L’ancien joueur et entraîneur du Mouloudia, Mecheri Bachir, a dressé un bilan sur la phase aller tout en donnant son avis sur certains points relatifs à la vie quotidienne de l’équipe.
Quel bilan faites-vous de la première moitié de la saison que le Mouloudia d’Oran vient de réaliser ?
Je pense que le bilan n’est pas positif par rapport aux attentes des supporters suite à la présentation de l’équipe l’été passé. En championnat, on n’est loin des performances souhaitées. Heureusement que le groupe a fait le job en Coupe d’Algérie car passer deux tours en s’imposant à l’extérieur demeure quand même une performance encourageante. Cela dit, notre vrai test va être face à El Harrach lors des huitièmes de finale. Je trouve que le supporter a rapidement passé de l’optimisme à la déprime au cours de cette phase aller avec un effet positif apporté par l’entraîneur Chelle lorsque l’équipe avait commencé à gagner à domicile grâce à une nouvelle philosophie qu’il a ramenée. Mais après le doute a commencé à s’installer en raison des contre-performances à l’extérieur.
Justement, comment expliquez-vous ces deux visages présentés par l’équipe durant cette phase aller ?
Je pense d’abord que c’est un problème de jeu car je trouve que l’équipe commence bien ses matches avec des attaques placées et un pressing haut sur l’adversaire avant qu’elle ne baisse de régime et se disloque dans ses trois compartiments. Il faut dire que cette régression flagrante au cours des matches ça pardonne souvent à domicile mais pas à l’extérieur. En plus, on possède une attaque pas du tout à la hauteur de la réputation du MCO. Désolé mais le fait de marquer seulement douze buts, c’est très peu pour une équipe qui était réputée d’avoir une ligne offensive qui crachait le feu aussi bien à domicile qu’à l’extérieur. C’est la raison principale qui fait que le MCO n’a récolté qu’un point en dehors de ses bases. C’est un bilan catastrophique à l’extérieur pour une équipe qui veut jouer les premiers rôles. Même les formations du bas du tableau ont ramené plus de points à l’extérieur que nous. Il y a aussi un autre point qui peut expliquer cette régression de l’équipe…
Lequel…
Je trouve qu’il y a beaucoup de blessés au sein de l’équipe. Ce n’est pas du tout normal qu’à chaque match on déplore quatre à cinq absences. Le staff technique manquait douloureusement de profondeur sur le banc de touche. Même les jeunes convoqués n’étaient là que pour compléter la liste des 20. En aucun cas, les remplaçants n’ont pu faire la différence ou apporter un plus cette saison. Cela est dû essentiellement à la cascade d’absences enregistrée à chaque match. Je pense qu’il faut bien s’occuper de l’état de santé des joueurs et connaître les raisons de ces blessures à répétition.
Vous avez parlé de l’attaque qui ne marque pas trop. Que pensez-vous du fait que les deux avant-centres Sylla et Aribi qui n’ont pas marqué le moindre but en championnat avant de se ressaisir en Coupe d’Algérie ?
Ce n’est pas normal ce qui arrive à ces attaquants, tous et pas seulement Aribi et Sylla. Si vous voulez vraiment mon avis, le MCO ne possède pas de grands attaquants capables de faire la décision. Franchement, je trouve que les attaquants ont peur de prendre leurs responsabilités. Une fois qu’ils arrivent vers les derniers mètres devant les bois, ils se décalent et fuient les buts. Un attaquant doit être à un moment donné égoïste. L'attaquant peut être adulé ou critiqué pour ça. Mais celui qui se dérobe de ses responsabilités ne sera jamais un bon joueur. C’est malheureusement le cas de la plupart des attaquants actuels du MCO.
Quelle a été votre réaction après l’annonce du départ de l’entraîneur Eric Sékou Chelle ?
Franchement, je ne m’attendais pas à ce départ, notamment en ce moment de la saison. Il est très compliqué d’aborder une période aussi cruciale comme la trêve hivernale sans entraîneur en chef surtout que le championnat va reprendre ses droits dans deux semaines. Les responsables du MCO doivent être conscients qu’il ne reste que deux semaines pour aborder des challenges très importants. En réalité, ils n’ont qu’une semaine pour préparer la reprise car la deuxième semaine sera consacrée au micro-cycle. Il ne faut pas perdre de temps.
Selon vous, quel profil d’entraîneur le MCO doit engager pour remplacer Chelle ?
On doit chercher un entraîneur qui correspond au profil du Mouloudia et arrêter de balancer des noms par-ci et par-là et attendre la réaction des supporters car on a vu des techniciens d’un haut niveau qui ont échoué et d’autres très moyens mais qui ont de l’ambition ont réussi avec leur équipe. Aujourd’hui, le MCO doit déterminer ses objectifs et arrêter une liste d'entraîneurs qui ont le profil de gérer ce groupe et le remettre dans un laps de temps relativement court sur les rails.
Préférez-vous un coach local ou un étranger ?
La question n’est pas là. Le plus important est de savoir ce que la direction veut de cet entraîneur, que ce soit local ou étranger. Aujourd’hui, on est en plein milieu d’une saison avec une équipe qui a connu des hauts et des bas durant cette phase aller. Comme je l’ai dit, le MCO va amorcer dans deux semaines un virage important qui pourrait être décisif et déterminant pour la suite. Si j’ai un avis à donner, un entraîneur local qui connaît bien le championnat est recommandé dans une telle période. Mais, il faut faire le bon choix.
Vu que le groupe possède des joueurs émigrés et des étrangers qui maîtrisent la langue française, pensez-vous que le futur coach doit être un francophone ?
Pas forcément car le football est devenu une langue avec des mots et des expressions universelles. Le message pourrait bien passer grâce à des exercices ou des séances vidéo que n’importe quel joueur doit comprendre. En plus, les joueurs doivent aussi s’adapter avec n’importe quel entraîneur. Un joueur ou un entraîneur professionnel doit aussi apprendre la langue utilisée par les pays dont il va travailler. Donc, il ne faut pas que cette histoire de langue soit utilisée comme prétexte pour ramener un entraîneur.
Aujourd’hui et pour la première fois depuis l’avènement de la société Hyproc, le club possède un directeur sportif qui est un ancien joueur, à savoir Mourad Meziane. Que pensez-vous de cette nomination ?
Meziane n’est pas à présenter car c’est un ancien joueur et enfant du club. Il possède une expérience en matière de gestion car il a présidé ce club en compagnie de deux autres anciens joueurs que sont Lebbah et Benyoucef. Aujourd’hui, s’il est en poste, c’est certainement qu’il a des idées qu’il veut ramener au Mouloudia. On lui souhaite la réussite car il représente une frange importante d’anciens joueurs de cette équipe du Mouloudia. On est appelé à être derrière lui tout en espérant qu’il va pouvoir apporter ce plus souhaité notamment sur le plan technique et sportif.
Quel objectif pensez-vous que l'équipe pourrait atteindre en fin de saison ?
Le plus important est que l’équipe n’est pas loin du podium. En Coupe d’Algérie, on est qualifiés aux huitièmes de finale avec l’avantage de jouer chez nous le match d’El Harrach. Donc, on est sur orbite. La phase retour est généralement difficile car chaque équipe veut atteindre ses objectifs que ce soir pour le haut du tableau ou pour la survie. Il faut donc bien se préparer pour attaquer la suite des compétitions. Comme je l’ai déjà dit, on va reprendre la compétition avec deux matches importants qu’il faudrait bien négocier que ce soit face au CRB ou l’USMH. Une bonne entame de la phase retour va nous motiver pour aller au bout de nos convictions.
A.L.