Comment ça se passait pour vous durant le Ramadhan quand vous entraîniez en Algérie ?
Il m'est arrivé à deux reprises d’entraîner une équipe algérienne durant le Ramadhan. La première fois, c'était avec le Mouloudia d'Alger, la seconde fois, c'était avec la JS Kabylie. D'emblée, je dois dire que sur le plan de l'organisation du travail, c'était très différent de ce qu'on avait l'habitude de faire en dehors de ce mois sacré pour les musulmans. À chaque fois, j'ai été obligé de travailler uniquement la nuit alors que, traditionnellement, on s'entraînait deux fois par jour, parce qu'on était en intersaison. En plus, ce mois coïncidait avec les grandes chaleurs de l'été. Il m'était impossible de travailler avec de grandes charges. Le travail d'endurance et de vivacité n'étaient pas au menu, par exemple.
N'est-il vraiment pas possible de travailler de jour ?
Non, je ne le pense pas. Le jour, les joueurs ne mangent pas, ne boivent pas et leurs visages sont blêmes ! Il est nettement préférable de travailler en nocturne. Bosser durant le mois d'août ou de juillet, sous une température de 38 degrés, sans avoir rien avalé, c'est très difficile pour tout le monde. Je suis bien placé pour en parler car j'ai étudié la question avec l'université de Rome.
Vous est-il arrivé de jeûner ?
Oui, je l'ai fait durant quatre jours, je crois, pas plus. Mais j’ai tenu le coup. C’était une expérience unique.
C’est quand vous étiez au MCA ou à la JSK ?
C'était quand j'avais en charge le MCA. Vous pourrez le vérifier avec les dirigeants et les joueurs de l’époque. Cela étant dit, je crois que c'est avant tout une histoire de motivation religieuse. Mais quand on n'est pas musulman, on est poussé par la curiosité de savoir ce que l'on ressent dans ces conditions.
Une petite anecdote ?
D'abord, il faut savoir qu'avec moi tous les joueurs faisaient Ramadhan ! Les Algériens sont très stricts et rigoureux sur le plan de la religion. Même les étrangers musulmans l'étaient aussi, je me rappelle que le Malien Sidibe était également très à cheval sur le sujet. Je me rappelle que lors d'un derby MCA-NAHD, un dirigeant est venu me demander pourquoi les joueurs arrivaient difficilement à tenir sur deux jambes à dix minutes de la fin, sous la chaleur du mois de septembre. Je n'en revenais pas qu'on m'ait posé une telle question alors la réponse était si évidente. Il y a aussi une chose qui avait attiré mon attention.
Laquelle ?
J'avais remarqué que les musulmans rompaient toujours le jeûn avec trois ou cinq dattes. Quand j'ai posé la question, j'ai été agréablement surpris d'apprendre que c'était pour faire remonter rapidement la glycémie, et que c'est le prophète Mohammed (QSSL) qui le recommandait.
H. D.