L’entraîneur du MC Oran, Bernard Casoni, ne comprend pas la raison de la pression qui pèse sur ses joueurs et qu’il repousse légitimement, comme il l’explique dans cet entretien réalisé à la fin de la deuxième séance d’avant-hier.
Vous avez secoué les joueurs à la reprise…
Non, pas secoué, mais j’ai parlé de ce qui n’a pas marché à Médéa. Je le fais après chaque match. Je n’ai pas compris pourquoi on n’entame pas trop bien nos matches. Est-ce que c’est la peur ou quoi ? Franchement, je ne sais pas. Pourtant, les matches amicaux, on les a bien entamés avec des intentions. Je leur ai dit qu’en championnat, je suis dans la même optique, c’est-à-dire qu’il faut gagner. Mais est-ce qu’on a pour ce faire ?
Parce que l’équipe est en construction, est-ce l’explication ?
Vous savez, on part d’un rien ; avec la Covid, avec des joueurs qui n’ont pas beaucoup joué, avec l’effectif que l’on a, des nouveautés, on est obligé de partir progressivement. Pour moi dans chaque match, il faut trouver de la progression et donner le temps pour que les gens digèrent tout ce qu’on leur a appris. Je le dis parce que je l’ai vécu avec le MCA. On a mis cinq mois pour comprendre, pour développer quelque chose, et là on part de très loin avec des conditions encore plus difficiles. Il faut savoir comment on a démarré la saison. J’aimerais bien gagner tous les matches, mais on ne m’a pas dit de gagner les cinq premiers matches. Moi, c’est de durer jusqu’en fin de saison. Donc, on ne peut pas être à cent pour cent maintenant. Ce qui m’intéresse, c’est d’avancer de match en match, d’être meilleurs de match en match et d’arriver à quelque chose vers la fin.
Et l’histoire de la querelle au sujet de l’exécution du penalty ?
Bien sûr, je n’ai pas aimé l’attitude de certains, c’est tout. J’ai dit que quelqu’un est désigné pour tirer les penalties sauf s’il a une blessure ou il ne peut pas le tirer (ndlr, Boutiche). On est allé le déstabiliser ; j’en ai parlé aux joueurs, j’ai dit que c’est inadmissible.
Deux bons résultats à l’extérieur contre un drawn at home, un parcours positif, selon vous ?
Je pense, mais on aurait pu gagner à domicile sauf qu’on n’a pas mis ce qu’il fallait. Parce qu’on n’est pas prêts à mettre ce qu’il faut aussi. Vous savez, je me fous du classement. Ce n’est pas maintenant que le classement m’intéresse, on est partis de rien, bon sang ! On est un club où, il y a trois mois, il n’y avait rien. Il y a un peu mieux maintenant. Mais on est loin du compte. Après, si on a d’autres résultats, tant mieux, mais ça ne va pas nous empêcher de continuer à travailler. On essaie d’avancer dans le contenu des matches, dans des certitudes, dans le jeu défensif de mieux en mieux, dans l’utilisation de ballon, dans le jeu offensif, mais ça part sur des bases. Ce n’est pas en trois mois, après un Covid ou après un recrutement où l’on a chamboulé l’effectif, que tu peux être performant.
Avez-vous enregistré une réelle progression ?
A Médéa, ce qui est le plus important, bien que menés 1 à 0, d’avoir manqué un penalty. On est allé quand même chercher un but, on aurait pu gagner le match. Donc, ça montre quelque chose. Sauf qu’il faut qu’on arrive à bien entamer nos matches. Là, on est en train de chercher pourquoi on entame mal nos matches. Peut-être, il y a des émotions, on est en train de chercher. On n’arrive pas à mettre en place ce qu’on travaille à l’entraînement. Heureusement qu’il n’y a pas de public ; si on avait joué contre la JSK devant quarante mille personnes, il n’y aurait eu personne sur le terrain, on se serait cachés tous.
D’après le président du club, il faut attendre la 5e journée pour juger l’équipe…
Ce sont les paroles du président. Pourquoi la 5e journée, peut-être qu’on sera performants dans la 10e. Au MCA, on a mis cinq mois, il n’y avait rien comme la Covid, le recrutement et j’en passe. Si tu gagnes les trois ou quatre premiers matches et tu perds ensuite quinze d’affilée, ça ne m’intéresse pas, ce n’est pas le but de mon projet.
Après trois séances, les joueurs ont-ils saisi le message ?
Depuis la reprise, oui. Aujourd’hui, il y a eu des intentions, mais après, c’est la compétition qui compte. Parce que, après, il ne faut pas chercher d’excuses.
Avez-vous vu le match du WAT contre l’USMA ?
Non, je n’ai pas vu, on va voir des séquences. Après, Tlemcen on les a joués. Tlemcen ça reste une bonne équipe.
Comment voyez-vous le match de vendredi ?
Je ne sais pas du tout. On verra déjà quelle équipe je vais faire. Il faut partir avec des intentions, c’est un derby, ça représente quelque chose de supplémentaire. Ce n’est pas parce que tu fais un derby que tu fais n’importe quoi. Il faut rester organisé, garder ses émotions ; après voilà, comme dans tous les matches, il faut mettre de l’impact comme à Médéa. Il faut gagner les duels et rester dans l’intensité du match.
Faut-il s’attendre à d’autres changements ?
Possible qu’il y en aura. On attend d’abord les entraînements avant le match pour en décider.
Avez-vous une idée sur la forme des éléments qui jouent avec la réserve ?
Oui, bien sûr, j’envoie quelqu’un pour les voir jouer (ndlr, Alain Durand). Physiquement, ils ne sont pas à leur niveau. Je veux donner du temps à tous les joueurs, il y en a que je n’ai pas encore vus. Déjà, il faut qu’ils confirment leur travail.
17 matches soldés par un nul après 3 journées de championnat, était-ce prévisible ?
Franchement, je ne sais pas. Vous savez, ce n’est pas facile de remettre en route une compétition après un tel arrêt. Mais pour vous dire, c’est l’évolution de mon équipe et comment la faire évoluer que je vois.
- M. A.