Mourad Karouf, ancien joueur et entraîneur de la JS Kabylie, livre, ici, une lecture critique et approfondie de la première moitié de saison du club. Il détaille ses observations sur les performances de l'équipe, en soulignant les hauts et les bas. Il évalue également le travail du coach actuel, apportant des nuances tant sur les stratégies employées que sur les résultats obtenus. Outre l'analyse technique, Karouf ne manque pas de s'adresser directement aux supporters de la JS Kabylie. Entretien.

Mourad Karouf, vous avez pris la tête de la barre technique du RC Arbaâ depuis la 5^e journée, comment se passe l'aventure ?

 

J'ai effectivement pris les rênes de l'équipe à partir de la 5^e journée du championnat de Ligue 2, où je l'ai trouvée avec seulement un point à son compteur. Après dix matchs sous ma direction, nous sommes à la treizième place avec 17 points. L'objectif numéro un de l'équipe cette saison est le maintien en Ligue 2. J'ai découvert un effectif vraiment déséquilibré ; c'est pourquoi nous avons libéré cinq joueurs avant les cinq dernières journées de la phase aller. Nous avons alors fait appel à sept jeunes espoirs pour renforcer l'équipe. Pour l'instant, nous sommes sur la bonne voie, mais il nous reste énormément de travail à accomplir pour atteindre notre objectif. Nous comptons également sur le mercato pour recruter quatre joueurs supplémentaires afin de nous lancer dans la suite du championnat. Le président du club fait tout pour nous offrir les meilleures conditions possibles. Il est maintenant de notre devoir de réussir à maintenir l'équipe en deuxième division.

 

Suivez-vous toujours la JS Kabylie, étant donné que vous avez été ancien joueur et entraîneur de cette équipe ?

 

Bien sûr, j'ai suivi toutes les informations et les rencontres de l'équipe depuis le début du championnat jusqu'à présent. Il y a eu un changement radical au club, avec une nouvelle direction sportive à la tête de la JS Kabylie, menée par Hakim Medane et Karim Doudane, un nouveau staff technique, et un renouvellement de 80% de l'effectif. Malgré ces transformations, le club se trouve aujourd'hui en tête du classement, une position que la JS Kabylie n'avait plus occupée depuis 2019. C'est déjà un signe très positif.

 

Que pensez-vous des performances de cette équipe à la fin de la phase aller ?

 

Comme je vous l'ai dit, l'équipe est provisoirement en tête du classement. Avec ce genre de renouveau, il ne faut pas s'attendre à voir des performances parfaites dès le début du championnat, mais elle reste néanmoins première au tableau. En termes de rendement, il n'y a pas eu de régularité dans les performances de l'équipe, les automatismes entre les joueurs ne sont pas encore établis. Cependant, l'entraîneur cherche activement la meilleure solution ; nous l'avons vu changer plusieurs fois de schéma tactique pour essayer de trouver le système qui convient le mieux aux profils des joueurs à sa disposition.

 

Comment remédier à ces irrégularités dans les performances de l'équipe ?

 

Depuis le début du championnat, le coach Benchikha a utilisé deux schémas tactiques distincts : un pour les matchs à domicile et un autre pour ceux à l'extérieur, avec des animations différentes. Par conséquent, il n'est pas possible de comparer directement le rendement de l'équipe à domicile avec celui à l'extérieur. L'équipe a offert de belles prestations face au Paradou, El Bayadh et Magra, mais il y a aussi eu des performances décevantes. Chaque match est unique, et la question se pose : les profils des joueurs de la JS Kabylie sont-ils adaptés à ces schémas ? C'est une interrogation à laquelle seul le coach peut répondre, car il connaît son effectif mieux que quiconque.

 

Les changements tactiques ont-ils influencé le rendement de l'équipe ?

