Sofiane Harkat, ancien défenseur et double champion d'Algérie avec la JS Kabylie, partage, ici, ses souvenirs et les moments forts de sa carrière avec le club, ainsi que son opinion sur l'équipe actuelle. Harkat s’exprime de manière touchante sur ce que signifie porter le maillot de la JSK, tout en prodiguant des conseils et une analyse de la situation actuelle du club.
Que devient Sofiane Harkat ?
Déjà, merci d'avoir pensé à moi. Je suis actuellement en France pour des vacances en famille. Sinon, je vis à Alger. J'ai totalement quitté le domaine du football. Je travaille désormais dans un autre secteur qui n'a aucune relation avec ce sport. Cela ne m'empêche cependant pas de suivre les rencontres du championnat. Parfois, je regarde des matchs dans différents stades. La dernière fois, j'étais à Tizi Ouzou pour assister au match entre la JSK et le Mouloudia d'Alger. Pour te dire que je suis régulièrement les rencontres des Canaris
Que pensez-vous de cette équipe de la JSK ?
Déjà, c'est un plaisir de voir la JSK en tête du classement. C'est un club qui doit toujours occuper cette position, possédant cette culture des titres. Bien que ce soit une équipe nouvellement constituée, les fans doivent faire preuve de patience avec les joueurs, car il y a du potentiel.
En termes de performances, comment les jugez-vous ?
Comme je te l'ai dit, c'est une équipe nouvellement constituée, avec de nouveaux joueurs. Il ne reste de l'équipe de la saison passée que quelques joueurs, que l'on peut compter sur les doigts d'une seule main. Les premiers matchs ont été un peu difficiles pour eux ; il n'y avait pas de cohésion entre les joueurs qui ne se connaissaient pas avant. Mais c'est tout à fait normal, je ne m'attendais pas à ce que l'équipe soit au top de son niveau dès le début du championnat. L'équipe devait passer par cette étape, et je suis content de voir les joueurs épanouis actuellement ensemble. Les fruits du travail commencent à se voir, leur façon de jouer a changé. Il y a désormais plus de complémentarité sur tous les plans, défensivement comme offensivement. Certains joueurs commencent à se démarquer, comme Ryad Boudebouz, Koceila Boualia, Akhrib en attaque et Madani en défense, sans oublier certains joueurs étrangers qui font du bien à l'équipe. J'espère donc qu'ils pourront ensemble constituer le noyau de cette équipe.
Justement, comment profiter de ces belles individualités ?
Benchikha doit s'efforcer de diriger les compétences de ses joueurs pour en faire un tout cohérent, ce tout qui formera le noyau du jeu d'une équipe entière. Chacun des joueurs que je viens de te citer possède des compétences et des particularités qui peuvent se compléter sur un terrain de football. Ryad Boudebouz excelle avec sa technicité et sa vision du jeu, Koceila Boualia avec sa rapidité et son sens de la pénétration dans la surface adverse, Akhrib qui apporte de la vivacité à chaque fois qu'il touche la balle, de l'intelligence de jeu et Madani, un défenseur costaud, etc. Ainsi, la colonne vertébrale est solide ; il suffit juste de quelques ajustements pour en faire une équipe robuste.
L'équipe a encaissé beaucoup de buts malgré la présence de défenseurs solides tels que Madani, Koné, etc. Pourquoi, selon vous, vous qui étiez un défenseur central ?
À chaque fois qu'une équipe encaisse beaucoup de buts, tous les regards se tournent vers les défenseurs, mais c'est une vision erronée. Certes, les défenseurs portent une grande part de responsabilité, mais il s'agit d'un travail d'équipe. Chaque compartiment a le devoir de défendre également, sans oublier la complémentarité et la cohésion entre tous les joueurs. La blessure de Gaya Merbeh, à qui je souhaite un prompt rétablissement, a aussi impacté les débuts de l'équipe. Donc, tout ce que je viens de te dire a contribué à ce que l'équipe encaisse beaucoup de buts. Je vois que cela a changé et que tout le monde a trouvé ses repères, espérant ainsi que la phase retour sera parfaite pour l'équipe.
