Raouraoua dit tout

Raouraoua défend ses projets et argumente ses choix.

Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football, qui a été l’invité du premier forum de la chaîne télé privée Dzaïr TV, animé par notre confrère Ryad Belkhedim. Ce nouveau programme, très réussi, il faut le dire, est une première pour une chaîne télé privée. Jusque-là, seule l’ENTV a eu l’ingénieuse idée d’organiser des forums de ce genre et de cette dimension. Ont répondu présents à l’invitation de Dzaïr TV les journalistes de la presse écrite spécialisée et généraliste, la Radio  nationale, 2 entraîneurs nationaux, Biskri et Achouri, le président de la Ligue professionnelle, Mahfoud Kerbadj, le DTN Saïd Haddouche et  son adjoint chargé de la formation Taoufik Kourichi et enfin le responsable media à la FAF, Adel Hadji. Professionnalisme, formation, arbitrage, Equipe nationale, Halilhodzic, plafonnement des salaires… Les débats furent enrichissants et intéressants, tout comme l’étaient les informations, précisions et aussi les réponses de l’invité de marque de ce Forum, Mohamed Raouraoua, aux questions des journalistes présents à ce rendez-vous.

 

Professionnalisme et formation

 

«Si c’était à refaire, je recommencerai avec 32 clubs»

 

La première partie de ce rendez-vous a été consacrée exclusivement au football local. Professionnalisme, fonctionnement des clubs, leurs finances ainsi que le fameux projet de plafonnement des salaires des joueurs professionnels, Raouraoua a fait le tour de la question en argumentant ses dires et ces décisions par des statistiques et des chiffres faits par le spécialiste en la matière auprès de son instance. Quant au projet cher à Mohamed Raouraoua, le professionnalisme en l’occurrence que beaucoup de présidents, entraîneurs et spécialistes voient comme un échec total, le président répondra : «Ce n’est pas à moi de juger mon bilan ou mon travail, mais laissez-moi vous dire une chose : nous avons aujourd’hui 200 000 joueurs licenciés, 2 033 clubs et 357 associations sportives qui ne s’occupent que de la formation à travers le pays et ça, à mon avis, est impressionnant. Aucun pays en Afrique ou même en Asie ne présente des chiffres égaux ou supérieurs aux nôtres. Nous avons 113 clubs, sans compter ceux des divisions inferieures à la régionale, rien qu’à Alger pour combien de stades, formateurs et entraîneurs qualifiés ? Je vous laisse le soin d’imaginer le paradoxe. La plupart des stades homologués ne répondent pas aux normes exigées, aucune équipe, sauf celles de l’élite, ne dispose dans son staff d’un préparer physique et j’en passe…C’est pour dire que la tâche n’est pas facile, beaucoup de travail a été fait et reste  à faire. Nous travaillons dur pour améliorer tout ça, pas la peine de vous dire que cela exige du temps mais aussi beaucoup de moyens financiers et surtout  humains… »

«On ne peut pas parler de formation sans infrastructures»

 

A propos de la formation et du travail qui est en train de se faire à la FAF à travers sa DTN, Mohamed Raouraoua dressera un bilan noir, sans pour autant hisser le drapeau blanc. «On ne peut pas parler de formation sans infrastructures ! Je vais vous donner un petit exemple et faites la comparaison vous-mêmes. L’Allemagne compte 1,3 million de licenciés. Vous savez combien de stades il y a dans ce pays ? 26 millions. La formation, c’est facile à dire qu’à faire. Beaucoup parle et disent qu’il faut revenir à la formation, d’accord, mais où et par qui ? Vous savez, le football ne vit pas sans argent. Si les autres pays ont réussi dans ce domaine c’est grâce à un environnement économique favorable. Quand j’ai lancé ce projet, j’ai dit qu’il faut du temps, et bien laissez-nous le temps nécessaire avant de nous juger», dira-t-il avant de répondre à une question d’un collègue : «Si c’était à refaire, je relancerai le professionnalisme avec 32 clubs et non 8 ou 6 et je vais vous dire pourquoi. Les clubs qui se sont engagé à suivre le cours des choses et qui n’ont pas pu le faire ensuite peuvent toujours redevenir amateur et ça sera le cas de plusieurs d’entre eux en L2. Pour revenir à la formation, je dois vous informer que 8 pôles de formation seront installés à travers le pays, avec des centres comme celui de Sidi Moussa. Mon vœu le plus cher est de voir les fameux centres de formation naître le plus tôt possible pour donner à nos enfants une formation de base solide et efficace.»

