Slimani : «Vahid me faisait confiance»

Après le match retour face à la Tanzanie et son deuxième doublé de la semaine, Islam Slimani nous avait consacré un peu de son temps avant son retour à Lisbonne pour répondre à nos questions et nous accorder une longue interview. Un entretien que nous publions aujourd’hui afin de répondre à certaines interrogations, notamment la question de Slimani et le fameux 4-4-2 de l’entraîneur national Christian Gourcuff. L’attaquant du Sporting nous parle aussi de son ascension fulgurante, une ascension dont il ne s’attendait pas forcément. En tous cas pas en aussi peu de temps puisqu’il est déjà à 20 buts alors que sa première sélection date seulement du 26 mai 2012. Entretien.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que vous affichez une grande forme en ce moment, comment l’expliquez-vous ?

C’est vrai que je me sens super bien en ce début de saison, que ce soit en équipe nationale ou en club, et je pense que cela est dû à la très bonne préparation effectuée lors de l’intersaison avec le Sporting Portugal. J’ai très bien travaillé et le résultat est là…

Pourtant, ce mois de novembre, c’est plutôt une période que tous les sélectionneurs appréhendent, car ça intervient juste quelques semaines après la préparation…

A mon avis, le corps de chaque joueur répond différemment. Y en a qui ne se sentent pas bien en cette période d’octobre et novembre, mais d’autres comme c’est mon cas pour qui ça se passe plutôt bien. Donc, hamdoullah je ne m’en plains pas.

Avant d’évoquer l’actualité, parlons un peu de vos débuts. Tous ceux qui vous ont connu à vos débuts disent qu’embrasser une carrière professionnelle ça a toujours été votre objectif…

Il est vrai que même lorsque je jouais à Chéraga, et alors que je n’avais pas encore 20 ans, j’ai toujours cru qu’avec mes qualités et en travaillant dur, je pouvais jouer en Europe. Je ne dis pas que j’en avais la certitude, mais j’y croyais très fort.

Henkouche nous racontait qu’à vos débuts au CRB, certains joueurs vous chambraient en vous taxant de joueur pas cher, ça vous faisait quoi ?

Etant un joueur inconnu au bataillon qui venait de de Chéraga, tout le monde savait que mon transfert n’était pas très cher, et du coup on me chambrait beaucoup aux entraînements par rapport à cela, mais bon c’était juste pour rigoler, et ça ne m’a jamais affecté. Par contre, il y avait à l’époque Bendahmane, que j salue au passage, qui était au CRB et qui n’arrêtait pas de me dire : Islam travaille dur comme tu le fais et tu verras que tu seras le futur attaquant de l’équipe nationale.

A votre avis, à quel niveau pensez-vous avoir le plus progressé depuis que vous êtes au Sporting ?

Sans hésiter je dirais sur le plan tactique. Vous savez, malheureusement en Algérie, on ne travaillait pas beaucoup cet aspect. Donc, j’ai fait mon apprentissage tactiquement quand je suis parti au Portugal. Au niveau du placement, que ce soit défensivement ou offensivement, j’estime que j’ai beaucoup progressé…

Et à quel niveau estimez-vous que vous avez encore des lacunes à combler ?

Je vais devoir me répéter en vous donnante la même réponse, à savoir l’aspect tactique où je dois me perfectionner encore plus pour être plus meilleur encore à l’avenir.

Revenons à l’équipe nationale : 20 buts déjà depuis le 26 mai 2012, pensiez-vous réaliser cela en l’espace de trois ans ?

Vous dire oui ça serait vous mentir. Quand j’ai rejoint l’EN en 2012, je ne pensais pas en arriver là en si peu de temps, mais hamdou Allah avec du travail et la confiance placée en moi j’ai pu être performant et incha Allah je serai encore meilleur à l’avenir.

Vous vous dites que cette ascension vous la devez aussi à Vahid Halilhodzic…

Oh que oui ! C’est l’entraîneur qui m’a donné ma chance en équipe nationale, et peut-être que s’il n’y avait pas eu Vahid, je n’aurais jamais été convoqué, je dis  peut-être, on n’en sait rien. Mais il y a aussi beaucoup d’entraîneurs qui m’ont aidé et m’ont soutenu tout au long de ma carrière en Algérie et je les remercie à l’occasion.

Parlons de Vahid, justement il avait surpris tout le monde en vous titularisant face au Mali alors que vous n’aviez que deux sélections…

Je ne vous cache pas que j’étais moi-même surpris de me voir titulaire lors de cette importante rencontre à Ouagadougou à l’époque. Mais quand vous avez un entraîneur qui vous fait autant confiance, ce que vous n’avez pas le droit de le décevoir…

Et d’ailleurs vous aviez inscrit le premier but lors de ce match…

Exactement et, malheureusement, j’ai raté la balle du break à cause d’un faux rebond…

Vous dites que Halilhodzic vous faisait confiance, il vous parlait beaucoup…

Non pas du tout, mais j’avais une grande liberté d’action sur le terrain, sa confiance s’exprimait ainsi. En gros, j’avais le droit de faire ce que je voulais sur le terrain.

Vous voulez dire que cette liberté vous ne l’avez plus actuellement…

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Chaque entraîneur a sa vision des choses et nous les joueurs on se doit de s’y adapter.  

Justement, la vision des choses du coach c’est le 4-4-2, comment vous sentez-vous dans ce système de jeu ?

Franchement, je m’y sens bien et je n’ai aucun mal avec le 4-4-2. Il faut savoir que le 4-4-2, c’est le schéma tactique du Sporting Portugal et donc forcément je n’ai pas de soucis à m’y adapter. Que je joue avec un autre attaquant, ou seul devant, je suis un joueur qui s’adapte à toutes les situations sans le moindre problème.

