Ismaël Djelid : «L’Algérie a besoin d’entraîneurs de la relève»

Ismaël Djelid est une fierté algérienne en Suisse où il exerce son métier d’entraîneur au sein du BSC Young Boys Berne. Sa passion est la formation des jeunes. A ce titre, il est titulaire d’un diplôme qui fait encore plus sa grandeur. Il est diplômé UEFA entraîneur de la relève, il nous explique ce que c’est.

Vous êtes titulaire d’un diplôme particulier, pouvez-vous nous en parler ?

J’ai le diplôme UEFA A, mais je suis aussi diplômé UEFA entraîneur de la relève, qui signifie entraîneur spécifique talent. Il s’agit de savoir comment et sur quels critères détecter les talents, faire ensuite des sélections et accompagner les jeunes jusqu’à ce qu’ils soient un produit fini et aient un bagage leur permettant de devenir joueurs pros dans le futur.

En quelques mots, comment ça se passe ?

On regarde le comportement du jeune sur le terrain à la perte et à la récupération du ballon. On se fait ainsi une idée sur son état d’esprit en voyant, par exemple, s’il dit ouf et se relâche en perdant le ballon au lieu de se ressaisir vite pour aller le récupérer. Entre autres, on se penche aussi sur sa relation avec ses coéquipiers, sa technique, sa condition physique, on voit s’il est rapide ou pas. Par la suite, à partir de ces critères, on lui donne une note de 1 à 5 et c’est ce qui permet d’affirmer si le jeune élément a du talent.

Et c’est à partir de là que commence la formation ?

Oui, on accompagne le talent détecté en l’entraînant, on regarde du côté de ses parents, son entourage. En somme, l’entraîneur de la relève accompagne le gamin de manière à ce qu’il puisse jouer le football dans les meilleures conditions possibles. On augmente toutes les chances pour se donner une certitude, à hauteur de 80% ou 85%, qu’il deviendra joueur professionnel.

Tout ça est-il déjà mis en pratique ?

Oui, il faut savoir que c’est un projet de l’Association suisse de football et de l’UEFA.

Enrico Fabbro, l’ancien coach italien du MCA, nous a indiqué un jour que dans son pays, on retenait aussi des critères biologiques pour déceler les talents, le faites-vous aussi ?

Oui, c’est le cas également pour l’entraîneur de la relève. Seulement, au sein de l’Association suisse de football, on juge plutôt l’aspect ayant trait à l’intelligence collective. Quand un joueur dribble, on cherche à savoir pourquoi il l’a fait. On juge les intentions. On veut voir s’il a agi pour son plaisir ou si c’est pour progresser vers le but.

Peut-on envisager la chose en Algérie ?

On doit le faire en tout cas. Notre pays possède vraiment des joueurs très talentueux. Il n’y a qu’à aller dans les quartiers où les gens aiment le football pour s’en convaincre définitivement. Techniquement, il y a un potentiel énorme. Le problème est que nous n’avons pas d’entraîneurs formés pour encadrer les jeunes. Comme je l’ai dit au Directeur technique national, il est impératif de former des entraîneurs capables à leur tour de former les jeunes joueurs. Ce projet est faisable. Formateur est un métier, entraîneur en est un autre. Un formateur peut exercer comme entraîneur, mais un entraîneur ne peut être formateur s’il n’a pas été formé dans ce sens.

H. D.

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