Merzak Dahmani, vous avez disparu de la circulation, on ne vous voit jamais dans un stade de football. Qu’est-ce qui se passe ?
Il se passe que quand j’ai envie de dormir, c’est chez moi que je le fais et pas dans un stade. Vous n’êtes pas sans savoir que le football a disparu de nos stades. Le niveau est tel que quand vous allez voir un match, vous avez envie de dormir, c’est comme si vous avez pris un somnifère. Et dire qu’on les paye à coups de millions…
Vous êtes à ce point critique ? Non, mais il y a encore de bons footballeurs, de beaux matches…
Je ne pense pas être critique outre mesure. Je dis ce que je pense, ce que je vois. Je ne critique pas juste pour le plaisir de le faire, mais je dis ce que je ressens en allant dans un stade voir un match, c’est tout.
Vous n’êtes plus dans le circuit du foot ?
Si bien sûr que j’y suis encore. Je suis titulaire d’une licence CAF C, je suis entraîneur de jeunes.
Justement, parmi ces jeunes il y a quand même quelques-uns qui ont des qualités ; il vous incombe à vous de les perfectionner, c’est votre rôle, non ?
Oui, certainement, mais encore faut-il avoir les moyens - je parle d’infrastructures entre autres - pour les faire progresser.
Au fait, vous allez au 20-Août voir le CRB ?
Non, pas du tout ! J’ai complètement oublié le CRB. Je me suis déconnecté du Chabab.
Parlons un peu de la finale de la Ligue des champions dont le match aller a été un échec pour l’USMA. Un club dont vous avez déjà porté les couleurs par le passé. Un commentaire sur ce match ?
Ce match est un fiasco. C’est clair. L’USMA a perdu ce match tactiquement. Je n’ai pas compris comment ni pourquoi les arrières latéraux étaient figés à leur poste. Sans l’appui des hommes de couloirs, vous êtes carrément mort dans l’entrejeu. Nous avons souvent vu Koudri complètement perdu au milieu du terrain, perdant son temps à palabrer avec l’arbitre. Je pense honnêtement que l’USMA n’a pas osé. L’équipe n’a rien fait pour bousculer le TP Mazembe. Ils n’ont tout simplement pas osé. C’est une finale que tu joues chez toi, dans ton propre jardin, alors c’est à toi de faire le jeu, c’est à toi d’aller chercher la faille dans le jeu de l’adversaire. Or, samedi qu’avons-nous vu ? Une équipe amorphe, sans âme, sans équilibre dans ses compartiments. Résultat des courses : elle se fait déborder à tous les coups. Encore heureux que Zemmamouche était dans sa forme optimale, sinon, l’addition aurait été plus salée.
Il reste quand même un match retour et comme le dit si bien le coach usmiste, rien n’est encore perdu…
Soyons sérieux ! Vous pensez vraiment que l’USMA va renverser la vapeur au Congo ? Bon, soyons clairs aussi, je ne condamne pas l’USMA ; en tant que footballeur, il reste, c’est vrai, un match à faire. Mais si le football n’est pas une science exacte, il nous reste le bon sens. A la maison, tu n’as rien fait pour gagner et tu veux me faire croire qu’au Congo tu vas attaquer, ouvrir le jeu et aller vers l’avant ? Franchement, c’est très difficile pour moi de croire des trucs comme ça. J’ai lu l’interview de Courbis dans votre journal, je pense qu’il résume bien ce que je pense. L’USMA a une chance sur cent, elle doit la jouer à fond. Bien que…
Bien que quoi ?
Je pense qu’il ne sert à rien de se voiler la face, nos joueurs n’ont pas le niveau. Dans ce match, ils ont été nuls, et cela ne concerne pas uniquement l’USMA. Le championnat national est d’un niveau bien plus bas que très faible, de ce fait, vous ne pouvez pas rivaliser avec des équipes pros comme le TP Mazembe.
Et pourtant, nous sommes deux fois de suite mondialistes, quarts de finaliste en 2014…
L’équipe nationale reflète-t-elle le niveau réel de notre championnat ? Non, je ne le pense pas et vous êtes bien placé pour le savoir.
En tout cas, les internationaux transfuges de notre championnat ne sont pas des manchots en sélection, je parle de Slimani, de Soudani, Halliche, etc.
Aucun de ces trois joueurs ne convainc en tout cas. Il est vrai qu’ils ont fait des progrès, mais les meilleurs en sélection ont pour noms Brahimi, Feghouli, tous les deux formés en France.
M. O.