Le directeur technique national, à savoir Saïd Hadouche, comme Toufik Korichi, a pu suivre la rencontre entre la Belgique et la Côte d’Ivoire. Il est l’Algérien le mieux placé pour parler des deux sélections, lui qui a fait partie de la DTN belge pendant de nombreuses années, il est aussi établi dans ce pays, il connaît donc parfaitement l’environnement et peut énormément aider Vahid à établir son plan.

Korichi avait une mission bien précise, Haddouche aussi, puisque ce dernier et à travers une interview accordée hier à l’émission «Houdjoum Mouakis» de la Radio internationale, a expliqué certains détails relatifs au jeu des Belges, il se dit ébahi par le bloc belge. «Ce fut un match où la Belgique a plus montré de cohésion en première période, presque avec son onze titulaire avec Courtois, Van Buyten et Kompany, ils avaient leurs automatismes en défense et une certaine rigueur», a-t-il dit d’emblée.

 

«Leur jeu commence à partir des 30 mètres»

Au milieu, Fellaini et Witsel ont récupéré beaucoup de ballons, mais on sentait une grande force qui se dégageait de cette équipe de plus en plus expérimentée. Les Ivoiriens n’ont quasiment pas pu inquiéter Courtois au premier half, car les Diables rouges ont un milieu de terrain assez dense, et puis, leur projet de jeu se base sur une animation qui commence des 30 mètres loin de sa propre zone de réparation, ils y attendent l’adversaire et sortent avec des contre-attaques en se basant sur Miralas et le joueur de Naples, à savoir Mertens, sur les côtés et Benteke en attaque, au moment où Fellaini les soutenait au milieu du terrain.»

 

«Ils récupèrent très bas»

La force de l’équipe belge est leur bloc défensif, mais ce dernier a été ébranlé par des changements peu judicieux effectués par Wilmots. «Il s’est créé beaucoup d’occasions en première période, mais en seconde mi-temps, l’équipe a perdu la force de son bloc, car la force de cette équipe belge a toujours été la récupération en bloc et assez basse, et sortir rapidement, les Belges savent utiliser les espaces, et cela a créé des problèmes énormes aux Ivoiriens.

 

 

«Il faut les priver des espaces»

«En seconde mi-temps, Wilmots a effectué des changements, il a fait entrer Lukaku, et puis Eden Hazard n’a pas commencé le match et n’a joué qu’une vingtaine de minutes, sur demande de Mourinho. Il faut être prêts 4 mois pour tenter d’être à la hauteur, leurs attaquants, comme le faisait le trio Di Mari Ozil et Ronaldo au Real en carburant à plein régime, sont très vifs, il faut face à eux une reconstitution du bloc très rapide pour les priver des espaces.»

 

«Même la vitesse des Ivoiriens n’a pas fait bouger leur bloc»

Bien en place avec un onze titulaire bien huilé, les Belges ont réussi une bonne première mi-temps, les changements ivoiriens jumelés à ceux de Wilmots les ont fait douter. «Lamouchi a voulu jouer avec les joueurs rapides comme Gervinho, Kalou ou encore Yaya Touré, mais ils n’ont rien pu faire au début, car les Belges ont joué en bloc et n’ont rien laissé passer, il y avait de grands gabarits et le bloc-équipe a pris le dessus. Par contre, en seconde période, quand elle a changé ses joueurs, l’équipe a perdu sa force, il y avait moins de coordination entre les lignes. Ajoutons à cela l’entrée de Drogba qui a métamorphosé le jeu des Eléphants.»

 

«Le repli défensif rapide, une nécessité»

Pour le directeur technique national, il faut absolument travailler certaines choses lors du prochain stage, il veut voir l’EN apprendre à diminuer les espaces, une mission difficile car celle-ci a besoin de joueurs très vifs. «Il faut s’habituer à jouer des blocs pareils, il nous faut un maximum de cohésion pour pouvoir le malmener, tout en étant très rapide et vif pour effectuer un repli défensif rapide et les priver de profiter des espaces.»

 

«Face aux Slovènes, le collectif a bien répondu»

Haddouche a aussi suivi le match des Verts, il note avec satisfaction certaines notes concernant la conservation du ballon, la venue de Bentaleb y est sans doute pour quelque chose. «Bentaleb sait garder et passer le cuir, on a fait un progrès de ce côté-là, dans le domaine de la conservation, et l’évolution du jeu vers l’avant, il faut encore des rencontres pour augmenter la vitesse, l’envie de dominer était visible, et le collectif a bien répondu.»

 

«Le jeu est plus équilibré, la défense plus calme qu’avant»

La satisfaction du milieu du terrain n’était pas la seule, la défense était plus calme et le jeu plus équilibré. « Il y avait un équilibre, la défense était calme, car il y avait pas de précipitation dans la construction. »

 

«Plus de matches pour plus de vitesse dans le jeu»  

Pour faire face au bloc défensif de n’importe quelle sélection, le DTN de la FAF affirme que les Verts ont de bonnes individualités qu’il faut travailler pour atteindre un jeu plus rapide. Pour lui, il n’y a pas 36 000 solutions pour y parvenir. «Il faut être patient avec cette équipe, on a des jeunes d’avenir, individuellement, on a de très bons joueurs, comme Feghouli et Brahimi, mais collectivement, il faut encore du temps, il faut un projet de jeu, et puis il faut plus de vitesse dans le jeu, et ce n’est qu’avec des matches qu’on peut s’améliorer.»

 

«La Corée joue la profondeur»

L’ancien membre de la DTN belge n’a pas manqué de suivre la prestation des Coréens contre la Grèce, il en tire des enseignements. «Ils n’ont pas de rigueur défensive, mais offensivement, ils jouent bien, ils font de courtes passes et jouent la profondeur. Il faut qu’on évolue en bloc défensif et sortir ensemble avec le ballon, et il faut permuter pour assurer la couverture, il faut travailler encore ça pour s’ouvrir des espaces. On a des joueurs pour ça, mais il faut patienter pour atteindre ce but», dira Haddouche avant d’enchaîner : «Les résultats ne doivent en aucun cas nous renseigner sur quoi que ce soit, on doit se préparer sans se soucier des résultats qui peuvent nous tromper.»

 

«Ça sera une Coupe du monde avec un très grand niveau, mais…»

Malgré les satisfactions et les remarques notées sur le jeu de l’EN et celui des Belges, Haddouche, qui s’attend à une Coupe du monde avec un niveau élevé, n’oublie pas qu’une blessure ou une fatigue de tel ou tel joueur pourrait peser dans la balance. «Il y a encore presque 4 mois de préparation, il se pourrait que la donne change avec des joueurs qui peuvent se blesser, des éléments fatigués, mais je suis confiant, on assistera à un Mondial d’un haut niveau», conclura-t-il.

S. M. A.