Adel Amrouche : «Le Ramadhan au Congo, au Burundi et au Kenya»

Adel Amrouche a dirigé plusieurs clubs et sélections africaines. Il nous raconte comment cela se passe les jours de Ramadhan.

Entraîner une équipe en Afrique durant le Ramadhan, c'est comment ?

Cela dépend de l'endroit où on se trouve, Ramadhan à Kinshasa ce n'est pas la même chose à Nairobi. L'humidité et la chaleur à Kinshasa, c'est énorme. Je partais à l'entraînement déjà complètement sonné. Une fois, après avoir fini une séance, je suis rentré chez moi, je me suis dirigé directement vers la douche pour ne plus en ressortir. Ou si, je suis sorti pour déplacer un peu la télé afin de pouvoir la regarder tout en poursuivant le rafraîchissement sans fin sous la douche. J'avais tellement crié dans le stade après les joueurs ce jour-là que je n'en pouvais plus avec la chaleur infernale qui sévissait. C'était très difficile au Congo, un pays non musulman où on ne sentait pas l'ambiance du mois sacré.

Et au Burundi où vous avez également coaché ?

Là, c'était impeccable. Il y avait une grande communauté musulmane. Il y avait une grande liberté de culte dans le pays, ce qui n'était pas le cas avant. Le climat était doux par rapport au Congo, avec une journée courte. J'entraînais aux environs de 16h et la rupture du jeûne était aux alentours de 18h, à Bujumbura. Le stade était tout le temps plein. Savez-vous pourquoi ?

Dites-le nous ?

Les gens venaient pour passer le temps et ne pas trop sentir l'effet de Ramadhan. Même quand je n'avais pas d'entraînement, les gens me suppliaient pour programmer une séance. J'accédais à leur désir, finalement, quitte à faire appel à des joueurs de la deuxième équipe. Je faisais plaisir aux supporters, l'entraînement était ludique et c'était vraiment agréable.

Il y a aussi le Kenya...

C'est encore un autre monde. Avant mon arrivée, il n'y avait pas plus d'un joueur musulman au sein de la sélection nationale. Il y avait une ségrégation. Après, quand j'ai pris la sélection de ce pays, j'ai pu compter jusqu'à 7 joueurs musulmans dans l'équipe. Il y avait une bonne harmonie. Aussi, Nairobi étant en haute altitude, la ville est fraîche et permet de bien supporter le mois de jeûne, d'autant plus que le jour est court. Il y a une communauté somalienne très active, qui met une bonne ambiance. Ramadhan à Mombasa, c'est le top car c'est là-bas qu'on retrouve la plus grande communauté musulmane. On se croirait dans un pays du Golfe.

Un fait inhabituel que vous pourriez nous relater…

Au Burundi, on avait souvent le souci de décider s'il était permis ou non de ne pas jeûner quand on se déplaçait. Alors, à l'aéroport, les joueurs se regardaient l'un l'autre pour voir ce qu'il fallait faire. Ils guettaient surtout le moindre signe de ma part pour trancher. S'ils me voient manger, ils mangeront aussitôt. C'est ainsi que je me retrouvais à l'aéroport avec une file de joueurs musulmans derrière moi dans l'attente de me voir entrer dans un restaurant pour manger...

H. D.

 

 

 

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