D’habitude prompt à dégainer face aux joueurs qui se font désirer pour jouer avec les Verts, Lakhdar Belloumi, l’ancien international algérien, fait preuve de retenue dans le cas Fekir. Il n’omet pas, cependant, de relever que le pensionnaire de Lyon n’est quand même pas Zidane…

Que pouvez-vous dire au sujet du cas Fekir ?

Il a dit OK le matin avant de se rétracter le soir. Il ne veut pas jouer pour l’Algérie, cela me semble clair. Le dernier mot revient au premier responsable de notre football. C’est un bon joueur de club pour le moment, il est vrai qu’il manque un buteur comme lui aux Verts, il aurait pu nous être utile dans ce sens. Bon, il ne veut pas porter le maillot national, en dépit de son origine algérienne, on n’y peut rien. C’est le professionnalisme qui veut ça, on doit s’y plier. Tant mieux pour lui, tant pis pour nous.

Il n’y a pas longtemps, une telle attitude vous exaspérait et vous n’hésitiez pas à descendre en flammes son auteur, qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Je ne suis pas contre ces gars, je suis simplement pour le joueur local. Et je n’ai pas changé d’opinion, des joueurs comme ça, on en a vu. Ils sont nombreux déjà ceux qui ont opté pour la France et qui l’ont regretté par la suite. Ils ont alors changé d’avis et ont rejoint le camp algérien, les lois de la FIFA les protègent, c’est le professionnalisme, il faut s’y plier et c’est tout.

Il s’agit de respecter la décision du joueur, tout simplement…

La donne a changé, les choses ont évolué, chacun voit son intérêt. Cela étant, avec ou sans ces joueurs, l’Algérie existe et son football est connu dans le monde entier. Dieu merci, le football algérien est rentré dans l’histoire en 1982 avec la fabuleuse épopée des Verts lors de la Coupe du monde qui s’est tenue en Espagne. C’est notre génération qui l’a fait, on en est fiers.

Pas besoin de Fekir, en fin de compte…

Non, je n’irais pas jusqu’à le dire ainsi. On aurait préféré qu’il intègre la sélection nationale parce que c’est un Algérien avant tout. Mais il ne veut pas, alors tant pis pour lui, en vérité. Normalement, on choisit sans condition de jouer pour son pays d’origine. Seulement, aujourd’hui, pas mal de choses entrent en considération, dont le business.

Comment ça ?

Regardez ce qui a découlé des nouvelles lois de la FIFA, un joueur étranger peut maintenant jouer pour n’importe quel pays. C’est le cas en Afrique et dans les pays arabes, notamment. Le business a investi les lieux. Fekir n’y a peut-être pas échappé aussi. A mon sens, il a changé d’avis parce qu’il a vu son avenir plus rose avec la France. Ses conseillers ont dû le lui faire admettre.

Que pensez-vous de Fekir, le joueur ?

A en juger par ce qu’on voit de lui à la télévision, je ne dirais pas que c’est un bon joueur, c’est juste un bon buteur, comme Benzema. Mais ce n’est pas Zizou qui, lui, ne pouvait pas regretter son choix pour la France. Zidane a été le patron des Bleus avec lesquels il a été champion du monde. J’espère que Kefir n’aura pas à le regretter en fin de carrière, mais je pense qu’il a quand même bien fait de privilégier la France car, de cette manière, il a assuré son avenir. De toute façon, c’était écrit et il faut accepter son destin.

H. D.