La diffusion sur les réseaux sociaux du fameux enregistrement téléphonique, qui a secoué l’Algérie du football, remonte à quatre jours déjà. Et, depuis, beaucoup de promesses ont été faites en attendant du concret.
En attendant la comparution aujourd’hui de Fahd Halfaia, le président sétifien soupçonné d’avoir ‘’animé’’ cette conversation très spéciale, devant la commission de discipline de la LFDP, conformément aux lois en vigueur, pour l’instant, 96 heures après l’éclatement de cette bombe, aucune plainte officielle n’a été déposée auprès des autorités judiciaires. Il faut dire que cela donne à réfléchir. De l’extérieur, on a comme l’impression que chaque partie est en train d’attendre que l’autre fasse le premier pas. En résumé, personne ne semble vouloir assumer ses responsabilités, même si le geste de la CD/LFP, qui a vite condamné les pratiques et procédé à la convocation des accusés, est à féliciter.
Nouvelle république
Le ministre des Sports Sid Ali Khaldi s’est autosaisi du dossier quelques instants après le contraignant partage de l’enregistrement sur Facebook. Il faut dire que la conversation était très claire et les voix ont été vite reconnues par les proches de la scène footballistique algérienne, voire même par certains fans, notamment pour la voix sensée être celle du directeur général de l’ESS. Les pratiques dévoilées par cet enregistrement sont connues par les fans de foot et surtout par ses acteurs. Elles passaient jusque-là sous silence, mais le nouveau gouvernement veut changer les choses. D’ailleurs, dans son intervention sur les ondes de la radio, Khaldi a insisté sur les nouveaux objectifs des décideurs, en rappelant que ‘’l’Etat s’est engagé à édifier une nouvelle république, en rupture avec les anciennes pratiques’’. Il a précisé que depuis sa prise de fonctions, il a tenu à diriger la moralisation de la vie sportive, s’engageant à faire de la lutte contre la corruption une priorité. Le ton a été donné par le jeune ministre, qui précisait, toutefois, qu’il attendra l’aide des différentes structures, car cette fois-ci, ils comptent sérieusement régler cette affaire pour endiguer définitivement ce fléau qui ronge le sport algérien.
Décor planté
Ce qui est certain pour l’instant, le décor a été planté ; les gens connaissent les accusés et aussi ce qui s’est passé ; ils peuvent même confirmer le fruit de ce plan diabolique en jetant un œil sur les résultats des dernières journées du championnat, sur le classement et surtout les scénarios des matches cités par celui qu’on présente comme étant le président de l’ESS. L’affaire a atteint le sommet de la pyramide ; le gouvernement est saisi puisqu’on croit savoir que le MJS n’est pas le seul ministère qui suit cette affaire. Le ministère de la Justice a aussi pris possession du dossier, en attendant que les enquêtes faites çà et là par les structures sportives, et que ces dernières passent enfin à l’acte souhaité, à savoir déposer une plainte nominative. Seulement, l’envie du gouvernement de donner l’exemple par cette affaire est tellement grande que le MJS voudrait bien que cela se fasse très rapidement, et ce, afin de lancer la machine judiciaire. La Fédé ou la LFP pourraient se constituer partie civile et déposer une plainte ne serait-ce que contre X, en attendant que l’enquête du département intégrité (qui n’est pas encore installé) débute et atteigne le but.
Leçon et exemple
En attendant, les regards se tourneront aujourd’hui vers le siège de la LFP à El Hama, où la commission de discipline recevra le controversé DG de l’ESS. Des sources proches de la LFP nous ont fait savoir qu’à l’issue des auditions, la Ligue a promis de déposer une plainte ; ce qui va enfin permettre à la machine judiciaire de se concentrer sur ce dossier, pas si épineux que ça. Les preuves paraissent déjà conséquentes ; il sera ensuite question de tirer la corde et traîner les complices pour leur faire payer le prix de leurs pratiques malsaines, et surtout en faire un exemple une fois pour toutes pour les dirigeants en place qui se sont spécialisés dans la corruption et une leçon pour les prochaines générations.
- M. A.