Tout d’abord, un bilan sur vos premiers mois au MCO…
Disons que je n’ai pas encore atteint mes objectifs, je dois reconnaître que je ne suis pas en pleine forme. Pour retrouver mon top niveau, je dois bosser encore plus, mais il faut reconnaître qu’il y a des facteurs qui font que je ne sois pas à 100% de mes moyens.
Lors de votre présentation à la signature du contrat avec le MCO, vous aviez placé la barre un peu plus haut en évoquant même un retour imminent en équipe nationale. Finalement, vous êtes loin de vos prévisions…
J’avoue que c’est plus difficile que je ne le pensais, je découvre avec le temps les difficultés du championnat d’Algérie, avec des terrains en mauvais état, lesquels n’ont rien de comparable avec ceux que je foulais en Europe. Aussi, j’ai eu le malheur de me blesser dès ma première rencontre officielle (ASO-MCO 2/0), une blessure malvenue, car, dans ce match, tous les regards étaient braqués sur moi. Vous imaginez ma frustration de rater mes débuts à cause d’une blessure à laquelle je ne m’attendais pas, vu que j’ai préparé pendant des semaines mon retour à la compétition. En fin de compte, j’ai été contraint de quitter le terrain au bout de 45 minutes.
De tels imprévus vous poussent à changer d’objectifs…
Maintenant, mon but est de finir la saison tout en gardant, bien entendu, le moral. Seulement, je suis surpris qu’ici en Algérie, on dirait que toutes les choses sont compliquées ! De la vie de tous les jours, au football, on est loin des conditions de travail minimales pour faire convenablement son boulot. A entendre les gens parler de professionnalisme, je dirais qu’on est encore à des années… lumière du vrai professionnalisme. Là, je précise, je ne parle pas uniquement de ce qui se passe au MCO.
Mais au MCO, c’est encore plus particulier…
Je n’aime pas faire de la politique ou des jugements, voire de chercher des excuses pour justifier mes performances, mais quand on a évolué comme moi dans le haut niveau en Allemagne, forcément on est déçu de faire un tel constat avec un tas de difficultés qu’on confronte quotidiennement. Après, c’est facile de juger les joueurs en les critiquant.
Hameur Bouazza, n’a tenu que quelques semaines à l’ESS avant de claquer la porte…
Bouazza, qui est un père de famille, je ne peux pas m’immiscer dans ses affaires, cependant, quand on s’aperçoit qu’il jouait avec l’ESS des matches en Afrique noire (Ligue des champions) où le contexte est pire et qu’à la fin il se retrouve confronté à un différend financier, virement de salaires en retard, il a fini par craquer. Je pense que ce cas n’a pas été géré comme il se doit, c’est pour cette raison que Hameur s’était résolu à quitter l’ESS prématurément. Dommage.
En optant pour un club du pays, vous étiez censé connaître le fonctionnement et le mode de gestion de nos clubs, non ?
Franchement, j’étais loin d’imaginer que le football est comme ça en Algérie, dans tous les stades, les supporters profèrent des insultes et autres mots grossiers qui n’ont rien avec notre éducation en tant que musulmans. Hormis la galerie du MOB qui m’a impressionné par sa façon de soutenir son équipe, partout, où on a joué, c’était une ambiance électrique. Tiens, on m’a dit que la pelouse de Constantine est d’une grande qualité, sincèrement, ce n’est pas l’impression lorsque récemment on a foulé cette pelouse, même lorsque je jouais en minimes en France, on évoluait sur des terrains impeccables.
Il faut s’adapter à ce nouvel environnement…
Je ne cherche pas à m’adapter, vu l’absence des trucs basiques, je dois faire l’effort en oubliant d’où je viens, c’est une situation inédite pour moi, vous comprenez.
Le professionnalisme en Algérie, c’est finalement de la poudre aux yeux…
C’est le cas de le dire, aucun joueur ne va tout même penser le contraire, hormis et là, je ne suis pas sûr de ce que j’avance, l’USMA qui est bien structurée, tous les autres clubs vivent encore dans l’amateurisme.
On sent une frustration dans vos propos…
Ecoutez, maintenant, je ne vais pas faire marche arrière, j’ai fait un choix, je dois l’assumer entièrement. Certes, je ne perds pas mon temps au MCO, je continue à travailler sérieusement afin d’atteindre les objectifs du club. Pour les miens, on verra après.
