L’ancien chouchou des supporters du Mouloudia Moussa Coulibaly, qui se trouve actuellement à Bamako, s’est livré à Compétition pour parler de son ancien club. Il a évoqué son passage avec le Doyen de 2004 à 2010. Coulibaly a expliqué aussi les raisons de la réussite des joueurs maliens, contrairement à d’autres nationalités. Il affirme qu’il est prêt à aider son club pour dénicher les oiseaux rares au Mali si les nouveaux dirigeants font appel à lui.
Tout d’abord, pouvez-vous raconter comment ça se passe au Mali après cette pandémie du coronavirus ?
Au Mali, il y a eu deux cas de coronavirus. Les deux personnes contaminées sont rentrées de France ; la pandémie n’existe pas à Bamako, ni dans les autres régions du pays. Mais, depuis quelques jours, le gouvernement a pris des dispositions et les gens ont commencé à être conscients que ce n’est pas de la rigolade. Ils portent des bavettes et plusieurs personnes ont décidé de se confiner chez elles. Personnellement, je continue mon activité sportive, mais en solo, et je sors très rarement de chez moi. J’espère que Dieu va nous sauver de cette pandémie pour reprendre la vie normale. Je ne vous cache pas que le football me manque.
En parlant de football, avez-vous suivi le parcours de votre ancienne équipe, le Mouloudia ?
Et comment ! Le Mouloudia est toujours dans mon cœur ; je sais que l’équipe est classée 2e au championnat avec un match retard. Je sais aussi que le championnat a été arrêté ; j’espère qu’à la reprise, le Mouloudia gagnera le titre, car le public du MCA mérite la joie chaque saison.
Quel est le meilleur souvenir de Coulibaly avec le Mouloudia ?
J’ai deux meilleurs souvenirs avec le Mouloudia. Le premier, c’est d’avoir gagné les deux coupes d’Algérie en 2006 et 2007, et le deuxième, le but que j’ai marqué dans le derby contre l’USMA. C’est mes plus beaux souvenirs pendant les six ans que j’ai passés au Mouloudia.
Vous avez aussi contribué au dernier titre de champion en 2010 avant que de quitter le club décembre de la même année…
A l’époque, la FAF avait décidé d’interdire les joueurs étrangers dans le championnat algérien. C’était une décision qui m’a fait trop mal, car je voulais rester au Mouloudia au moins pour gagner le titre de champion. J’ai fait la moitié de la saison ; Dieu merci, le club a gagné le titre. J’étais vraiment content que mon équipe gagne ce trophée.
Quel est le joueur qui vous a marqué lors de votre passage au Mouloudia ?
Sans hésiter, je dirai Fayçal Badji. Il y avait d’autres joueurs, mais Badji sortait du lot. A l’époque, lorsque Badji est dans son jour, le Mouloudia gagnait son match. Je me rappelle un match de coupe d’Algérie en 2005 à Bouira contre Sétif. Badji était l’homme du match, il a fait tout ce jour-là ; c’est grâce à lui qu’on s’est qualifié au tour suivant. C’est un joueur qui avait d’énormes qualités ; je n’ai pas compris cependant pourquoi il n’a pas joué en EN.
Dans un autre registre, on aimerait bien savoir pourquoi les joueurs maliens ont réussi au Mouloudia contrairement à d’autres nationalités…
J’ai constaté lorsque j’étais en Algérie que pour réussir dans un club, il faut être musulman ; l’adaptation reste facile au MCA et même les autres clubs. Donc, quand tu es musulman, tout le monde est cool avec toi. Lorsque moi, Diakité et Rafan (Sidibé) ont faisait la prière avec les autres joueurs, cela nous a permis de nous adapter facilement ; les relations avec les autres joueurs étaient excellentes. Par contre, les non-musulmans prennent leurs distances et s’isolent du groupe. Là, ce n’est pas le groupe qui va s’adapter à eux comme nous les Maliens. Je ne vous cache pas que nous les Maliens avons une très bonne réputation contrairement à d’autres joueurs africains. Je peux dire aussi que le MCA est une porte de réussite pour nous autres Maliens.
