Ce fut une réconciliation de façade. Le tête-à-tête Casoni-Sekhri n’était finalement qu’une pièce théâtrale, sinon une manœuvre diplomatique dans le seul but de se dédouaner auprès des supporters en cas d’explosion.
Sinon comment expliquer le voyage éclair du directeur sportif Fouad Sekhri à Paris, puis à Madrid pour rencontrer un entraîneur étranger dans le but de l’engager en succession de Bernard Casoni, toujours en poste, et qui était au même moment en train de mettre les dernières retouches avant le match face à l’USMBA ? Il est clair, et personne ne peut démentir cela, que Fouad Sekhri et ses proches collaborateurs ne veulent plus de Bernard Casoni. La nouveauté, c’est que cette fois-ci, Sekhri semble avoir l’appui de quelques-uns de ses responsables, ce qui explique un peu son passage à l’acte.
L’avenir de Casoni n’est pas définitivement scellé
En effet, Fouad Sekhri a bien fait attention de ne pas ébruiter cette affaire. A la poignée de personnes au courant de cette virée franco-espagnole, il a avancé une autre histoire pour justifier son voyage éclair de 24 heures en Europe. Mais selon une source digne de foi, Sekhri aurait eu le feu vert des responsables de la Sonatrach pour aller sonder et préparer un remplaçant à Casoni, sans toutefois s’engager ou aller loin dans les discussions. Cela peut être expliqué par l’hésitation qu’il y a au sommet de la pyramide quant à la séparation avec Casoni qui pourrait bien terminer la phase aller en force et finir champion d’hiver. La discrétion était donc de mise. Rien ne devait filtrer. Personne, surtout pas Casoni et les joueurs, ne devait être mis au courant de cette intention de virer le coach corse.
Ce ne sera pas un Français
Revenons à ce rendez-vous. Sekhri a quitté Alger en direction de Paris. Lorsque nous avons eu cette information, on a cru à une négociation avec l’agent de Franck Dumas, un Franco-Algérien qui habite à Paris. Nous avons contacté ce dernier, il a formellement démenti l’information sans pour autant cacher sa tentation. Nous avons creusé un peu plus et on a pu confirmer que Sekhri a quitté Paris pour, aussitôt, rejoindre Madrid. Là, dans la capitale espagnole, il a rencontré une de ses connaissances qui lui a fait visiter le stade Santiago Bernabeu et toutes les installations de la mythique enceinte du Real Madrid. A ses proches, Sekhri a laissé entendre qu’il devait rallier Madrid pour essayer d’avancer dans le match MCA-Real Madrid envisagé pour le centenaire du Mouloudia. En fait, Sekhri y était pour négocier avec un coach connu ; un gros calibre qui a une nationalité autre que française. Ce dernier, qui a vu son nom déjà cité du côté du Doyen, se serait montré intéressé, mais aurait refusé de négocier tant que Casoni est toujours en poste. Cela n’a pas empêché que la discussion soit fructueuse. Sekhri est rentré à Alger avant-hier soir content et très optimiste quant à l’aboutissement des pourparlers.
On a inventé l’excuse parfaite
Parce que Sekhri ne peut pas attaquer Casoni sur les résultats vu que ce dernier est à un point du leader et aussi à 90 minutes d’une qualification aux ¼ de finale de la coupe arabe, on a trouvé l’excuse parfaite pour le virer : ses déclarations. En effet, les anti-Casoni au Mouloudia ont fait un rapport dans lequel ils reprochent à Casoni des déclarations « anti-algériennes ». Selon eux, Casoni a porté atteinte à l’Algérie lors du match contre le NC Magra à Sétif ; il a été suspendu pour 4 matchs pour ça. Il aurait ensuite, selon eux, récidivé à Chlef en se disant en danger dans notre pays. Nous avons cherché ces déclarations, on ne les a pas trouvées. Et pour finir et couronner le tout, Sekhri et son équipe estiment que Casoni n’aurait jamais dû se plaindre auprès de son ambassade à Alger à la suite de ses échauffourées avec des supporters à Bologhine après le match nul face au CRB. Tout ça pour dire que Sekhri, appuyé par Lamine Kabir, est décidé à avoir la tête de Casoni. Peut-être pas tout de suite, mais dans le cas où Casoni leur offrirait une occasion, ils sont prêts à prendre les rênes dès le lendemain.
Betrouni et les cadres à fond avec Casoni
Casoni n’est pas le genre d’entraîneur à s’accrocher à son poste. S’il ressent qu’il est indésirable par tous ses responsables, il partira et prendra les trois salaires exigés dans son contrat en cas de limogeage et quittera l’Algérie illico presto. Mais parce qu’il bénéficie du soutien du PCA Achour Betrouni, de la majorité des cadres de l’équipe et surtout de la presse et d’une grande partie des supporters, il résiste et continue à travailler normalement malgré les pressions qu’il subit de la part de Sekhri. Néanmoins, personne de ses soutiens ne pourra lui garantir de continuer son aventure avec le MCA. La seule manière pour lui de gagner cette bataille et de gâcher le plan de Sekhri, c’est de gagner. Les résultats sont sa meilleure arme. Si Casoni gagne à Bel Abbès, se qualifie aux ¼ de la coupe arabe, réussit un bon résultat à Hamlaoui face au CSC et bat l’ESS, personne, même pas le nouveau P-DG de la Sonatrach, ne pourra le bouger.
- B.