L’histoire a commencé avec une déclaration de Mahfoud Kerbadj, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), qui s’est confié à l’APS, l’agence de presse officielle de l’Algérie, ce qui ne laisse donc aucun doute sur la véracité de son propos. «Effectivement, Belaïli a été contrôlé positif à une substance prohibée, il sera suspendu pour deux années de toute compétition nationale et internationale. La Fédération algérienne (FAF) a reçu une correspondance de la CAF dans ce sens», a effectivement affirmé à l'APS le président de la LFP, qui est très vite allé à contresens de ce qu’édicte la FIFA à ce propos.
Non, M. Kerbadj, on ne suspend pas un joueur avant de l’avoir entendu
«Tout joueur ou toute autre personne accusé(e) de violation d’une règle antidopage a le droit de demander à être entendu par la Commission de Discipline de la FIFA avant qu’une quelconque sanction sur le fond ne soit imposée (…)», peut-on lire dans le Règlement antidopage de la FIFA, au niveau de la Section 2 dans son intitulé Audience équitable, Article 62 évoquant le Droit à une audience équitable. Comment un joueur n’ayant pas encore été entendu peut-il être légalement suspendu ? Kerbadj a d’ailleurs eu un lapsus révélateur dans sa déclaration lorsqu’il a évoqué la sanction du joueur au futur («il sera suspendu pour deux années») et pas au passé.
Comment la LFP a-t-elle pu avoir une correspondance de la Confédération africaine de football (CAF) mentionnant une telle sanction alors qu’elle ne figure pas, à ce jour, sur le site officiel de la CAF ?
Comme une affaire Ebossé bis
Voilà qui rappelle l’étrange scénario ayant prévalu à la suite de la mort tragique d’Albert Ebossé, qui a valu une sanction à la JSK annoncée par la Fédération algérienne d’abord et confirmée bien après par la CAF, laissant plus que de la place au doute.
La FAF affirme que «Conformément au règlement et à la demande de la CAF, le joueur Belaïli Youcef a été entendu par les membres de la commission médicale fédérale (…)», on reste perplexe en prenant lecture de ce texte pour lequel on ne trouve aucune trace réglementaire autorisant une telle délégation de pouvoir. Sur quelle base réglementaire la CAF a-t-elle pu formuler une telle demande à la FAF ? On frise le ridicule quand on apprend qu’Youcef Belaïli est attendu prochainement, au Caire, pour justement être entendu par la CAF. En vérité, la règle de confidentialité exclut de fait la participation de la FAF ou de la LFP avant que la suspension ne soit prononcée. C’est très clairement souligné dans le Règlement antidopage de la FIFA.
Comment la FAF ou la LFP ont-elles pu avoir une correspondance de la CAF ?
En effet, la Section 4 parlant de Confidentialité et rapport, au niveau de l’Article 68 traitant des Informations concernant des violations potentielles des règles antidopage est sans équivoque : «L’organisation antidopage responsable de la gestion des résultats informera l’association du joueur et l’organisation nationale antidopage, ainsi que la FIFA et l’AMA, au plus tard au terme de la procédure décrite aux articles 52, 56 et 57.» Ainsi, seuls l’USMA, Youcef Belaïli, la FIFA et l’Association mondiale antidopage (AMA) peuvent être destinataires, les premiers, des résultats d’un contrôle antidopage positif. La FAF ou la LFP auraient pu en être avisées uniquement si l’USMA ou son joueur avaient jugé utile de leur transmettre une copie pour information.
L’étrange silence de la direction de l’USMA
Et encore, depuis le début de l’histoire, la direction de l’USMA n’a pas cessé d’afficher sa surprise, laissant inexplicablement et étrangement croire qu’elle n’a jamais été informée par la CAF. La thèse du complot obtient encore du crédit quand on met en exergue un fait. «Le joueur Belaïli Youcef de l’USM Alger a été contrôlé positif par la CAF, lors d’un contrôle antidopage effectué lors du match MCEE vs USMA du 07 août 2015, comptant pour la Ligue des champions d’Afrique CL-2015», a indiqué la FAF. On a ensuite rapporté que le joueur a été contrôlé pour confirmation lors du match CSC-USMA. La question qui hante les esprits est de savoir pourquoi chercher une confirmation alors qu’aucune information n’a fait état, officiellement au niveau de la CAF, d’une quelconque charge retenue contre Youcef Belaïli ?