Cela a entraîné un grand nombre de critiques pour l'entraîneur Benchikha, même maintenant que le club est en tête du classement. Que pensez-vous de cela ?
Benchikha est l'un des meilleurs entraîneurs en Algérie et en Afrique, qui connaît bien son travail. Quand il est arrivé, l'équipe était nouvelle. Il a su former un groupe. Il a rencontré des difficultés durant les premiers matchs, ce qui est normal pour une nouvelle équipe. Maintenant, il est en train de donner un visage à cet effectif. Il travaille sérieusement, faisant en sorte que les choses s'améliorent d'un match à l'autre, et c'est là l'essentiel. Les fans de la JSK sont exigeants, ils ont le droit de l'être, mais il faut qu'ils soient un peu patients avec lui. C'est précisément le fait de changer souvent d'entraîneur qui a détruit la JSK.
Pour vous qui avez remporté le championnat à deux reprises avec la JSK, qu'est-ce que l'équipe doit faire pour conserver sa position de leader ?
Les joueurs doivent adopter la mentalité de champions. Ils jouent pour la JSK, donc chaque fois qu'ils entrent dans un stade, ils doivent se mettre en tête qu'ils sont des champions, car la JSK est un club de champions. Cette mentalité doit toujours régner dans les vestiaires de l'équipe. Quand je suis arrivé à Tizi Ouzou, j'ai trouvé cette mentalité dans les vestiaires. J'étais jeune, mais j'ai immédiatement compris qu'ici, on ne joue pas juste pour jouer. On joue pour gagner, pour accumuler les titres. Les joueurs d'aujourd'hui doivent être conscients de cela.
Comment avez-vous vécu votre arrivée à la JSK ?
J'étais capitaine de l'équipe nationale espoirs. J'ai joué à El-Harrach, à qui je souhaite la montée cette saison. Je suis venu à la JSK à l'âge de 21 ans, où j'ai été accueilli par des joueurs expérimentés comme Driouche, Bendahmane, Boudjakdji, etc. De grands joueurs qui m'ont directement fait comprendre que la JSK a une histoire, des coutumes et des traditions. Dans ce club, les joueurs se donnent cœur et âme pour l'équipe. Nous étions les jeunes d'une grande famille, moi, Yacef Hamza, Omar Daoud, Hemani... etc. Voulant suivre la tradition des aînés à la JSK.
Quels ont été les moments les plus mémorables que vous avez vécus à la JSK ?
J'ai vécu les meilleurs moments de ma carrière à la JSK. J'ai gagné le titre avec l'équipe dès ma première saison, bien que je n'aie pas beaucoup joué en début de saison. Après le départ de l'entraîneur, j'ai commencé à jouer avec Jean-Yves Chay et les autres jeunes joueurs. À la fin de la saison, nous étions champions. Ce sont des moments inoubliables. Je me souviens aussi de notre match retour face au Raja Casablanca. Nous avons gagné au stade du 5-Juillet-1962 3 à 1, avec un stade archicomble. Cette équipe du Raja était très coriace. D'ailleurs, elle avait gagné le titre de champion arabe quelques jours avant le match aller. Au Maroc nous sommes entrés sur le terrain avec l'objectif de repartir avec la qualification. À la fin de la rencontre, promesse tenue : nous étions qualifiés malgré la défaite 1 à 0. Le président Mohand-Chérif Hanachi était incroyablement content, je n'oublierai jamais sa réaction dans les vestiaires, "rires".
Un mot pour les joueurs de la JSK…
J'espère qu'ils continueront sur cette lancée, qu'ils seront à la hauteur de la JSK, à la hauteur de nos attentes et qu'ils nous feront vivre la joie du sacre à la fin de la saison.
Un mot pour les supporteurs…
Je leur dis tout simplement de continuer à soutenir cette équipe, à donner cette magnifique image du club comme ils le font depuis le début de la saison. Je les ai retrouvés durant le match face au MCA, ils sont incroyables. J'espère qu'à la fin de la saison ils seront bien récompensés.
J.I.