Que se passe-t-il à la JSMB ?
Je peux dire que l’heure est grave. On est plus proche d’une relégation que du maintien. On n’arrive pas à relever la tête. C’est le cas depuis le début de saison. On essaie de se mettre debout, mais on finit toujours par retomber. On n’arrive pas a se remettre sur les rails.
Et pourquoi donc ?
Je pense que c’est un cumul de problèmes et d’erreurs qui nous ont conduit à cela. En tous les cas, il y a beaucoup de paramètres qui ont fait que cette saison la JSMB réalise un parcours cauchemardesque.
Et peut-on connaître ces paramètres ?
D’abord, il y a ce changement d’effectif, ensuite on a procédé à des changements d’entraîneurs, et, enfin, ce fut au tour des dirigeants de nous abandonner. Soit une série de coups qui ont fini par avoir raison du club et avec cette conséquence logique et implacable que sont les résultats négatifs enregistrés depuis l’entame de cet exercice.
Tout cela a conduit à cette situation et encore, on peut s’estimer heureux d’avoir encore actuellement un brin d’espoir de maintien et vous savez grâce à qui ?
Non…
Les joueurs. Ils font tout pour s’accrocher à ce petit espoir de maintien. Certains, à leur place, auraient abandonné surtout quand on se rend compte qu’on se bat tout seul pour ce club.
Comment cela ?
J’ai comme l’impression que nos dirigeants nous ont lâchés. On est seuls. Il y a un ou deux qui sont là, mais les autres on ne les voit pas. On dirait que ce club ne les intéresse plus, alors que c’est dans ces moments que la JSMB a plus besoin d’eux, pas quand on gagne. Là, ils sont tous heureux et font semblant d’être les artisans du succès.
A ce point…
Oui. On dirait que ce club ne fonctionne qu’avec l’entraîneur et ses joueurs, après c’est le vide. Aucun soutien, aucun réconfort, aucune assurance. La JSMB est délaissée par ses dirigeants.
Vous paient-ils au moins. Vous recevez vos salaires et autres primes ?
Les primes haha…(il rit). Il faut d’abord qu’on gagne pour les recevoir. Non, soyons sérieux. Dieu merci, sur ce plan on est plus ou moins satisfaits même si nos salaires arrivent tout de même en retard.
Donc, vos dirigeants sont absents…
Oui, une absence totale que je dirais.
Tiab et Redjradj sont démissionnaires, dit-on…
Franchement, je ne suis pas trop cela. Je sais qu’il y a des dirigeants qui sont partis sans raison et d’autres qui sont là, mais invisibles car on ne les voit pas du tout.
Donc, vous êtes seuls dans cette mauvaise passe…
Il y a la présence de nos supporters, les vrais, qui viennent nous soutenir et nous apporter leur aide. Ils tentent tant bien que mal de nous remonter le moral à chaque fois que c’est possible.
Et c’est quoi l’issue à ce cauchemar…
Je ne vois aucune, sauf qu’on va continuer à s’accrocher au maintien. Je ne vous cache pas que la victoire face au MOB nous a redonné de grands espoirs mais la défaite deux jours après face à l’USMH nous a brisé ce rêve. On était sur un nuage, alors que chaque rendez-vous qui nous attend ressemble à un match de coupe qu’on doit remporter coûte que coûte
Selon le calendrier du championnat qui vous attend, comment voyez-vous l’avenir de la JSMB, peut-elle se maintenir ou descendra-t-elle ?
En toute franchise, on a encore 50% de chances de se maintenir. Tout dépend de nous et… des arbitres aussi, car, comme face à l’USMH, on n’a pas été arbitrés à la loyale je pense. Ce jour-là, il y avait beaucoup d’erreurs contre nous. Il a beaucoup avantagé l’USMH.
Et c’est ce que vous craignez le plus…
Pas uniquement. On aura affaire aussi a des équipes qui vont jouer leur maintien en championnat. Il y aura Aïn Fekroun, le CRB, le MCO et puis il y a aussi l’USMA qui joue le titre qu’on va croiser. Ce ne sera pas facile, mais on s’accroche comme je l’ai dit. On va continuer de le faire. On ne va pas abandonner la bataille. On va continuer à se battre.
Vous ne voulez pas baisser les bras…
Et pourquoi voulez-vous qu’on le fasse ? On est des compétiteurs et on entre sur le terrain pour gagner. Si on n’est pas animés par cet état d’esprit autant rester chez soi à la maison et attendre son sort les bras croisés.
Si on a bien compris, c’est plutôt au mental que ça n’a pas marché pour cette équipe de la JSMB…
Pas uniquement. C’est vrai que sur le plan psychologique, on n’a pas su se remettre de nos défaites mais je dirais que les dirigeants ont une grande responsabilité dans ce qui nous arrive…
Parce qu’ils ne sont pas présents avec vous…
Pas uniquement ça. La politique qu’ils ont menée depuis deux ans nous a amenés à cette situation. Vous savez qu’en deux ans on a perdu toute une équipe, celle qui se classait toujours sur le podium et qui faisait d’excellents parcours en coupe et même en Afrique. Je suis désolé, on ne libère pas autant de joueurs en un temps aussi court et surtout sans pouvoir les remplacer par d’autres de même valeur.
