Il est de retour chez les Verts, Ishak Belfodil a accordé hier sa première interview après son retour en sélection. Son nom a figuré parmi les 27 heureux élus convoqués par Gourcuff, il fêtera à l’occasion du match du 6 septembre sa première sortie en Afrique noire lui qui n’a jamais pris part à un match sur les pelouses africaines. Cette interview était aussi une occasion pour lui de régler de vieux comptes avec Vahid Halilhodzic qui lui a fait vivre un vrai cauchemar en quelques mois de présence en EN, écoutons-le.

Vous revoilà en sélection après une assez longue absence…

C’est un retour espéré, normal, c’est l’équipe nationale, c’est mon pays donc, tous les joueurs susceptibles d’y aller espèrent y revenir, j’ai bien attendu, et j’ai bien repris avec mon club à Parme. J’ai fait une bonne préparation, avec surtout un changement de coach donc je m’y attendais un petit peu quand même.

L’absence n’est pas tombée au bon moment, vous avez raté une participation en Coupe du monde, la déception est-elle toujours là ?

Pour être franc, je n’ai même pas été choqué ni totalement déçu de la décision de Halilhodzic, car avec cet entraîneur je savais que même si je jouais au Real Madrid il n’allait pas m’appeler, donc sa décision à l’époque ne m’avait pas surpris.

Est-ce que cela veut dire que si Halilhodzic était toujours là, Belfodil ne serait peut-être pas aujourd’hui en équipe nationale ?

Franchement je ne sais pas, car Halilhodzic, ce n’est pas à lui l’équipe nationale, l’EN c’est pour tous les Algériens, lui n’est pas algérien déjà, c’est plus à moi qu’à lui, et puis sincèrement je ne sais pas, mais je ne pense pas qu’il m’aurait reconvoqué, voilà, maintenant il n’est plus là, la page elle est tournée et puis on verra la suite incha Allah.

Finalement et avec du recul, votre départ à Livourne n’était-il pas une erreur ?

Non, j y suis allé parce que je n’avais pas assez de temps de jeu à l’Inter, j y suis allé pour jouer et prendre du plaisir, parce que moi il faut que je joue, après je suis allé dans des conditions, où moi-même je n’étais pas assez convaincu, eux-mêmes ils le savaient.

Surtout avec les propositions de Premier League…

Voilà, j’étais attiré beaucoup plus par ces équipes-là, après c’est el maktoub, je suis allé là-bas et je suis aujourd’hui de retour à Parme.

Alors à Parme, ça se passe mieux ?

Oui, là-bas je connais tout le monde, c’est une très belle équipe, et on espère faire une bonne saison quand même, même si on a mal commencé.

Revenons aux matchs de l’EN, vous ne redoutez pas un peu tout ce qui se dit de l’Afrique ces derniers jours, avec la maladie d’Ebola, et le reste…

Non, personne n’a peur, on est prêts à affronter toutes les conditions.

Est-ce que vous sentez déjà une différence pour ce qui est de la méthode de Gourcuff par rapport à celle d’Halilhodzic ?

Je n’ai pas vraiment connu Halilhodzic donc… Quant à ce coach, il s’est présenté on a fait une réunion.

Il était accueillant avec vous ?

Oui avec tout le monde pas seulement avec moi, on a fait une réunion, il a des idées, on va essayer de les suivre, pour s’améliorer et avoir des résultats, et surtout continuer sur l’élan qui a été déjà fait, car avec Halilhodzic il y a eu un bon travail qui a été fait, et qu’il faut quand même souligner et ne pas nier.

Le coach Gourcuff est un adepte du 4-4-2, l’équipe jouera donc avec deux attaquants de pointe, cela devrait faire votre affaire, n’est-ce pas ?

Si on joue avec plus d’attaquants, les attaquants vont avoir plus de chances de jouer, et comme moi je suis un attaquant, c’est une bonne chose, tous les attaquants aiment jouer avec quelqu’un à côté, ça facilite les combinaisons, et il y a plus de présence devant les buts, après ce n’est pas dit qu’on va jouer à deux, et que forcément je vais jouer d’entrée, il faut bien travailler aux entraînements et travailler tout au long de la saison pour mériter une place.