Il n’y a pas si longtemps, il était vraiment impensable de vous voir jouer en Algérie…
J’étais dans une situation où il fallait faire un choix, certes, j’ai reçu des offres de France et d’Allemagne, mais elles étaient en deçà de ce auquel j’aspirais. Je parle de l’aspect financier. Sinon, cela m’intéressait de tenter l’aventure dans mon pays, vivre avec des gens qui sont de même conviction religieuse que moi, c'est-à-dire des musulmans. Alors qu’en France, on respecte cette religion, ici les gens restent sur leurs acquis. Franchement, il y a beaucoup de choses à revoir et dans tous les domaines, pas exclusivement dans celui du football.
Restons dans ce domaine, la blessure contractée avec Frankfurt a été le véritable coup d’arrêt de votre carrière en Allemagne…
C’est évident, cette blessure m’a éloigné des terrains plus d’une année et demie, je voulais m’accrocher, mais lorsque vous n’avez pas la confiance de votre entraîneur, ça devient compliqué après. Cet hiver, j’ai reçu une proposition de Bulgarie, cependant, pensant qu’en Algérie, le professionnalisme y était instauré, j’ai opté pour le MCO, un choix dont je ne suis pas satisfait pour le moment.
Il y a quelques jours, la voiture qui vous a été louée par le club a été récupérée par son propriétaire...
Apparemment, vous êtes bien renseigné sur moi (rires !) Effectivement, le propriétaire de l’agence de location, voyant que le club n’a pas payé le reste de la somme d’argent qu’il lui devait, a récupéré la voiture. Certes, c’est un petit détail, toutefois, il faut relativiser sous peine de devenir… fou !
Même avec la sélection nationale, vous n’aviez pas été servi par le sort en ratant la Coupe du monde et la CAN d’Angola 2010, même si vous étiez en forme à l’époque. En voulez-vous à Rabah Saâdane de vous avoir privé de ces deux grands événements ?
Que voulez-vous que je dise, cela fait partie du passé. Si Saâdane a choisi d’autres à ma place, c’est son problème. En tous les cas, cela ne m’a pas empêché de dormir, ce n’est pas Saâdane qui me donnerait à manger, je ne me prends pas la tête.
Avec Jean-Michel Cavalli, vous étiez devenu un élément majeur dans cette sélection, que s’est-il passé alors avec son successeur, Rabah Saâdane ?
Quand Cavalli m’avait convoqué en équipe nationale, on venait jouer gratuitement, pire encore, à chaque convocation, c’était un bras de fer avec mon club. En Europe, on est toujours réticent de libérer un joueur pour participer à un match en Afrique noire, mais je répondais toujours présent pour la patrie, quitte à mettre en péril ma carrière en club. Quant à ma mise à l’écart par Saâdane, franchement, je n’ai pas envie d’en connaître les raisons.
En fin d’année, vous étiez l’hôte de Nadir Belhadj à Doha, il vous a fait part de sa folle envie de participer à la Coupe du monde du Brésil ?
Effectivement, j’ai passé quelques jours chez Nadir à Doha. Comme à cette période, il avait fait venir de France un préparateur physique, j’en ai profité pour faire des séances en sa compagnie. Cela, je le dis pour répondre à ceux qui pensaient que j’étais allé passer des vacances à Doha. Franchement, je n’aime pas trop la vie au Qatar, si ce n’est que j’ai eu le plaisir de faire des entraînements avec mon ami Belhadj.
Vous n’avez pas répondu à notre question ?
En Coupe du monde 2010, des joueurs ont été sélectionnés sans qu’ils aient pris part aux éliminatoires, maintenant quand il s’agit de Nadir Belhadj, on veut polémiquer en faisant croire à l’opinion que son retour n’est pas d’actualité étant donné qu’il n’a pas participé aux éliminatoires.
Vous défendez bien votre ami Nadir…
Sur le plan intrinsèque, il peut rendre encore d’énormes services à l’EN. Par ailleurs, Nadir n’est pas attiré par les primes et autres avantages financiers en souhaitant revenir en EN, il gagne déjà bien sa vie au Qatar. Ce n’est qu’en Algérie qu’on essuie du revers de la main une carrière de presque dix ans en sélection nationale. On est d’accord pour que d’autres, qui n’ont pas joué les éliminatoires, soient retenus pour la Coupe du monde, mais pas Nadir Belhadj. Ce n’est pas normal.
