Lazizi : «On a voulu me faire manger durant le Ramadhan en Tunisie»

Tarek Lazizi, l’ancien défenseur international du MC Alger, ne garde pas un bon souvenir de la pratique du foot en Tunisie pendant le mois sacré. «On a voulu m’obliger à manger mais j’ai refusé», nous apprend celui que les Mouloudéens dénommaient affectueusement Baresi.

Comment arriviez-vous à concilier foot et Ramadhan à votre époque ?

De mon temps, le mois sacré coïncidait avec le mois de mai, on jouait à 13 heures. Evoluer à jeun n’est quand même pas aisé, on manque d'énergie et on se retrouve fatalement moins concentré. Le plus pénible était la veille des matches. On prenait le s'hour aux environs de 1h ou 1h30 du matin, on s'endormait ensuite à 3h pour se lever à 10h et rejoindre directement le vestiaire afin de commencer à préparer la rencontre prévue, elle, à 13h. Ce n'était pas évident. Malgré tout, on se débrouillait et on parvenait quand même à livrer des prestations honnêtes.

Sur le terrain, les esprits s'échauffaient facilement…

Oui, on devait faire très attention à ce propos. Il fallait rester très vigilant car, à tout moment, on pouvait recevoir un coup d'un joueur devenu plus nerveux sous l'emprise du jeûne. Mais ce n'est pas le plus mauvais souvenir que je garde. Le plus dur, je l’ai subi en Tunisie, au sein de mon ancien club, le Stade Tunisien.

Pourquoi ?

C'est parce que, là-bas on ne jeûne pas le jour des matches. On oblige les joueurs à manger. Les matches se déroulaient à 15h et tout le monde était tenu de déjeuner à midi.

Et comment aviez-vous réagi par rapport à ça ?

Je n’ai pas obéi, j'étais d’ailleurs le seul à faire Ramadhan. Je n’allais quand même pas renier ma religion ! Ils ont essayé de me faire changer d'avis, ils n'ont pas pu. J'ai jeûné sans tenir compte de leurs injonctions. Mais je dois dire que j'avais, heureusement, un entraîneur polonais qui s'est montré compréhensif. Les dirigeants, eux, ne l'étaient pas et c'est ce qui m'a le plus attristé. Vous vous rendez compte : un non musulman qui m'autorise à jeûner et des musulmans qui m'incitent à ne pas le faire ! C’était vraiment navrant. J'ai passé un mois difficile mais, Dieu merci, je n'ai pas cédé et tout ça est désormais derrière.

Il y a aussi l'épisode de la coupe d'Afrique des nations de 1996, peut-on en parler ?

Oui, c'était en Afrique du Sud. Le tournoi s'est déroulé durant le mois sacré de Ramadhan et on avait tenu une réunion pour voir si on allait jeûner ou non. A croire qu'on allait jouer la chose à pile ou face, sur une pièce. On était assis tous ensemble et, l'un après l'autre, on prenait la parole pour dire oui ou non.

Finalement, comment ça s'est passé ?

Certains ont fait Ramadhan, d'autres ne l'ont pas fait. Mais je dois dire que les joueurs ont, pour la plupart, observé le jeûne. Je me rappelle aussi qu'on avait reçu un fax du ministère des Affaires religieuses disant qu'on était autorisés à ne pas jeûner. Mais en fin de compte chacun a agi selon sa conviction personnelle.

H. D.

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