Nacer Bouiche, l’ancien meneur de jeu du MC Alger, trouve que les dirigeants du Doyen se montrent plus que les joueurs dans les médias. Il les invite à se remettre au travail pour «rompre avec la gabegie.»

Malgré un effectif de qualité, un grand staff technique et de gros moyens à sa disposition, le MCA n'arrive pas à décoller, à quoi l'attribuez-vous ?

Quand on recrute quatre à cinq jours nouveaux pour la ligne d'attaque, il faut, certes, une période d'adaptation. Mais il faut aussi choisir les deux attaquants titulaires parce qu'une équipe, c'est onze joueurs, pas plus. Et il s’agit de gérer tout ça. On a recruté un attaquant comme Derardja, parce qu'il a été le meilleur buteur du championnat ; il a fait savoir ensuite qu'il est un meneur de jeu. On a fait venir aussi un Ethiopien, il n'a joué que des bouts de match après quatre journées. Et ce n’est pas tout.

Qu’y a-t-il d’autre ?

On a un Brésilien qui se dit gêné par le tartan, mais quand il a joue à Blida sur du gazon naturel, dans un grand stade et à huis clos en plus, il n'y est pas du tout. Il y a trop d'incohérences dans ce qui se fait au Mouloudia. On se plaint du stade de Bologhine et on oublie que l'USMA y a gagné tous ses titres. Il ne faut plus se cacher derrière tout ça. Aujourd'hui, le MCA, c'est surtout sa direction qui s'affiche sur toutes les manchettes des journaux. Ce n'est pas normal. Après trois ou quatre journées de championnat, elle demande des comptes au staff technique, ce n'est pas ainsi qu'on gère un club.

Vous faites allusion au président Raïssi ?

Je parle de tout le monde, ce n'est pas comme ça qu'on gère une équipe. Dans un club, il y a un volet administratif et un autre relevant du technique. La direction du MCA se montre trop dans les journaux. Elle joue avec les sentiments du public du Mouloudia. On se plaint du stade, du terrain, du huis clos, du problème des diplômes des entraîneurs, des responsables de la Ligue et de la DTN... Les gens ne s'y retrouvent plus. Il faut se remettre au travail et rompre avec la gabegie. Il y a eu un investissement, un recrutement qui a été fait, il est normal que les gens demandent des performances après. Aujourd'hui, on ne sait pas qui fait quoi au MCA.

Etes-vous pour le maintien de la confiance au staff technique actuel ?

Bien sûr que oui ! De toute façon, on n'a pas le choix. Il n'y a pas le feu aussi. Mais par rapport aux déclarations des responsables, qui affirment vouloir jouer les premiers rôles, à ce rythme on est bien partis pour un bis repetita de la saison passée. 4 points sur 12, on est déjà dans le négatif.

Il n’y a pas le feu, mais ça ne se présente pas bien non plus…

Oui, dans une telle situation, on joue tous les matchs la peur au ventre, en calculant et avec une grosse pression sur les épaules. Et on en arrive à exiger les trois points des joueurs, faute de quoi ce serait la fin du monde. Ce n'est pas ainsi qu'on gère un groupe, ce n'est pas possible ! Il faut mettre en place une stratégie, un projet de jeu avec le staff technique et instaurer la concurrence en faisant jouer les meilleurs. Parce qu'il faut le dire, on n'a jamais joué avec la même composante depuis le début du championnat. Il est temps de se remettre au travail et cesser de mentir au peuple du Mouloudia.

H. D.