Vous venez de dire que vous n’aimez pas la vie au Qatar, refuseriez-vous une éventuelle offre d’un club de cet émirat ?
Non, le football, c’est mon gagne-pain et puis je joue actuellement en Algérie pas en… Angleterre pour refuser une proposition d’un club qatari où je peux retrouver des choses qui me manquent terriblement.
Lesquelles ?
Jouer sur de belles pelouses en gazon naturel et dans une ambiance au stade où l’on n’insulte pas les acteurs qui sont sur le terrain comme je le constate à chaque journée de championnat ici en Algérie.
Pour avoir foulé les pelouses de Munich, Berlin, Dortmund, etc., se retrouver ici en Algérie sur des terrains en piteux état, quel effet ça vous fait ?
Ça paraît bizarre, surtout lorsque vous tombez à la télévision sur des matches dans des stades où vous aviez l’habitude de jouer. Néanmoins, je ne me lamente pas sur mon sort. Dans la vie, il faut savoir positiver parfois.
Que comptez-vous faire une fois la saison finie ?
On a, je le rappelle, des objectifs à assurer avec le club, une fois après, on verra plus clair. Pour l’heure, je n’ai pris aucune décision.
Vous êtes originaire de Maghnia, une ville où est né…
(Il nous coupe) Le regretté Ahmed Ben Bella, le premier président de l’Algérie indépendante, je suis fier qu’il soit de ma région, comme du reste, devrait l’être tout Algérien pour tout ce qu’a fait ce grand monsieur pour le pays.
M. S.
«En Algérie, tout est compliqué
«Je ne joue pas en Angleterre pour refuse une offre du Qatar
Il n’est pas DJ
Quand on est un homme public, il faut toujours s’attendre à ce que les gens vous collent des étiquettes. Amri Chadli n’a pas échappé à cette règle. Selon la rumeur, l’ancien sociétaire de Frankfurt exercerait pendant ses heures libres le métier de disc-jockey, une rumeur vite balayée par l’intéressé. «C’est faux, je n’ai jamais fait ce métier. Certes, j’ai participé en 2010 au clip de mon ami Cheb Tarik, en compagnie de Belhadj, Mansouri et Bougherra, sinon, j’aime tout ce qui est musique», précisera Amri Chadli qui a un faible pour la musique raï. «Celle des années 80 et 90, avec le roi Khaled ou Mami, pas celle d’aujourd’hui où l’on chante n’importe quoi, comme cette chanson «shampoing, shampoing… gel-douche, gel-douche», ça n’a rien à voir avec les chansons que fredonnaient les anciens chanteurs raï», déplore-t-il.
Zidane lui a fait aimer le Real
Deux clubs au monde ont les faveurs des amoureux du football, le Real Madrid et le FC Barcelone, Amri, lui, préfère le club madrilène. «Je suis tombé sous le charme du Real grâce à Zinedine Zidane, mais je précise que, contrairement à d’autres, je n’éprouve aucune animosité à l’encontre du Barça qui renferme dans son effectif un véritable as du football, en l’occurrence Andrés Iniesta, un magicien du ballon rond», révèle Amri.
Bio express
Amri Chadli est né le 14 décembre 1984 à Saint-Avold, une commune du département de la Moselle (France). Il a rejoint l’école du FC Metz en 1999, où il a fait sa formation de footballeur. En 2003, il signe son premier contrat avec le FC Sarrebruck, club de D2 allemande. Après une première saison avec la réserve du club, il intègre l’équipe pro l’année d’après. Ses prestations remarquables ont attiré les recruteurs du FC Mayence où il est transféré en 2006. Dans ce club, Amri passera quatre saisons avant d’opter en 2010 pour le FC Kaiserslautern. Deux ans après, il sera prêté au FSV Francfort. Hélas, pour lui, une blessure au péroné l’a éloigné des terrains pendant une année et demie. Amri, faute de propositions intéressantes, s’engagera en septembre 2013 avec le MCO. Engagé après l’expiration du délai de signature, il ne sera qualifié qu’au début de la phase retour. Quant à sa carrière internationale, il ne compte pour l’heure qu’une dizaine de sélections.