L’ancien footballeur argentin Diego Armando Maradona, champion du monde en 1986, est décédé ce mercredi 25 novembre. Il venait tout juste de fêter ses 60 ans. Aussi insaisissable balle au pied qu’hors des terrains, “el Pibe de Oro” restera comme l’une des icônes les plus charismatiques de l’histoire du sport, mais aussi l’une des plus sulfureuses.
“J'ai essayé d'être heureux en jouant au football et j'ai essayé de vous rendre heureux.” Cette profession de foi lancée à ses supporters par un Diego Maradona au bord des larmes, lors de son jubilé en novembre 2001 à la Bombonera résume assez bien la carrière et la trajectoire de ce personnage hors-normes, légende absolue du sport du XXe siècle. Vingt-trois ans après sa retraite officielle de joueur, l’Argentin s’est éteint, victime d’un arrêt cardiaque, ce mercredi 25 novembre à 60 ans, laissant en deuil tout un peuple, mais aussi des dizaines de milliers de fans de ballon rond à travers le monde.
Figure iconique par excellence (plusieurs églises lui sont d’ailleurs consacrées à travers le monde), “el Pibe de Oro” (le gamin en or en VF) incarnait une sorte de paroxysme du génie, touché par la grâce. Originaire des quartiers pauvres de Buenos Aires, Diego Armando Maradona ne tarda pas à manifester ce talent exceptionnel, ce don pour le football. Repéré très jeune, le prodige est déjà ambitieux. “J'ai deux rêves, disputer une coupe du monde, et la remporter”, affirme-t-il ainsi à 12 ans dans un reportage de la télévision argentine.
La “Main de Dieu” et le “but du siècle”
Comme le mythique Brésilien Pelé, auquel il sera souvent comparé, Maradona fait ses débuts en pro avant ses 16 ans, avec le club d’Argentinos Juniors, et en équipe nationale avant ses 17 ans. Le point de départ d’une carrière phénoménale. Pendant une quinzaine d’années, l’Argentin va régner sur la planète football, accumulant les titres et les honneurs. En club, avec un titre de champion d’Argentine conquis en 1981 dès sa première saison avec son équipe de cœur Boca Juniors ou plus tard au Napoli, auquel il offrira les deux premiers Scudetti de son histoire en 1987 et 1990 ainsi qu’un premier trophée européen (Coupe de l’UEFA 1989). Mais aussi et surtout en équipe nationale, qu’il mène en 1986 à une deuxième victoire en Coupe du monde, réalisant ainsi son rêve d’enfant, huit ans après le sacre à domicile de l’Albiceleste auquel il n’avait pas participé. Ce mondial 1986 au Mexique est incontestablement le sommet de la carrière de Maradona, en termes de niveau de jeu, mais aussi de dramaturgie. Tout est en fait résumé en moins de cinq minutes, au début de la deuxième période d’un match instantanément entré dans la légende : le quart de finale entre l’Angleterre et l’Argentine. Ce jour-là, Maradona ouvre ainsi le score de la main et voit son but accordé. Moins de quatre minutes après cette action sulfureuse, qui restera à la postérité sous le nom de “Main de Dieu”, “el Pibe de Oro” se rachète de la plus belle des manières en inscrivant le “but du siècle” au bout d’une folle course de 50 mètres au cours de laquelle il efface six Anglais !
Maradona l’indomptable
Même du temps de sa splendeur, avant une fin de carrière plombée par des problèmes d’addiction, en particulier à la cocaïne, Diego Maradona aura donc souvent créé la controverse. A fleur de peau sur le terrain, l’artiste avait parfois du mal à garder son sang froid face aux agressions récurrentes des défenseurs adverses. Certains de ses coups de sang restent célèbres, comme face au Brésil lors de la Coupe du monde 1982, où il est exclu pour un coup de pied asséné à Batista, ou en finale de la coupe du Roi 1984 avec le Barça, face à l’Athletic Bilbao, où il déclenche au coup de sifflet final l’une des plus violentes bagarres générales de l’histoire du foot (l’antagonisme avec le club basque datait d’un match disputé quelques mois plus tôt où Maradona avait été gravement blessé par Andoni Goicoetxea).
Tel était “el Pibe de Oro”, génie indomptable et incontrôlable, sur le terrain comme en dehors, dont la passion pour le foot et pour ses supporters n’avait pas de limite, au point qu’elle l’aura aussi en partie consumé. Ses excès, qui avaient failli lui coûter la vie à deux reprises en 2004 et en 2007, et ses prises de position enflammées sur divers sujets font partie intégrante de sa légende et de son aura, unique dans l’histoire du sport. Objet d’un véritable culte, en Argentine, à Naples ou ailleurs, Diego Armando Maradona aura au moins réussi à réaliser la deuxième partie de sa profession de foi prononcée à la Bombonera en 2001. C’est déjà beaucoup…