscles…

- En fait, cela fait un moment que j’ai des problèmes avec ces dents-là et ça peut éventuellement donner des douleurs musculaires. Par précaution, j’ai préféré traiter cela afin d’être tranquille et ne plus m’en préoccuper pour le reste du championnat.

- Une semaine seulement de repos après 17 matchs de championnat, n’est-ce pas trop peu ?

- Il est vrai que pour nous, les joueurs, avoir seulement une semaine de repos, c’est peu, mais bon, c’est le calendrier qui veut ça et on se doit de le respecter avec à la clé beaucoup de matchs. Mais, en même temps si vous vous arrêtez trop longtemps, vous perdez le rythme.

- Quelle analyse faites-vous du parcours de votre équipe, le FC Valence, sachant que vous êtes à la 11e place à 26 points des deux leaders de la Liga ?

- Cette première partie de la saison a été difficile, car en championnat nous ne sommes pas là où on aurait dû être au classement général. En Coupe d’Europe, on a passé la phase des poules assez aisément, mais la priorité reste le championnat et on va tout faire pour revenir dans le haut du tableau et faire mal aux équipes adverses. Nous avons conscience que cela va être difficile, mais on croit en nous. Il y a un nouvel entraîneur en la qualité de Juan Antonio Pizzi qui est déjà en place et on espère que ça se passera mieux au cours des prochaines semaines.

- Vous évoquez justement la désignation de Pizzi, jeudi dernier, une reprise avec un nouveau coach est-elle synonyme d’un nouveau départ ?

- Quand il y a un nouvel entraîneur, il existe toujours un temps d’adaptation et généralement ça prend un peu de temps. Mais nous, les joueurs, on fera en sorte que les consignes soient rapidement appliquées même si, mentalement, les joueurs redécouvrent une nouvelle façon de travailler et aussi une nouvelle manière d’aborder les rencontres. Mais c’est clair que ça sera un nouveau départ.    

- Depuis que vous êtes à Valence, c’est la plus mauvaise entame de championnat de l’équipe, comment vivez-vous cela ?

- Pour nous, les joueurs, c’est toujours très difficile, car nous sommes les premiers touchés. Nous sommes des compétiteurs et chaque match on le prend à cœur et on a toujours envie de le gagner. Quand ça se passe bien, tout le monde est heureux, mais quand ça se passe moins bien, c’est toujours plus compliqué, mais il faut rester solidaires et ne rien lâcher, car tôt ou tard la roue va forcément tourner. Dans un club comme le FC Valence, la pression est très très grande que ce soit à l’extérieur qu’à l’intérieur du club. On exige des résultats et on n’a pas le droit de se relâcher pour arriver en haut du tableau…

- Beaucoup de changements cette saison au FC Valence…

- Tout à fait, il y a eu un nouvel entraîneur en début de saison, aussi un nouveau président, des joueurs qui sont partis, beaucoup de choses ont changé. Mais bon, durant la trêve, avec l’arrivée du nouveau coach, ça sera certainement plus stable et on va travailler plus sereinement.

- Sur un plan un peu plus personnel, ce n’était pas facile aussi, puisque vous aviez perdu votre place de titulaire en début de saison…

- Avant l’entame de la saison, je m’étais blessé pendant dix jours et je suis revenu juste avant la première journée, je pensais débuter, mais le coach en a décidé autrement. J’ai été aligné lors de la deuxième journée face à l’Espanyol de Barcelone. Nous avions fait un très mauvais match ce jour-là en perdant sur le score de trois buts à un. Suite à cela, il y a eu des rencontres où j’ai joué, d’autres où j’ai été sur le banc de touche, mais c’est la concurrence et les choix de l’entraîneur et il faut savoir les accepter…

- Mais vous terminez cette phase sur une bien meilleure note…

- Tout à fait, dernièrement je suis bien revenu. Je joue et je me sens en forme depuis quelque temps. Ça fait partie de la vie d’un footballeur, commencer la saison en tant que remplaçant et finir en tant que titulaire ou bien le contraire, mais l’essentiel est d’être prêt à chaque fois qu’on fait appel à toi.

- L’année passé, vous étiez l’un des grands chouchous de Mestalla, mais, cette année, le public n’a pas été tendre en vous sifflant lors de certains matchs, comment vit-on ce revirement de le part des supporters ?