Pourtant, dans ce système de jeu, vous ne recevez pas beaucoup de ballons, pour un attaquant n’est-ce pas frustrant ?

Quand vous êtes attaquant, il faut s’attendre à toutes les situations. Recevoir beaucoup de balles, ne pas en recevoir du tout ou peu. L’essentiel c’est d’être efficace, soit en mettant au fond l’une des rares occasions dont vous bénéficiez ou être décisif en donnant des balles de but, comme ça a souvent été mon cas aussi…

Il y a eu le stage du Qatar où vous n’aviez pas marqué, avez-vous douté à ce moment-là ?

Non, pas du tout. Certes, je n’ai pas marqué mais j’ai délivré une passe décisive. En plus, au sein de mon équipe j’étais efficace, c’est pour vous dire que je n’ai nullement douté.

L’une de vos forces, c’est aussi votre rendement qui est le même qu’il s’agisse d’un match amical ou officiel, en gros vous ne choisissez pas vos matches…

J’ai la chance de défendre les couleurs nationales, celles de mon cher pays, et je me dois d’être à fond lors de tous les matches. Je me dis que je n’ai pas le droit de tricher car il s’agit des couleurs nationales, et ça explique certainement le fait que je suis à 2000% lors de toutes mes prestations.

Vous êtes déjà à 20 buts, c’est quoi votre objectif ?

Personnellement, je ne me fixe aucune limite. Certes, les statistiques sont importantes mais je n’en fais pas une fixation. Mon rôle en tant qu’attaquant c’est de marquer des buts et aider mon équipe du mieux que je peux, et c’est ce que j’essaye de faire à chacune des rencontres des Verts. Comme je vous l’ai déjà, dit, j’ai encore une marge de progression, notamment sur le plan tactique, et j’espère être encore plus décisif à l’avenir.

Contrairement à vos habitudes, face à la Guinée vous étiez mécontent et vous ne vous en êtes pas caché …

Je suis un compétiteur, nous étions menés au score et je ne voulais pas sortir. Je voulais rester sur le terrain pour aider mes coéquipiers. Sur le moment ça ne m’a pas plu bien sûr, et j’ai eu une réaction à chaud, mais au final il y a un entraîneur en chef et c’est lui qi décide. Il faut respecter ses choix. 

Vous êtes le meilleur buteur, mais souvent aussi décisif pour ce qui est de la dernière passe, cela dément ceux qui disent que vous n’êtes pas bon du pied…

Mon placement en tant qu’attaquant me permet d’avoir une bonne vision du jeu, et quand je peux donner une passe décisive je ne m’empêche pas de le faire. Quant à mon jeu de pieds, là aussi j’estime que j’ai pas mal progressé.

Votre popularité a fortement grimpé auprès des Algériens après votre doublé face à la Tanzanie à Dar Es-Salam, un doublé inespéré au vu de cette rencontre. On vous a surnommé le sauveur…

Je pense que les supporters algériens m’estimaient déjà avant ce doublé, et je l’ai toujours ressenti. Nos supporters aiment l’équipe nationale et les joueurs qui la composent et cela quelle que soit la génération. Maintenant et comme je l’ai toujours dit, je suis au service de cette équipe représentant mon pays, et j’espère rendre service et me donner à fond lors de chacune des minute où j’aurai à défendre les couleurs nationales.

Rendez-vous compte, vous qui jouiez à la JSMC en 2009, votre valeur actuelle est de 20 millions d’euros…

Je vous assure que je ne pense pas combien je vaux sur le marché, ou à tout ce qui peut se dire par rapport à un intérêt d’un tel ou tel club. Quand je suis sur le terrain je me donne à fond, notamment avec mon club du Sporting Portugal. J’ai un contrat qui me lie jusqu’en 2020 et je ne me soucie pas du reste.

Vous considérez-vous toujours comme un joueur local ?

Et comment ! Non seulement je me sens toujours comme étant un joueur local, mais je me dois de représenter dignement le football algérien. En fait, je me considère comme étant l’ambassadeur du football algérien local et je me dois de l’honorer de la meilleure des manières.

Juste pour revenir au match de Dar Es-Salam, que s’est-il passé en première période ?

Je dirais que les conditions en Afrique subsaharienne nous ont beaucoup perturbés : la chaleur, un taux d’humidité élevé et aussi l’état de la pelouse. Mais malgré notre médiocre prestation en première période et le fait que nous étions menés, nous y avons cru jusqu’au bout et hamdou Allah on a fini par arracher le match nul.

Sincèrement, croyez-vous que notre équipe nationale a les moyens de se qualifier pour la prochaine Coupe du monde ?

 Bien sûr que oui. Nous avons un bon groupe renfermant de très bons éléments. Nous attendons le tirage au sort pour la phase des poules avec impatience. Ces éliminatoires seront un vrai marathon mais à présent nous avons l’expérience de ce genre de rendez-vous, et on donnera tout pour qualifier l’Algérie pour une troisième Coupe du monde consécutive. Mais avant cela il y aura la CAN 2017 pour laquelle il faudra se qualifier. Une CAN où il faudra faire bien mieux que lors des précédentes.

  1. H. A.

 

 

«Il me donnait une grande liberté d’action»

 «Voilà pourquoi j’étais mécontente contre la Guinée»

«Je vaux 20 millions d’euros ! Franchement, je n’y pense pas »

« j’ai beaucoup progressé  tactiquement»

« Quand je ne marque pas, je suis passeur décisif, donc pourquoi douter»

«Je suis et je resterai toujours un joueur local »

« Je n’ai aucun problème avec le 4-4-2»

«… C’est notre schéma au Sporting»

 

 

 

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