On ne dit pas non à Gourcuff sans le payer ensuite
On est tentés de croire qu’on avait hâte de procéder à un contrôle pour se donner la certitude de son annonce prochaine et, par la même, tranquilliser les esprits de celui ou ceux qui ont lancé une cabale contre ce joueur. Est-il faux d’établir un lien entre Belaïli et son refus de rejoindre la sélection nationale lorsque Christian Gourcuff lui a fait appel pour suppléer une éventuelle défection de Ryad Mahrez ? Il est des gens qui estiment que cet épisode a été assimilé à un crime de lèse-majesté envers le Breton considéré comme un saint par son employeur. On ne froisse pas le Christ…ian sans en subir la foudre en conséquence. Les entraîneurs qui n’ont pas répondu récemment à son invitation peuvent en témoigner…
H. D.
Les textes implacables du Règlement antidopage FIFA
Section 2 : Audience équitable, Article 62 : Droit à une audience équitable
«Tout joueur ou toute autre personne accusé(e) de violation d’une règle antidopage a le droit de demander à être entendu par la Commission de Discipline de la FIFA avant qu’une quelconque sanction sur le fond ne soit imposée conformément au présent règlement et au Code disciplinaire de la FIFA.»
Section 4 : Confidentialité et rapport. Article 68 : Informations concernant des violations potentielles des règles antidopage.
2. L’organisation antidopage responsable de la gestion des résultats informera l’association du joueur et l’organisation nationale antidopage, ainsi que la FIFA et l’AMA, au plus tard au terme de la procédure décrite aux articles 52, 56 et 57.
Le joueur ne risquait pas une sanction plus lourde en ouvrant l’échantillon B
Le bruit a couru laissant entendre qu’Youcef Belaïli risquait une sanction plus lourde s’il réclamait l’ouverture de l’échantillon B dans le but d’infirmer l’information révélée par l’échantillon A. C’est totalement faux. Dans le règlement antidopage FIFA, l’Article 52, alinéa C, précise que le joueur est dans «son droit de demander promptement l’analyse de l’échantillon B (…) Le joueur doit par la même occasion être informé que, si l’analyse de l’échantillon B est demandée, tous les frais de laboratoire seront à la charge du joueur, à moins que l’analyse de l’échantillon B ne confirme pas celle de l’échantillon A, auquel cas les frais seront à la charge de la FIFA.»
Le communiqué de la FAF
Le joueur Belaïli Youcef de l’USM Alger a été contrôlé positif par la CAF, lors d’un contrôle antidopage effectué lors du match MCEE vs USMA du 07 août 2015, comptant pour la Ligue des champions d’Afrique CL-2015. Conformément au règlement et à la demande de la CAF, le joueur Belaïli Youcef a été entendu par les membres de la commission médicale fédérale et a reconnu les faits qui lui sont reprochés et a renoncé au droit de faire l’analyse de l’échantillon « B » comme le prévoit la réglementation. La correspondance de la CAF lui a été notifiée, ainsi qu’à son club qui prévoit une suspension de deux années de toute compétition nationale et internationale.
Mourinho, lui, avait dénoncé Adrian Mutu
Adrian Mutu, l’ancien joueur international roumain, a été contrôlé positif à la cocaïne, en 2004, alors qu’il portait le maillot de Chelsea. Comment a-t-il été débusqué ? Son entraîneur, José Mourinho, avait remarqué son comportement anormal, sa nervosité notamment. Le Special One n’a pas tardé pour demander aux dirigeants des Blues de soumettre le joueur à un contrôle antidopage. C’est ainsi que Mutu a été contrôlé positif à la cocaïne. Il a été exclu du club avec dépôt de plainte à la FIFA par Chelsea, le 14 août 2008. Il a été condamné par la FIFA à verser la somme de 17,2 millions d'euros.