- Le public ici à Valence est à mon sens unique. Un public très exigeant.  Quand ça marche, c’est toujours plus facile, mais quand ça va mal, les gens sont frustrés. Peut être bien qu’il n’y a pas un juste milieu, mais ça aussi, ça fait partie du football. En ce qui me concerne, je reste serein en essayant de progresser. Mentalement, il est clair qu’il faut être solide mentalement si vous voulez durer et que rien ne puisse vous déstabiliser. Que le public vous applaudisse ou vous siffle, il faut rester le même et réagir de la même façon avec beaucoup de sang-froid et un certain recul. En tout cas, pour ma part, ça ne change absolument rien sur le fait que je suis très fier d’appartenir à ce grand club qui est le FC Valence.

- Avant la trêve vous avez affronté le Real de Madrid, on vous a vu dans un rôle très défensif notamment sur Ronaldo qui jouait sur votre côté…

- Pour faire un résultat face au Real de Madrid, il est impératif d’être solidaires sur le terrain. Essayer de les bloquer sur les côtés et faire des prises à deux. J’ai essayé d’appliquer les consignes de mon entraîneur en donnant le meilleur de moi-même. Malheureusement, nous sommes passés tout près d’un match nul et c’est dommage d’autant plus qu’il y a eu un but avec une position de hors-jeu. A mon sens, on méritait vraiment ce match nul. 

- Un joueur à vocation offensive comme vous, en défendant comme vous l’avez fait, vous perdez trop d’énergie et, du coup, vous devenez moins lucide ?

- C’est exactement ça, c’est beaucoup d’efforts, car il faut être généreux. Donc, c’est clair que, par moments dans un match, on peut être amené à être moins lucide. Mais nous avons eu des occasions, nous aurions pu gagner ou au moins faire match nul contre le Real de Madrid.

- On vous a vu discuter avec Cristiano Ronaldo en fin de match, qu’est-ce que vous vous êtes dit ?

- La vérité, je ne me souviens pas trop, en tout cas rien de particulier, c’est certain.

- On va parler un peu de l’équipe nationale. L’Algérie hérite de la Belgique, de la Russie et de la Corée du Sud, votre avis sur ce groupe ?

- Ce groupe, je le vois compliqué et là-dessus il ne faut pas se mentir. On sait que la Belgique est l’une des meilleures équipes au monde actuellement. La Russie, je crois qu’elle n’a pas perdu de match durant les qualifications avec un entraîneur de renommé internationale. Quant à la Corée du Sud, elle fait toujours de bons parcours lors des coupes du monde avec notamment des joueurs très dangereux. Certains d’entre eux évoluent en Allemagne et ont de très grandes qualités. Une chose est sûre, on n’a rien à perdre et il faudra jouer avec une grosse générosité comme on l’a toujours fait et, incha Allah, avec un peu de réussite, on pourra réaliser quelque chose et, pourquoi pas, passer ce tour.

- Connaissez-vous des joueurs des trois sélections de notre groupe ?

- J’ai joué face à pas mal de joueurs belges. Les joueurs russes qui me viennent à l’esprit, il y en a pas vraiment, mais beaucoup évoluent au Zénith Saint Petersburg et, de ce fait, ils ont joué la Ligue des champions. Pour ce qui est de la Corée du Sud, il y a l’attaquant du Bayern Leverkusen (Son Heung-Min) qui flambe pas mal, ainsi que deux ou trois autres joueurs qui évoluent en Europe et qui ne sont pas mal aussi. Une chose est sûre, ils ont un gros collectif les Sud-Coréens.

- On aurait pu jouer face au Portugal le 5 mars prochain, mais, finalement, ça sera la Slovénie. Vous, en tant que joueur, êtes-vous déçu de ne pas affronter le grand Portugal ?

- Personnellement, je ne joue pas des matchs amicaux pour faire un match de gala. On joue un match amical pour apprendre et pour gagner en expérience. Si la Slovénie a été choisie, c’est que le coach a de bons arguments. De notre côté, on se préparera et on jouera cette rencontre avec beaucoup de sérieux en tentant de remporter cette rencontre.

- Trois matchs amicaux, peut-être un quatrième au Brésil, pensez-vous que ça sera suffisant pour être prêts pour la Coupe du monde ?

