Moussa Saib: «Les Verts ont bien réagi, ils nous ont régalés»

Moussa Saib revient dans cet entretien sur le match gagné par l’Algérie contre la Tanzanie. L’ex-champion de France avec Auxerre estime que les Verts ont été sublimes dans ce match.

Quels commentaires faites-vous de la large victoire des Verts sur la Tanzanie ?

Je crois tout d’abord que c’est une très belle réaction des joueurs après le match aller à Dar Es Salam. Ce match-là avait été une catastrophe pour nous. Au retour, les joueurs ont donc réagi positivement, ils ont de l’orgueil c’est une bonne chose. Ils ont montré de bien belles choses, un nouveau visage qui, forcément, séduit. On s’est même régalé. Dans ce match, on a vu de belles phases de jeu, notamment durant la première demi-heure, parce qu’après, il n’y avait plus de match. A quatre à zéro, la messe était dite. Là, ce n’était plus une balade de santé pour nous. Je pense franchement qu’au match aller, on a un peu pris à la légère cette équipe tanzanienne ; ensuite, une fois sur le terrain, les joueurs ont vu que c’était plus compliqué qu’ils ne le pensaient, d’où leur piètre prestation. Samedi à Blida, ce fut un autre match avec une prise de conscience collective, et pas que pour les joueurs puisque même le coach a dû changer son schéma tactique. Au match aller, il a opté pour un 4-4-2 ; schéma qui ne nous convient pas du tout, alors qu’au match retour, un réajustement du système a fait que nous soyons plus efficaces et plus à l’aise.

Quelle a été l’organisation tactique au match retour ?

Et bien, le sélectionneur a opté pour un 4-3-2-1. Trois hommes au milieu de terrain avec Medjani dans le rôle de sentinelle, et puis Bentaleb d’un côté et Mesloub de l’autre. Un cran devant, deux hommes, Brahimi et Mahrez, et Slimani seul en pointe. Un schéma classique dans lequel nos joueurs se sentent très à l’aise. Avec plus d’espaces, plus d’aisance dans leurs mouvements, Brahimi et Mahrez ont en fait voir de toutes les couleurs aux Tanzaniens avec, au finish, le résultat que l’on sait.

Avant et même après ce match, l’avenir de Gourcuff était en pointillés, certains souhaitant même son départ ouvertement. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je ne comprends pas du tout le pourquoi de la chose. Gourcuff est en poste, il travaille, il a un objectif à atteindre, et c’est à la fin de son travail qu’on devrait passer à la comptabilité. Là, au jour d’aujourd’hui, je pense qu’il est à l’heure avec son plan de marche, alors pourquoi souhaiter son départ ? Bon, maintenant il faut être cohérent avec soi-même. Les trois derniers matches de la sélection, celui du Lesotho à Maseru et les deux autres matches amicaux à Alger, l’équipe n’a pas été brillante sur le plan du jeu, mais pour autant, faut-il demander la tête du sélectionneur ? Moi je pense que non. On le laisse travailler. Il a du travail à faire, parce que je trouve la sélection non encore au point. Cela en dépit de sa dernière prestation que je juge très bonne. Je pense que derrière, ça flotte un peu. Il y a encore des réglages à faire en défense. Pour moi, à part Ghoulam, qui est très rassurant et sûr de lui dans son poste, pour les autres… ça ne me parle pas. Zeffane à droite est encore très timide, pas assez entreprenant, Belkaroui et Mandi pas encore assez rugueux, ni rigoureux. Ce que je veux dire par là, et ce, afin d’éviter toute confusion, c’est que nous n’avons pas une défense au niveau de notre ligne d’attaque. Je ne dis pas que Belkaroui n’est pas bon, comme je ne dis pas que Mandi et Zeffane ne le sont pas aussi. Non, je dis que ces joueurs doivent être au niveau technique de leurs camarades en attaque. C’est le même constat que je fais avec les hommes du milieu. Un garçon comme Medjani, on devrait le fixer dans un poste et pas le trimballer une fois au poste d’axial et une autre fois en sentinelle. Mesloub, par exemple, n’est pas bien positionné dans le côté gauche, on devrait l’utiliser dans l’axe, il sera meilleur et donc plus rentable.

Christian Gourcuff prend son bâton de pèlerin et va faire une tournée en Europe afin de dénicher des joueurs d’origine algérienne en mesure d’apporter un plus à la sélection. Si vous étiez sélectionneur, vous prendriez lequel ? Vous voyez un joueur sélectionnable en Europe ?

Je ne suis pas adepte de cette manière de voir les choses. Pourquoi aller en Europe chercher ce qu’on peut trouver chez soi ? Quand vous avez deux équipes locales qui vous font deux fois de suite une finale de la Ligue des champions africaine, c’est que forcément vous avez de bons joueurs chez vous. Alors pourquoi aller faire le tour d’Europe ? Pour aller dénicher  qui ? Voyez un peu lors du match de la Tanzanie à Dar Es Salam, qui a débloqué la situation ? Un joueur qui a été déniché en Europe ? Non, bien sûr c’est Slimani issu du championnat national. Alors, si c’était moi le sélectionneur, je verrais d’abord ce que j’ai chez moi. Vous savez, depuis quelques années, on a fait croire aux gens qu’il n’y a pas de bons joueurs en Algérie ; or, la vérité est tout autre. Il y a encore de très bons joueurs chez nous. Ce qu’il leur manque, c’est juste de la confiance. Il faut qu’on les sélectionne, qu’on leur fasse confiance, qu’on les aide à s’épanouir et à grandir dans la sélection. Voyez Soudani, Slimani, Belkaroui, Bounedjah, etc., ce sont de bons joueurs et ils ne sont pas les seuls, il y en a encore d’autres.

                                                 M. O.

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