L’ancien attaquant des Jaune et Vert, Hamid Berguiga, ne sait toujours pas pourquoi l’ancien président l’avait privé d’un appartement au moment où des personnes étrangères au club en avaient bénéficié à Alger. Sacré deux fois meilleur buteur du championnat avec 18 buts, celui qu’on surnommait Berguigoal confie que le salaire des titulaires était de 3 millions de centimes et que les joueurs ne gagnaient que 150 à 170 millions de centimes par an malgré les consécrations en coupe de la CAF. Berguiga a donné aussi son avis sur les actuels attaquants de la JSK et sur la pandémie due au coronavirus.
La pandémie du coronavirus continue à se propager dans notre pays, quel est votre message pour les Algériens notamment les jeunes qui font toujours preuve d’une insouciance inquiétante ?
Je leur dirais de se confiner chez eux pour ne pas se retrouver dans la même situation que les USA, l’Italie, l’Espagne et la France pour ne citer que ces pays. On doit comprendre néanmoins la situation de certains qui souffrent de l’exigüité. Ce qui me fait mal et qui m’inquiète en même temps est de voir des groupes de jeunes se réunir quotidiennement comme si notre pays n’est pas touché par cette pandémie.
Justement, les autorités ont décidé de durcir le ton en menaçant toute personne qui ne respecte pas le confinement d’une amende financière ou de peine d’emprisonnement…
Je pense que ces mesures sont bonnes pour obliger les réfractaires à respecter le confinement, mais il faut en même temps prendre en compte la situation de chacun, car comme je vous l’ai déjà dit, il y a des gens qui souffrent de l’exigüité chez eux.
Comment vivez-vous cette pandémie ?
Comme tout le monde, je me confine chez moi et je ne sors qu’en cas de nécessité. Il faut que chacun de nous pense à ses enfants, à ses parents et à ses grands-parents.
Cela fait longtemps que vous avez arrêté le football, mais votre nom est lié à l’histoire de la JSK comme l’un des meilleurs attaquants qui ont porté son maillot ces dernières années…
A mon époque, lorsqu’on jouait à la JSK, ce n’était pas pour de l’argent, mais pour les supporters. Il y avait des joueurs de Ligue 2 à l’image de ceux de la JSMB qui touchaient mieux que nous. Ne parlons pas des joueurs du MCA et de l’USMA pour ne citer que ces deux clubs. Je connaissais certains joueurs de ces deux équipes que je rencontrais à Ben Aknoun et il me parlait de leurs salaires.
Est-il vrai que lorsque vous aviez signé à la JSK vous n’aviez pas négocié votre contrat ?
Oui, c’est vrai. Lorsque l’ancien président m’avait contacté, il m’avait demandé de lui remettre mon passeport et lorsque j’avais signé, il m’avait dit que si je m’impose dans l’équipe, je serai payé comme les autres titulaires.
Les joueurs touchaient donc presque le même salaire…
Absolument, certains avaient colporté des rumeurs sur quelques éléments comme quoi ils touchaient plus que les autres, mais ce n’était pas vrai. On se rencontrait à la banque et le salaire de chacun d’entre nous était de 3 millions de centimes.
L’équipe avait remporté 3 coupes de la CAF et des titres de championnat, mais malgré ça, les joueurs ne roulaient pas sur l’or…
Moi, je n’ai remporté que deux coupes de la CAF et deux titres de champion d’Algérie. J’ai été aussi finaliste de la coupe d’Algérie. Avec nos salaires et les primes de signature, on touchait entre 150 à 170 millions de centimes par an. On ne jouait pas pour l’argent, mais pour les supporters.
Vous êtes entré par la grande porte dans l’histoire de la JSK puisque jusqu’à maintenant les supporters n’ont pas oublié votre passage…
C’est ma plus grande satisfaction. J’ai été sacré deux fois meilleur buteur du championnat avec 18 buts et je marquais une vingtaine de buts par saison toutes compétitions confondues.
Malheureusement, les buteurs comme vous ne courent plus les rues maintenant…
Sincèrement, le football a baissé dans notre pays depuis l’avènement du professionnalisme. Il y a trop d’argent dans le football, mais le football régresse d’une année à l’autre. Il faut que les pouvoirs publics interviennent en demandant des comptes pour chaque sou dépensé. La solution réside peut-être dans l’amateurisme.
Est-il vrai qu’on vous avait poussé à la porte de sortie pour quitter la JSK ?