Avec un bon Slimani au Mondial, et les prestations de l’attaque, ça ne sera pas facile d’arracher cette place dans le onze…

On est tous là pour donner un coup de main à l’équipe, que ce soit comme titulaire ou en cours de jeu, on a tous envie de jouer, moi aussi, j’espère que le collectif va bien faire, après il y a des individualités pour aider l’équipe c’est sûr.

Un mot sur les conditions en Afrique et l’altitude qui vous attend en Ethiopie d’autant que vous n’avez jamais joué en Afrique noire, c’est bien ça ?

Oui, pour moi, ça sera une découverte, une nouveauté, car je n’ai joué qu’ici moi, en tout cas on a parlé entre nous des conditions, et je sais qu’il faudra bien s’hydrater et se préparer très bien physiquement car ça va être difficile.

Vous êtes impatient d’y être ?

(Rire). Tranquille, surtout si au bout il y aura la victoire incha Allah.

Après un Mondial réussi, une nouvelle aventure qui débute, dans quel état d’esprit se trouve le groupe ?

Franchement il y a un bien état d’esprit, tout le monde est motivé, tout le monde assume le nouveau statut acquis au Brésil, car il y a un avant et après Coupe du monde.

Il n’y a pas quelqu’un qui a le melon ?

Non, non,  on est hamdoullah des gens ‘’mrebbyine’’ (rire). On se taquine bien entre nous, donc s’il y a quelqu’un qui a le melon on le remet tout de suite à sa place.

Ne pensez-vous pas que l’équipe qui a joué le Mondial a placé la barre un peu haut ?

Oui, c’est vrai, mais s’ils ont réussi à mettre la barre haut, c’est qu’ils ont eu le niveau pour la mettre, il n’y a pas de hasard, mais pour vous dire la vérité, pour moi, la barre ils ne l’ont mise ni trop haut ni trop bas, car c’est juste le niveau de l’Algérie, ce n’est plus l’Algérie d’avant, le huitième de finale était une surprise pour beaucoup de gens mais pour moi c’était juste une demi-surprise, parce qu’avec le groupe qu’il y avait… les gens étaient contents du match contre la Russie et tout mais pour moi l’Algérie par rapport à ces grandes équipes c’est pareil.

Cela vous met la pression d’autant que maintenant vous êtes appelés à gagner la CAN au Maroc…

Oui, mais il faut d’abord se qualifier, on essayera d’aller jusqu’au bout, mais la gagner c’est un autre truc, car par exemple, on voit l’Allemagne, elle a fait des années et des années pour arriver à remporter la Coupe du monde, ça ne se fait pas en une année.

Parlons un peu du match contre l’Ethiopie et celui du Mali, comment se présentent-ils pour vous ?

Ce sont des matchs très importants, les points vont coûter cher, donc il faut prendre un maximum de points dès samedi incha Allah.

Vous connaissez l’équipe d’Ethiopie ?

Non, on sait qu’ils ont fait les barrages l’année dernier pour la Coupe du monde, donc déjà ce n’est pas n’importe qui, on a vu que dans les barrages il ne restait que de bonnes équipes donc ce n’est pas un hasard, il ne faut pas les prendre à la légère.

Le Mondial 2010 pour l’EN a été suivi d’une grande désillusion, puisqu’elle n’a pas pu aller à la CAN suivante, n’avez-vous pas peur un peu qu’un tel scenario se reproduise, et quel sera l’apport d’un joueur comme Bougherra, votre capitaine, dont le discours pourrait vous sensibiliser ?

Bougherra va apporter son expérience et son vécu à cette équipe, pour le moment on n’a pas encore discuté, et puis il n’y a personne qui prend cela à la légère, surtout en Afrique où les conditions sont souvent défavorables. Pour ce qui est de nous, je crois comme je l’ai dit qu’on a un nouveau statut, ça va être plus difficile, il faudra redoubler d’efforts et de concentration pour assumer ce statut acquis après cette Coupe du monde.

Vous avez peut-être entendu parler de la mort d’un joueur camerounais ici dans le championnat d’Algérie, vos impressions ?

Oui, j’en ai entendu parler, c’est dommage car les supporters algériens étaient connus pour autre chose, par pour cette violence, après je n’ai pas envie d’entrer dans les détails, parce que je n’ai pas bien suivi ce qu’il y a eu, mais bon, il ne faut pas tout accabler sur l’Algérie et l’Afrique, car il y a eu de tels problèmes partout dans le monde, en Amérique du Sud et ailleurs.

S. M. A. 

 

 

 

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