 

A. B.   

 

Financement des clubs et plafonnement des salaires

 

«90% des budgets des clubs représentent la masse salariale, ce n’est pas normal»

C’est un sujet auquel Raouraoua a accordé beaucoup d’importance et de temps. Le plafonnement des salaires et le financement des clubs. «Il faut d’abord rappeler que tous les clubs algériens, sans exception, sont déficitaires. Les sources financières restent les aides de l’Etat, l’argent des droits télé qui est distribué selon le classement du club et enfin les sponsors notamment les opérateurs de téléphonie mobile. La moyenne des dépenses des clubs de L1 est de 33 milliards/an, 10 milliards pour la Ligue 2 et sachez messieurs que 90% de ce budget va aux salaires des joueurs ! Ce n’est pas normal. Il faut absolument réduire les dépenses. Autre chose. Les équipes utilisent 17 à 18 joueurs par an, pourquoi en payer 25 ?» S’interroge-t-il.

 

«Les joueurs ne sont pas de super citoyens, il faut qu’ils payent leurs impôts et cotisations. A partir de janvier, la fiche de paye est obligatoire»

Pour ce qui est du plafonnement des salaires, Mohamed Raouraoua dira : «Tout d’abord, le joueur concerné par cette mesure doit comprendre que l’approbation du projet est dans son intérêt et je vais vous dire pourquoi. Le joueur est super bien payé aujourd’hui, mais est-il sûr d’encaisser cet argent ? Non. Est-il assuré ou protégé par la loi ? Non plus. Avec cette nouvelle loi, le joueur aura un salaire qui semble inférieur à ce qu’il touche aujourd’hui, mais par contre, il est sûr qu’à chaque fin de mois, il verra son compte bancaire renfloué. Il aura droit à des fiches de paye, il payera ses impôts et cotisera pour sa retraite. Tous les paiements doivent être effectués soit par chèque ou virement direct. Plus d’espèce, plus de magouille et plus de vol. On doit rentrer dans la légalité. Et puis je dois ajouter une chose : les joueurs ne sont pas de super citoyens ! Pourquoi ne paieraient-ils pas les impôts ? Je ne suis pas contre le paiement des joueurs au contraire. La chambre des litiges que j’ai installé a récupéré des milliards pour des joueurs et entraîneurs non payés par leurs clubs…»   

A. B.   

L’arbitrage : «On ne sanctionne que les erreurs qu’on juge volontaires»

Jamais les arbitres n’ont été aussi critiqués par les présidents, entraîneurs et joueurs qu’ils ne le sont depuis 2 ans. Interrogé à ce propos, Mohamed Raouraoua dira : «Je suis heureux que vous m’ayez posé cette question. Ecoutez, le système de formation de nos arbitres n’est pas moderne, et c’est dans ce sens que nous comptons former 5 000 arbitres avec un autre système que nous allons mettre en place qu’on pense plus efficace. J’ai parlé avec le ministre de la Formation professionnel et je lui ai proposé d’introduire cette spécialité dans son secteur. Nous allons rajeunir le corps arbitral et cette fois-ci, nous serons plus exigeant dans notre sélection. »   

«Tous les arbitres commettent des erreurs»

Pour ce qui est des arbitres suspendus et ceux qui ne le sont pas encore, le boss de la FAF dira : «On ne sanctionne que les erreurs que la commission chargée du suivi des arbitres juge volontaires, graves. Nous avons des vidéos et des moyens pour le faire. Pour ce qui est des autres erreurs d’arbitrage, les dirigeants des clubs doivent comprendre que tous les referees dans le monde en commettent. Ce sont des êtres humains ! Je leur demande donc de faire preuve de plus de sagesse et de compréhension.»

A.B.

 

Participation des clubs aux compétitions continentales

 

«L’ESS participera à la C1 au moment où ses joueurs ne sont pas payés depuis 5 mois !»

 

«La participation des clubs est du ressort de leurs dirigeants et non de la FAF. Mais laissez-moi quand même vous dire une chose, nos clubs n’arrivent même pas à assurer les salaires des joueurs. L’ESS qui a choisi de participer à la C1 n’a pas payé ses joueurs depuis 5 mois ! Et puis, il y a autre chose, c’est une année exceptionnelle. Le championnat se terminera le 18 mai. On ne peut pas reporter des matchs et les clubs ne peuvent pas aligner deux équipes conquérantes le même jour. Pourquoi s’acharner à faire ce qu’on ne peut pas faire ? Dans le même sens, je dois vous dire que l’USMH qui a retiré son dossier de participation devra payer une amende à la CAF pour n’avoir pas fait les choses à temps. Aussi, je dois ajouter que dorénavant seuls les clubs qui ont des licences FIFA auront le droit d’y participer. L’Algérie compte 4 club ayant rempli le cahier des charges, l’ESS, l’USMA, le CSC et le MCA.»

 

Classement