- Cette équipe nationale a déjà fait une CAN ensemble. Nous avons passé plusieurs mois ensemble. Je dirais qu’à présent l’équipe se connaît, et faire un mois de plus, je ne sais pas si ça va servir à grand-chose. A mon sens, ce qu’il faut, c’est surtout jouer des matchs amicaux afin d’avoir plus d’automatismes. Donc, disputer quatre matchs amicaux, c’est vraiment très très bien. Maintenant, il est clair qu’il ne faudra pas jouer face à des équipes africaines, mais d’autres continents.

- Le plus grand souci du sélectionneur national et il ne rate pas une occasion pour le rappeler est le manque de compétition des joueurs. A votre avis, ce paramètre sera-t-il un handicap ?

- Le manque de compétition en Afrique ça peut passer, mais sur le plan mondial, il ne faut pas se mentir, ça ne passera pas. Les joueurs qui manquent de compétition, il est clair que c’est un gros problème et c’est aux joueurs de faire plus au sein de leur équipe. Les joueurs algériens qui évoluent en sélection et qui n’ont pas de temps de jeu, on voit bien qu’ils sont sérieux, car ils répondent toujours présents en équipe nationale, mais en Coupe du monde, ce paramètre ne sera pas un avantage pour nous, car contre de grosses sélections, ça se verra certainement.  

- Votre sentiment quand le coach affirme que l’Algérie est l’une des plus faibles équipe de cette Coupe du monde…

- Je pense que le coach a raison de dire ça, car, lorsque vous regardez les joueurs de notre équipe nationale et que vous analysez, trois seulement jouent dans de grands clubs, d’autres évoluent en Algérie et certains jouent dans des championnats qui ne sont pas de très haut niveau. Donc, sur le papier, nous ne sommes pas une grande sélection et, de ce fait, l’Algérie ne fait partie des acteurs principaux de cette Coupe du monde. Maintenant, on sait que l’équipe est jeune avec un fort potentiel, mais, pour la Coupe du monde 2014, il ne faut pas se voiler la face, l’Algérie fait partie des petits poucets et ça pourrait être un avantage, car elle ne sera pas prise au sérieux et on peut créer l’exploit.   

- Justement, Capello, que nous avions rencontré lors du tirage au sort, nous a clairement dit que cette fois-ci il se méfiera des Algériens…

- Bien sûr, Capello fait dans la communication. Moi, par exemple, dans mon club, je sais comment l’Algérie est perçue. Aussi, quand je parle avec mes coéquipiers de la sélection, je sais comment l’Algérie est perçue dans d’autres championnats. C’est vous dire que personne ne connaît le footballeur algérien et la vérité est là et il faudra aller en Coupe du monde justement pour démontrer que nous avons notre quota dans le football mondial. 

- Pour la deuxième partie du championnat, pourrons-nous nous attendre à voir le Feghouli de la saison passée ?

- Sincèrement, je me sens bien et je me sens en forme. Cette coupure m’a fait du bien et je suis d’attaque pour réaliser de grandes choses.

- Vu que nous sommes en fin d’année, quel a été pour vous le meilleur et le plus mauvais souvenir de cette année 2013 ?

- Eh bien, mon meilleur souvenir et sans la moindre hésitation est notre qualification pour la Coupe du monde après tant d’efforts et de sacrifices. Cet objectif me tenait à cœur depuis que j’ai rejoins la sélection. Mon projet avec tout le reste des joueurs était de remettre l’équipe nationale sur les rails. Concernant mon plus mauvais souvenir, je dirais peut-être que c’est le fait de ne pas être passé en Ligue des champions contre le PSG.

- Que souhaiteriez-vous pour la nouvelle année 2014 ?

- Décrocher une place en Ligue des champions avec mon club, même si j’ai conscience que ça sera difficile cette saison. J’estime que la Ligue des champions est le rêve de tout footballeur et, pourquoi pas, la gagner un jour pour rentrer dans l’histoire du football algérien.

Asma H. A.

 

 

 

       

 

  

 

 

 

 «Au Brésil pour passer le 1er tour»

«Nous petit poucet ? C’est plutôt un avantage»

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«Le manque de compétition en Afrique ça passe, mais pas en Coupe du monde»

«Quand Mestalla m’a sifflé, je me devais d’être fort mentalement»

«Ma discussion avec Ronaldo, rien de particulier»

«Je me sens en forme, d’attaque pour réaliser de grandes choses»

 

 

 

 

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