C’est peut-être la crise financière qui est derrière cette politique de rajeunissement, non ?
Je comprends, mais il fallait procéder d’une autre manière. C’est beau qu’un club rajeunisse son effet, mais il faudrait qu’il garde ou ramène deux ou trois joueurs d’expérience pour faciliter la transition. C’est ça la grande erreur, à mon avis.
C’est la politique de Saâdi que vous remettez en cause…
Ce n’est pas de la faute de Saâdi. Cet entraîneur est arrivé et avait sa conception des choses. Je suis sûr qu’il n’avait pas eu ce qu’il voulait. Après, même si les résultats n’on pas suivi je pense qu’on aurait dû lui faire confiance.
Mais il y avait eu cette raclée à Sétif…
Oui, mais ça fait partie du foot. On ne va pas remettre en cause les compétences de cet entraîneur. Ce chamboulement à la barre technique du club nous a fait du tort.
Même l’arrivée de Djabour n’a pas arrangé vos affaires...
Le problème de Djabour, c’est qu’il est arrivé dans un championnat qu’il ne connaît pas. Il a été surpris par la mentalité des joueurs algériens. Cela ne l’a pas beaucoup aidé.
Et comme c’est souvent le cas à la JSMB, il y a Hamouche qui joue les pompiers…
Hamouche, c’est un ami et c’est quelqu’un qui sait ce qu’il fait. En dépit des problèmes qu’il a eus avec la direction, il répond toujours présent. C’est un brave type qui fait du bon boulot en plus.
En 2014, votre contrat signé en 2009 avec la JSMB prendra fin….
J’espère que je le terminerai en restant avec ce club en L1. J’ai vu de belles choses à la JSMB, j’ai été 4 fois vice- champion d’Algérie, finaliste de la coupe de l’UNAF et plusieurs fois 3e. Je ne souhaite pas terminer mon contrat sur une fausse note.
A bientôt 37 ans, comptez-vous rester ou raccrocher les crampons ?
Je pense qu’il me reste encore un an ou deux à tirer du foot, je me sens encore en mesure de le faire. Je pense que je vais continuer.
A la JSMB ou ailleurs ?
Je l’espère à la JSMB.
Même si elle évoluera en L2…
Même si elle rétrograde, je resterai, sauf si on ne veut plus de moi..
Vous songez à votre reconversion…
Oui, entraîneur, ça me tente. J’ai déjà passé le 1er degré, je souhaite que la FAF soit un peu clémente avec nous les anciens internationaux. Il y en a parmi nous qui ne savent ni lire ni écrire, qu’on les aide, car on a besoin de leur vécu.
Des regrets dans votre carrière…
Non, aucun. Je suis fier de ce que j’ai fait.
La JSK va jouer la finale de la coupe d’Algérie le 1er mai, un mot peut-être pour vos successeurs au club….
Qu’ils oublient le 3 à 0 du championnat, car le 1er mai, c’est un autre match qu’ils vont jouer. Je suis de tout cœur avec eux et je souhaite que la JSK gagne cette coupe.
H. B.
20 ans de fidélité au foot
Entamé en 1994 à la JSK, la carrière de Zafour Brahim a été exemplaire sur tous les plans. La particularité de ce solide défenseur, c’est qu’en 20 ans de pratique footballistique, il n’a connu que deux clubs en Algérie, la JSK et la JSMB. Avec ce dernier, il va boucler ses 6 ans. Entre les deux, le joueur a fait une transition par le championnat du Qatar. Il a défendu les couleurs d’Al-Siliya pendant 2 ans avant de revenir en Algérie.
Ajaccio et le Mans le voulaient
Au sommet de sa forme, notamment au début des années 2000, Zafour avait reçu de bonnes propositions de deux clubs français, l’AC Ajaccio et le Mans. Il était à deux doigts de partir en France s’il n’y avait pas eu ce veto de Hannachi qui l’a retenu, car il avait besoin de lui. Le président de la JSK a vu juste. Son défenseur capitaine lui a ramené lui et ses coéquipiers trois coupes de la CAF. Un record dans les annales des clubs africains.
BIO
Brahim Zafour est né le 30 novembre 1977 à Tizi Ouzou en Haute Kabylie. Il joue actuellement au poste de défenseur à la JSM Béjaïa. Il a participé à la coupe d'Afrique des nations de football 2002/2004 avec l'équipe d'Algérie. Après 10 ans passés à la JSK (1995-2005), il a rejoint Al-Sailiya (Qatar) où il est resté une année avant de retourner dans son club. Il quitte en 2008 la JSK pour aller à la JSMB où il joue toujours. Brahim Zafour a tout gagné avec la JSK : champion d'Algérie en 2004 et 2008, vice-champion d'Algérie en 2002, 2005 et 2007, vainqueur de la coupe de la CAF en 2000, 2001 et 2002 et finaliste de la coupe d'Algérie en 1999 et 2004 avec la Jeunesse sportive de Kabylie. Son seul exploit avec la JSMB était la finale de la coupe nord-africaine des vainqueurs de coupe en 2009.