La nouvelle direction du Mouloudia d’Alger a décidé de faire son recrutement au Mali, qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est une bonne chose, car il y a de très bons joueurs au Mali. En tant qu’ancien joueur du MCA, j’étais étonné qu’on ne m’ait pas fait appel. On a recruté ici sans demander mon avis, cela m’a vraiment touché, alors qu’ils savent que j’aime le MCA. Bon, chacun a son projet aussi. Par contre, ici, je connais tous les joueurs maliens et même des pays voisins.
Si l’on vous propose d’être le superviseur du Mouloudia au Mali, allez-vous accepter cette mission ?
Avant de répondre à la question, je vais vous raconter une chose. Avant que Dieng ne parte au Mouloudia, il est venu me voir ; je lui ai tout expliqué sur le club et le championnat algérien. Je lui ai dit que s’il s’entraîne sérieusement et se donne à fond sur le terrain, il sera comme un roi au Mouloudia. Pour revenir à votre question, bien sûr que je suis prêt à aidé mon ancien club, pas seulement pour le Mali, mais pour toute l’Afrique noire. Je ne vous cache pas que l’un de mes projets, c’est de mettre en place une académie au nom du Mouloudia ici à Bamako pour que les meilleurs joueurs dénichés passent par le Mouloudia.
Avez-vous contacté les nouveaux dirigeants pour ce projet ?
Non, pas encore, car je ne connais pas les nouveaux dirigeants. Je ne vous cache pas que mon rêve, c’est de voir le Mouloudia dominer le football national et international. J’aime ce club et je ferai tout pour l’aider, surtout que le centenaire du club approche.
Quel est l’entraîneur qui vous a marqué au Mouloudia ?
Au Mouloudia, il y avait deux entraîneurs qui m’ont marqué. Le premier, c’est Robert Nouzaret venu instaurer le vrai professionnalisme au MCA ; mais avec sa mentalité, il n’a pas réussi. Mais l’entraîneur qui m’a marqué le plus, c’est Alain Michel. Il m’a donné une énorme confiance, c’était très cool avec lui ; mes meilleurs matchs, c’était avec lui.
Vos meilleurs matchs, c’était dans les derbies contre l’USMA…
Celui qui n’a pas joué le derby entre le MCA et l’USMA n’a pas joué au football. C’était des matchs intenses. Dieu merci, j’ai réussi de très bons matchs et même marqué mon plus beau but de ma carrière dans ce derby.
En tant que défenseur, y a-t-il un joueur de l’USMA qui vous a fait peur ?
Non personne, quand Coulibaly est à 100% de ses moyens, aucun joueur ne lui fait peur. Pourtant, l’USMA avait ses stars comme Dziri, Amour et Achiou… De très grands joueurs, mais ils n’ont pas mangé le pain avec moi.
A propos de votre but contre Zemma, resté dans les annales des derbies, comment avez-vous pris la décision de tirer, alors que le ballon à 40 mètres des bois ?
Il faut savoir que ce n’est pas la première fois que je marque un but sur cette distance. J’ai marqué contre Djoliba et même avec l’EN du Mali. Avec le MCA, dans le derby, c’était énorme vu le grand nombre du public présent ce jour-là. Je me rappelle, il y avait je crois Babouche à côté de moi. Je lui ai dit de laisser le ballon et que j’allais marquer. Alors, j’ai tiré, et quand j’ai vu le ballon au fond des filets, je me suis dirigé directement vers les Chnaoua célébrer le but. Dommage que, par la suite, l’USMA a remis les pendules à l’heure.
Avant de conclure, quel est le message de Coulibaly aux Algériens et en particulier les Mouloudéens ?
Franchement, c’est un plaisir de parler du Mouloudia qui reste toujours dans mon cœur. Je n’oublierai jamais les bons moments que j’ai passés dans ce club. Je profite aussi de cette occasion pour prier Dieu de nous aider à surmonter cette situation que traverse le monde, car la santé des gens passe avant tout. Je demande à tous les Mouloudéens et les Algériens de respecter le confinement dans leur intérêt. On espère reprendre très bientôt la normale bientôt.
- Z.