Effectivement, on m’avait poussé à partir. Ce qui m’avait fait très mal est que durant 3 ans de suite j’ai couru derrière l’ancien président pour m’aider à avoir un appartement que je comptais payer de ma propre poche, mais je ne l’avais jamais eu, alors que des joueurs qui avaient joué moins d’une saison avaient eu des appartements sans parler des personnes étrangères au club qui avaient eu droit à des appartements.
Vous étiez le meilleur buteur de l’équipe, vous méritiez plus de considération…
Je ne demandais pas à avoir un appartement gratuitement, mais juste un appartement à bas prix que je devais payer par tranches. Mais je ne l’avais jamais eu. Idem pour Bendahmane. J’étais content pour les joueurs qui avaient bénéficié d’appartements, car c’était leur droit. Mais ce qui me faisait mal est que des joueurs qui avaient joué moins d’une année et que des personnes qui n’avaient rien à voir avec le club aient bénéficié d’appartements. Moi, je ne dormais pas lors des matches de la coupe de la CAF et cela pour faire plaisir aux fans. J’avais porté le maillot de la JSK pendant 5 saisons et j’avais tout donné pour être à la hauteur de la confiance placée en moi. Ce n’était qu’après mon départ de la JSK que j’avais acheté un appartement.
Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de votre passage à la JSK ?
Je ne garde que de bons souvenirs de mon passage à la JSK notamment nos consécration en coupe de la CAF et même au niveau national. Ce que je ne comprends pas par contre, c’est le fait de m’avoir privé d’un appartement que je voulais payer de ma propre poche. La JSK est un grand club et c’est un honneur pour tout joueur de porter son maillot.
L’attaque est le talon d’Achille de la JSK cette saison, qu’avez-vous à dire sur l’inefficacité des attaquants des Canaris ?
Tous les clubs manquent d’attaquants percutants. Il faut juste voir combien le meilleur buteur a marqué à 8 journées de la fin du championnat. Je dois dire que d’une manière générale notre football a baissé ces dernières années.
L’international kényan Masoud Juma possède d’énormes qualités, mais il est toujours à la recherche de son premier but sous le maillot de la JSK…
Je ne peux porter aucun jugement sur lui, car je ne l’ai pas vu jouer. Il était blessé pratiquement durant toute la phase aller et il faut être patient avec lui pour qu’il puisse retrouver sa forme optimale.
Banouh est sévèrement critiqué par les supporters depuis l’entame de la saison, ne pensez-vous pas qu’il est difficile pour tout attaquant qui est sous pression d’être efficace…
Bien sûr, les supporters doivent l’aider, car c’est un joueur de la JSK et il ne peut aller nulle part avant la fin de la saison. J’avoue qu’à notre époque, les supporters ne réservaient pas autant d’insultes aux joueurs, ce n’était que lors des dernières années qu’on voyait ça. Que voulez-vous attendre d’un joueur qu’on insulte à chacune de ses apparitions ? Je crois qu’il faut le soutenir au moins jusqu’à la fin de la saison.
Belgherbi, lui aussi, a vécu des moments difficiles, mais il a été décisif en cette phase retour…
Belgherbi a retrouvé son efficacité, car il a trouvé du soutien auprès de ses dirigeants, de son entraîneur et, peut- être, auprès de certains fans.
A 8 journées de la fin du championnat, pensez-vous que la JSK a encore des chances de jouer le titre sachant qu’elle accuse 4 points de retard sur le CRB qui a un match en moins ?
La question que tout le monde se pose maintenant est de connaître la date de la reprise du championnat. Tant que cette pandémie n’a pas disparu, le championnat ne reprendra pas. En ce qui concerne les chances de la JSK, je crois que rien n’est encore joué, mais après un arrêt de plus d’un mois du championnat, il sera difficile aux joueurs de retrouver leur forme. Il leur faudra une préparation spéciale pour reprendre la compétition.
Lors d’un entretien accordé à notre journal, vous avez déclaré que vous allez passer vos diplômes pour devenir entraîneur, l’avez-vous fait ?
Oui, j’ai eu le diplôme de troisième degré grâce à l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports Bernaoui que je remercie au passage. Il était un sportif et il avait fait un geste envers les anciens joueurs. Maintenant, j’attends des offres pour faire mes premiers pas dans ce métier d’entraîneur. Je suis prêt à travailler dans les jeunes catégories à condition que je sois estimé à ma juste valeur. Avec mon expérience comme joueur, je peux former des attaquants d’avenir, malheureusement chez nous on ne mise pas sur les jeunes.
- B.