Cela fait longtemps qu’on n’a pas de vos nouvelles, que devient Farouk Belkaïd ?
Je profite de ma petite famille et de mes enfants. Je suis loin du monde du football. J’ai tellement joué loin de mes enfants que je n’ai même pas eu le temps de les voir grandir. Maintenant je profite du temps libre dont je dispose pour les emmener à l’école, les voir grandir, m’amuser avec eux et vivre ma vie de famille surtout que pendant plusieurs années, je suis resté loin d’eux. Sinon pour devenir entraîneur ou continuer dans le monde du football, ce n’est pas d’actualité surtout avec ce qui se trame dans les clubs ou ce qui se passe est malheureux.
Justement comment voyez-vous le football actuel vous qui depuis plusieurs années avez joué dans le championnat algérien…
En toute honnêteté, notre football est malade. Bien de responsables de clubs n’ont rien à voir avec le football, ils viennent avec de l’argent pour se faire un nom sans se soucier du niveau. Cela fait environ cinq ans que les choses ont changé dans le mauvais sens. Je dirais qu’aujourd’hui, notre foot fait carrément peur. On a peur de la violence qu’il peut engendrer et il n’y a qu’à voir certains cas pour avoir vraiment de quoi hésiter à revenir sur la scène du football que ce soit en tant que joueur ou entraîneur. Le cas de Yarichène qui s’est fait kidnapper son neveu fait vraiment froid dans le dos, j’espère que tout finira bien pour le petit garçon. En tout cas, il y a plus d’une raison de ne pas vouloir revenir et d’avoir peur. Il vaut mieux pour quelqu’un comme moi de rester loin du football.
Suivez-vous toujours le championnat national et que pensez-vous de son niveau ?
Oui, je suis toujours le championnat et j’assiste même à quelques matches en tant que spectateur. Sinon pour ce qui est du niveau, je ne peux pas donner un vrai avis. Il y a un changement certes mais le niveau peut varier au fil des ans, des fois il monte, des fois il descend et on espère pour notre pays qu’il sera meilleur à l’avenir.
Des milieux de terrain comme vous, ou encore Bakhti, Badji et bien d’autres on n’en voit plus, êtes-vous du même avis ?
Cette génération-là n’est pas la même. Comme je l’ai dit, le niveau peut varier d’une génération à l’autre. Si je prends ma propre personne comme exemple, j’étais un joueur qui aimait prendre son cabas pour aller s’entraîner et attendre le week-end avec impatience pour donner le meilleur de moi-même sur le terrain. Aujourd’hui, la faute incombe aux responsables qui ne savent pas gérer leurs équipes et qui sont derrière la baisse de niveau des joueurs. Certains sont chouchoutés, d’autres délaissés, c’est ce comportement qui fait que les joueurs ne soient pas d’un bon niveau.
Y a-t-il des joueurs qui sortent du lot selon vous et qui ont des qualités ?
Oui, il y en a quelques-uns. Je citerai comme premier exemple le jeune milieu de terrain de l’USMA, Benkhemassa. C’est un excellent joueur qui peut même prétendre à une place en EN. C’est un footballeur pétri de qualités qui peut aller très loin. Pour moi il mérite d’avoir une chance avec l’équipe nationale, il pourrait rendre de grands services à la sélection. Je le dis parce que j’ai occupé le même poste que lui et je sais qu’il à toutes les qualités pour faire partie de la sélection nationale. Hormis Benkhemassa, je pourrais également citer Chita du MCA qui lui aussi est un jeune plein d’avenir. Abdellaoui de l’USMA qui a beaucoup de qualités ou encore Ferhat pour qui je souhaite plein de bonnes choses et qu’il revienne à son meilleur niveau. Il a un énorme potentiel, d’ailleurs je l’ai vu récemment, il avait fait un bon match, mais il faut qu’il continue à travailler pour être au top.
Revenons à vous, vous aviez quitté la JSMB après quelques problèmes avec la direction, qu’en est-il aujourd’hui ?
Tout est réglé. J’ai résilié mon contrat à l’amiable. Malheureusement j’ai eu affaire à des responsables à la JSMB qui ne connaissent rien au football. J’ai vécu des moments assez pénibles mais tout ça c’est derrière moi. En quelque sorte, ce que j’ai vécu était l’une des raisons qui m’ont poussé à arrêter. Je me rappelle qu’on voulait me coller une étiquette que j’étais un joueur qui organisait des clans. J’en rigole car je ne l’ai pas fait avant dans tous les grands clubs où je suis passé. On a même voulu salir mon image en disant que j’avais combiné un match. Tout cela c’est de la foutaise, car j’ai travaillé avec Fergani qui me faisait toujours confiance et qui connaissant ma valeur, tout comme Heddane que je salue et que je soutiens dans ce moment difficile qu’il traverse. Un jour il m’avait même confié qu’il n’avait jamais rien eu à me reprocher, cela veut tout dire pour moi.
C’est dommage surtout que vous disiez que vous pourrez jouer jusqu’à vos 40 ans…
Oui et même plus. Mais avec ce que j’ai vu avec ces personnes, j’ai préféré mettre un terme à ma carrière.
En parlant de carrière, vous avez joué dans plusieurs grands clubs après avoir été révélé par la JSK, en quittant ce club étais-ce un tournant dans votre carrière ?
C’était une décision difficile à prendre. Au fond je voulais rester à la JSK. J’aurais pu rester mais le destin en a décidé autrement. S’il y a une chose que j’aurais souhaité vivre, c’était une expérience à l’étranger. J’étais sur le point de m’engager avec Auxerre à l’époque, mais Hannachi m’a convaincu de rester. Mais pour ma carrière je ne regrette rien puisque j’ai joué dans plusieurs grands clubs, j’ai remporté plusieurs titres dont beaucoup avec l’ESS. Le football est fait ainsi, en tout cas je ne garde que de bons moments que ce soit à la JSK ou les autres clubs où je suis passé.
R. H.