Nacer Bouiche a marqué l’histoire du football mouloudéen. Bien que bourré de talent, il a toujours été élégant et humble. Aujourd’hui, il a envie de participer à la réussite de son club de toujours, mais d’une autre manière. Dans cet entretien, comme à l’accoutumée, Nacer Bouiche répond avec son franc-parler habituel à nos questions tout en espérant que cette pandémie disparaîtra au plus vite, car il veut que le championnat reprenne.
Vous étiez le premier à porter le masque de protection contre le coronavirus, lors du match contre le NCM…
C’est important la prévention, surtout que c’est un virus très virulent. Il ne faut pas prendre les choses à la légère, le monde entier en souffre. En plus, de nature, je suis pour la prévention. Pour une simple grippe, je ne sors pas de la maison pour éviter de contaminer les autres.
Malgré le confinement, on sait que vous n’avez pas arrêté de bosser puisque il y a des réunions tenues, qu’en dites-vous ?
Je n’ai pas travaillé comme avant le confinement, mais voilà, on essaye de maintenir le strict minimum. Effectivement, il y a des petites réunions, mais avec un groupe restreint de quatre à cinq personnes au grand max ; on respecte les consignes puisqu’on s’est installé à 1,5 m ou à 2 m les des autres. On essaye de faire avec les moyens du bord malgré la situation.
Almas a installé officiellement une commission de recrutement dont vous faites partie ; qu’avez-vous à dire dans ce sens ?
Le président, avant d’installer la commission, nous a pris chacun en aparté pour avoir notre avis ; par la suite, il a installé la commission. Il faut savoir qu’il n’y a pas que 4 membres, mais aussi d’autres qui travaillent dans l’ombre. Ceci dit, on n’a pas encore commencé notre travail car tout est à l’arrêt. Ce qui est sûr, les choses sérieuses commenceront plus tard.
Dans sa dernière déclaration, le président de la LFP a laissé entendre qu’il n’y aura pas de saison blanche. Etes-vous pour la reprise du championnat ?
Je pense qu’il vaut mieux finir la saison même s’il faut à huis clos. Au moins pour connaître les clubs qui finiront sur le podium. Pour moi, il y a 4 clubs qui sont en course pour le titre de champion : il y a le CRB, le MCA, l’ESS et à un degré moindre la JSK. On a tous envie de savoir qui finira champion. Donc, oui je suis pour la reprise du championnat.
Pensez-vous que Neghiz est l’entraîneur qu’il faut pour le Mouloudia ?
Neghiz a pris le train en marche. Il a hérité d’une situation très difficile. Je pense qu’il est capable d’atteindre les objectifs du club. Il travaille sans relâche pour remettre l’équipe dans le droit chemin, et on lui souhaite bien sûr la réussite.
Tout le monde pense que l’instabilité du Doyen est à l’origine des déceptions qu’il vit à chaque fin de saison ; qu’en pensez-vous ?
L’instabilité n’est pas quelque chose d’inédit au MCA. Je dirais qu’elle a commencé depuis les années 80. Depuis, on n’a jamais été régulier pendant 4 à 5 saisons de suite. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on a connu deux relégations. Cette instabilité fait du mal et cela depuis très longtemps.
Pensez-vous qu’avec Almas, la stabilité peut être assurée ?
Le président Almas est quelqu’un qui travaille de façon collégiale ; il n’a jamais pris de décisions en solo. Il faut le laisser travailler ; dans 3 à 4 ans, son travail pourra être jugé. Le Mouloudia d’Alger, il y a quatre ans était qualifié en coupe de la CAF et classé 2e au championnat. Mais tout a été cassé après les changements qu’avait connus le club.
Ce coronavirus n’a pas seulement causé des pertes humaines, il a provoqué une crise financière ; qu’avez-vous à dire dans ce sens ?
Soyez sûr d’une chose, quand le coronavirus disparaîtra, il y aura un autre monde. L’économie mondiale a été frappée de plein fouet. Tous les secteurs seront touchés, y compris le sport. C’est une situation inédite qui a frappé le monde entier. On espère juste sortir indemnes de ce fléau et qu’on reprendra notre train de vie normale.
Etes-vous pour le plafonnement des salaires ?
