Mehdaoui : «Je n’oublierai jamais l’agression dont j’ai été victime au Mali durant le Ramadhan !»

Abderrahmane Mehdaoui, l'entraîneur du WA Tlemcen, était à la tête de la sélection nationale, en 1997, lorsque les Verts sont allés jouer un match éliminatoire de la coupe d'Afrique des nations, au Mali. Il y a été lâchement agressé.

Que pouvez-vous dire au sujet du foot pendant le Ramadhan ?

Les sportifs sont confrontés, au début, à un problème d'adaptation. Beaucoup de choses changent et on doit s'y adapter rapidement. Dieu merci, les sportifs musulmans ont cette faculté d'y remédier en 3 ou 4 jours. On ne met pas beaucoup de temps pour s'accommoder au nouveau régime. Simplement, il faut maintenir un horaire régulier pour manger.

C’est-à-dire ?

Pour la rupture du jeûne, le problème ne se pose pas puisque il est le même pour tout le monde dans la ville où on se trouve. Mais, s'agissant du s'hour, l’horaire est différent, chacun y va de son choix. Il faut l'adapter en fonction de l'entraînement. Mais je dois dire que, dans l'ensemble, ça se passe très bien pour le foot durant le Ramadhan. Il y a cependant une chose qui me paraît drôle et bizarre.

Laquelle ?

Je trouve que les athlètes sont plus efficaces, plus disponibles et plus concentrés durant le mois sacré.

Comment ça ?

C'est parce que la charge de travail durant ce mois est différente. Elle est moins imposante, donc plus aisée à supporter. Le volume de travail est adapté au jeûne, les séances d'entraînement sont plus courtes, c'est bien plus apprécié que les séances allongées de 120 minutes qui ont cours en dehors de Ramadhan. Du coup, le joueur se montre plus réceptif. C'est drôle, cela paraît invraisemblable mais c'est le constat que j'ai fait.  

Cela ne semble pas raisonnable…

Peut-être que la foi également permet aux joueurs de bien tenir le coup. Mais je crois que des études scientifiques ont aussi montré que le corps répond bien même quand il est à jeun. Il faut souligner, cependant, que le mental joue un rôle très important là-dedans. Si on se prépare mal moralement à cette épreuve, on risque de passer à côté. Ceux qui abordent la chose en n'en étant pas convaincus rencontrent de grandes difficultés. Lors de la compétition officielle, cela influe beaucoup sur le moral et on risque de rater son match.

Y a-t-il un fait que vous avez vécu durant le Ramadhan et qui vous a marqué ?

En tant qu'entraîneur je ne pourrai jamais oublier la situation que j'ai vécue au Mali durant le mois sacré. J'étais sélectionneur national et on jouait un match qualificatif pour la coupe d'Afrique des nations, cela s'est passé en mars 1997. On a perdu 1 à 0 et on a été agressés. Les Maliens ont été lâches avec nous. C'est essentiellement moi qui ai été ciblé. J'ai pris des coups et j’en garde évidemment un souvenir marquant. J'ai un autre souvenir, celui-là drôle, qui remonte à l'époque où j'étais joueur.

Que s'est-il passé au juste ?

Durant l'année 1974 ou 1975, j'étais à la DNC Alger. On devait effectuer une préparation en plein mois de Ramadhan. A la fin d'une séance d'entraînement j'avais tellement soif que j'avais commis un gros impair. Je n'étais pas le seul, d'ailleurs. On était sous la douche, à l'eau froide, on prolongeait exprès notre séjour et, de temps à autre, on laissait filer l'eau dans la bouche. C'était rafraîchissant ! On était jeunes, que Dieu nous pardonne !

H. D.

 

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