 

Il est inévitable que ces changements aient un impact sur le rendement de l'équipe. Jouer avec un système en 5-3-2, qui se transforme en 3-5-2 quand l'équipe a la possession, est extrêmement complexe et nécessite des joueurs très intelligents tactiquement ainsi qu'une préparation longue et minutieuse. Alors, imaginez les défis quand on utilise deux systèmes différents. Par exemple, la première mi-temps face à Chlef a été réussie, l'animation était bonne, mais dès que l'équipe est passée à un schéma en 4-3-3, cela n'a plus fonctionné.

 

Le coach s'attendait à quoi après ce changement tactique en deuxième période face à Chlef ?

 

Ce sont des choix de l'entraîneur. C'est à lui d'analyser la première période et de décider comment agir en deuxième mi-temps ; il connaît son effectif et ses joueurs, donc la décision lui incombe. Parfois, même les entraîneurs font des erreurs ! Jusqu'à présent, nous n'avons pas vu un rendement constant de l'équipe d'un match à l'autre. Il faut laisser le coach Benchikha travailler, car maintenant il a pu observer ce qui fonctionne bien et ce qui ne fonctionne pas.

 

D'ailleurs, Benchikha reçoit beaucoup de critiques, surtout après le défaite face à Chlef…

 

Chacun a son propre avis à ce sujet. Depuis l'existence des réseaux sociaux, il est devenu traditionnel de voir des critiques ; tout le monde donne son opinion. Il revient au coach de prendre ce qu'il y a de constructif dans ces critiques et de laisser passer le reste. Benchikha reste Benchikha, un entraîneur expérimenté avec un bon palmarès. Donc, il faut le laisser travailler. Ensuite, il y a des responsables qui prendront leurs responsabilités vis-à-vis du staff. Un bilan sera fait à la fin de cette phase aller, et le coach est soumis à des objectifs définis avec sa direction, non avec les supporters. Quant aux fans, ils ont le droit de critiquer et d'exprimer leurs opinions.

 

Y a-t-il une cohérence dans cet effectif de la JS Kabylie ?

 

Jusqu'à maintenant, après 14 matchs, j'ai constaté un déséquilibre au sein de cette formation kabyle. Quand on recrute beaucoup de joueurs en même temps, il est inévitable que les recruteurs se trompent sur un ou deux profils. À la JS Kabylie, ils se sont, selon moi, trompés sur deux ou trois joueurs qui n'ont pas donné satisfaction durant cette première phase du championnat. Il est temps pour eux de rectifier le tir pendant le mercato.

 

Justement, la JS Kabylie a besoin de recruter, c'est une évidence…

 

Oui, je suis certain que Benchikha a compris cela : il y a eu des joueurs qui ont donné satisfaction et d'autres non. Je pense que la JS Kabylie a besoin de recruter au milieu de terrain ainsi qu'en attaque. Par exemple, l'équipe a besoin de profils au milieu de terrain similaires à celui de Sarr, qui a été très performant depuis le début de la saison. La JS Kabylie doit avoir de bons joueurs pour assurer une saine concurrence.

 

Dans le cas où la JS Kabylie recrute durant le mercato, pensez-vous qu'il est possible de jouer le titre ?

 

Oui, énormément. Le niveau des équipes est pratiquement le même, la seule différence réside dans l'organisation et les moyens mis à disposition. Il suffit de regarder le nombre de points de toutes les équipes dans le classement pour se faire une idée du niveau de jeu, cette saison. Donc oui, la JS Kabylie a largement ses chances de remporter le titre

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Que pouvez-vous dire aux fans de la JSK ?

 

Les fans de la JS Kabylie sont le cœur battant du club ; ils sont exigeants et ils ont tout à fait le droit de l'être. Après une longue période d'attente, ils ont le droit de réclamer le titre. Les supporters de la JSK sont des connaisseurs du football, et quand ils demandent quelque chose, ils sont dans leur droit car le club leur appartient. D'ailleurs, Ould-Ali, Hakim Medane et Doudene sont à la JSK pour redonner sa gloire au club. Je les connais, donc je sais que c'est leur désir. Je veux simplement voir tout le monde travailler main dans la main pour atteindre cet objectif.

 

J.I.