Sincèrement, je n’ai pas envie de parler ni des salaires ni du plafonnement des salaires. Le plus important à mes yeux, c’est de vivre selon le budget, à partir de là, on fixe les salaires. Pour votre information, on a reçu des directives pour rajeunir l’effectif.
Rajeunir l’effectif ? Mais Neghiz vise la LDC et c’est avec des joueurs confirmés qu’on joue cette compétition, non ?
Ma propre idée, c’est d’avoir 13 joueurs confirmés. 7 autres joueurs qui vont devenir par la suite confirmés et 4 à 5 jeunes du cru à l’image de Rahmani, Abdelaoui, Oukal, Mezireg et Benyahia. Un mélange bien dosé qui sera très détonnant à l’avenir.
Est-il vrai que vous êtes contre le recrutement des Africains ?
Non, pas du tout. Si l’on me ramène un Dieng, je suis preneur. Il y a deux compartiments qu’il faut renforcer par des étrangers, à savoir le milieu de terrain et un avant-centre. Il faut recruter des Africains de qualité qui peuvent apporter le plus.
En évoquant Dieng, celui-ci a composé avec BBK et Amada le milieu royal du MCA…
C’est un milieu plus que royal. Pour moi, BBK est une grosse perte. Dieng était une vraie machine. Amada, par contre, je voulais le ramener au MCA quand il était à l’USMH. Des joueurs de très bonne qualité ; il faudra tout faire pour avoir des éléments comme eux.
En parlant de Nacer le joueur, que diriez-vous de son passage au MCA ?
C’est une fierté d’avoir porté les couleurs de ce grand club pendant 11 ans. Que du bonheur et j’ai vraiment tout vu. Le Mouloudia d’Alger est un grand club qui mérite les honneurs avec un public en or qui, lui aussi, mérite d’être remercié en lui offrant des titres.
A votre avis, comment expliquer le fait que plusieurs joueurs ont réussi des exploits dans d’autres clubs, mais au MCA, ils sont passés inaperçus ?
Je me suis posé la question depuis toujours, même quand j’étais joueur. Je dirais que le MCA est un club surnaturel. Je vous donne l’exemple de Djabou. Avec Casoni lors du stage, j’étais agréablement surpris ; le joueur avait retrouvé ses jambes de 20 ans. Au début du championnat, mis à part dans 2 ou 3 matches, je ne l’ai pas reconnu. Pourtant, Djabou est un grand joueur. Le MCA pour moi reste un mystère. Il y a des joueurs qui viennent de nulle part et réussissent comme Merzougui, avant sa suspension, alors que d’autres, qui étaient des stars dans leurs clubs, on a l’impression qu’une fois au MCA, ce ne sont pas ces mêmes joueurs.
Votre meilleur souvenir avec le MCA serait quoi ?
En toute franchise, j’en ai tellement. A 16 ans, j’ai joué dans ce grand club. A 17, j’ai joué avec de grands joueurs, à l’instar de Zenir, Bencheikh, Bousri, Bachi, Kaoua et Belloumi. Mais, le titre de champion de la saison 78-79 reste le plus beau pour moi.
Et qu’en est-il de votre plus beau but ?
Il y en a deux. Le premier fut lors de la Ligue des champions contre le Canon Yaoundé. On avait gagné sur un score de 3-1. J’avais marqué sur une tête plongeante. Le second contre le CRB ; un coup de ciseau dans la dernière seconde du temps additionnel. Au MCA, j’ai marqué entre 90 à 100 buts durant toute ma carrière, et j’en suis fier.
Le défenseur qui vous a marqué et fait mal ?
Le seul, c’est Adghigh, il avait une bonne lecture de jeu. Pour moi, c’est l’un des meilleurs défenseurs du championnat. Un défenseur de charme.
Votre dernier mot ?
Je profite de cette occasion pour remercier les professeurs, les médecins, les infirmiers, les ambulanciers et les soigneurs ; bref tout le corps médical pour leur sacrifice en luttant contre la pandémie. Aussi, on doit avoir une pieuse pensée aux personnes ayant perdu leur combat devant le coronavirus, et souhaiter bon courage à ceux qui luttent pour survivre. On prie Dieu de retrouver notre vie d’avant. Bien sûr, je n’oublie pas de souhaiter un bon Ramadan à tous les musulmans en général et les Algériens en particulier.
- Z.