Ryad Benchikha: «Djabou méritait une chance à la CAN»

L’ex-international et ex-Harrachi, Ryad Benchikha, réside depuis certaines années maintenant en France. Illustre footballeur, passé par le MCA, l’USMH, la JSK et le MCS, Benchikha aura, surtout, marqué de son empreinte la formation harrachie des années 90. Attaquant racé, très technique, opportuniste devant les buts, le petit lutin harrachi avait tout l’arsenal pour déstabiliser les défenses réputées les plus infranchissables. Après une carrière bien remplie, le voila qui se la coule douce du côté de Lyon, en veillant sur ses quatre enfants. Nous l’avons joint au téléphone pour avoir de ses nouvelles. Elles sont très bonnes.

On vous a perdu de vue depuis un certain temps. Où êtes-vous, que faites-vous ?

Et bien, je suis en France, je vis et travaille à Lyon. Je vis une vie de père de famille, tranquille loin du pays ; mais sur lequel je garde un œil attentif. Voilà, en somme je suis un retraité du football, mais je suis toujours dans la vie active.

Vous avez complètement décroché du football ?

Là maintenant oui, parce que je travaille et je n’ai pas vraiment le temps pour cela. J’ai entraîné, il y a  quelques années les U9 et les U11 de Perrache, mais je n’ai pas pu continuer à exercer du fait que mon travail me prend tout mon temps. Et puis les week-ends je préfère les consacrer à ma famille, voyez-vous, je n’ai pas vraiment le temps de rester dans le monde du football, bien que, comme je viens de vous le dire, je garde quand même un œil sur le football national et les Verts.

La  transition est toute faite. Que pensez-vous du parcours de l’EN en Coupe d’Afrique ?

Là vous me trouvez tout en colère. Je pense que le parcours de notre équipe nationale a été un bon parcours, même si quelques uns pensaient qu’on pouvait aller encore plus loin dans cette compétition. Moi je suis en colère parce que je ne pense pas que nous avons utilisé toutes nos armes. Je ne comprends pas le sélectionneur quand il nous raconte l’histoire de Djabou. Djabou est un excellent joueur, il est plein de talent. Je n’invente rien, il faut juste revenir à ses prestations en Coupe du monde pour s’en rendre compte. Ce garçon est doué, il peut vous déstabiliser une défense en percutant inlassablement. Il a un bon dribble, il est très difficile à arrêter quand il arrive lancé balle au pied. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il ne peut pas prétendre à une place, là, je ne suis pas d’accord du tout. Je pense  que chacun a le droit d’avoir une chance. On appelle un joueur en sélection et puis on nous dit qu’il ne peut pas jouer, franchement, c’est du n’importe quoi ou bien on nous prend pour je ne sais quoi. Bon qu’on me dise qu’il y a Brahimi et Feghouli devant, je peux comprendre, mais ces deux joueurs, en dépit de leur immense talent, ont eux aussi raté leur sortie en CAN, partant de là, il fallait donner sa chance à Djabou.

Vous paraissez être un fervent défenseur de Djabou…

Non, je pense dire ce qui me semble être quand même une injustice. Parce que j’ai l’intime conviction que ce garçon a le potentiel technique et physique pour prendre une place dans le onze national. En plus, il a cette capacités de frapper de loin, ce que je ne vois pas chez nos joueurs, y compris parmi ceux qu’on catalogue comme étant les meilleurs. Je ne dis pas qu’il est Messi et qu’il va nous faire gagner la CAN, je ne dis pas qu’il est le meilleur joueur de tous les temps, je dis que dans cette équipe nationale 2015, Djabou à les qualités requises pour prétendre à une place. Ce que je n’accepte pas, c’est qu’on dise qu’il n’a pas les moyens de jouer. Ceci est complètement faux. La meilleure preuve c’est Djabou lui-même qui l’apporte, il faut juste se référer à ses belles prestations en Coupe du monde.

Je vais vous raconter une anecdote à son sujet. Un jour, j’étais joueur au MC Saïda, on recevait le MC El Eulma. Comme j’étais le capitaine de l’équipe j’ai été dans le vestiaire d’El Eulma pour l’appel. C’est là, pour la première fois je rencontrais Djabou. Et cette année-là, il était inconnu au bataillon. Alors quand on l’a appelé pour venir, il s’était mis debout en face de moi. Il avait une forte impression. Je suis allé dans le vestiaire de mon équipe et j’en ai parlé à certains de mes coéquipiers. Je leur ai dit «El Eulma compte dans son effectif un très jeune joueur qui vient de me faire une très forte impression, alors faites attention, il pourrait nous faire des trucs durant le match». Et croyez-moi, ce jour il nous a fait des misères ce garçon. Depuis j’ai retenu son nom.

Revenons un peu à vous maintenant. Dernièrement les supporters harrachis ont accroché un très grand tifo. Sur celui-ci, figurait votre portrait aux côtés des prestigieux, Tahar Belkacem, Abdelkader Meziani…

 (Il coupe) …Oui, je l’ai vu. (Il se tait un moment)… J’ai eu la chair de poule vous savez. Même mon fils l’a vu, franchement, je ne trouve pas les mots pour dire cette émotion qui m’envahit. J’en suis fier à étouffer d’émotion, quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai eu les larmes au yeux. Merci à tous les supporters d’El Harrach, merci pour cette reconnaissance qui me va droit au cœur. Ce cœur qui ne peut jamais oublier les moments heureux que j’ai  passés dans cette formidable équipe, qu’est l’USMH.

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