La discipline chez les Verts
Depuis la sortie prématurée de l’EN, on a tenté de vous expliquer, en relatant des faits bien évidemment, les réelles raisons de l’échec des Verts lors de la coupe d’Afrique des Nations 2017 organisée au Gabon. Un échec pas très surprenant au vu de ce qui s’était passé en équipe nationale au cours de ces derniers mois.
Il faut dire que si beaucoup n’étaient pas confiants quant à une qualification pour le deuxième tour, ou même que les poulains Leekens aillent loin dans cette compétition, il n’en demeure pas qu’on ne s’attendait vraiment pas à ce que cette EN soit la plus mauvaise équipe de ce tournoi. Une équipe algérienne renfermant pourtant des joueurs évoluant dans le très haut niveau dans les différents championnats européens, et qui sont passés complètement à côté de leur sujet à Franceville.
Durant cette CAN, et avant même l’élimination de notre équipe nationale, on vous faisait savoir dans nos différentes éditions les raisons invoquées par quelques joueurs après chacune des rencontres.
Après le nul du premier match, les joueurs avaient reproché à Georges Leekens de les avoir fait beaucoup travailler physiquement la veille de cette rencontre.
Dominos, cartes et PlayStation à 2h du matin
Un programme que Guillaume Marie, le préparateur physique affirmait en interne n’avoir pas cautionné mais que malgré cela, le Belge a maintenu les ateliers de ladite séance. Un argument qui expliquerait la manque de fraîcheur physique lors de cette confrontation.
Pour le deuxième match face à la Tunisie, et même si dans les vestiaires après la défaite, les présents ont plutôt assisté à un silence de mort, il n’en demeure pas moins que dans la soirée, certains éléments n’ont pas
manqué de préciser qu’il y a une grosse faillite dans le travail tactique, estimant que le Belge ne les fait pas assez travailler dans ce sens, et ce, depuis le début du stage au Centre technique national de Sidi Moussa le 2 janvier dernier.
Mais ce qu’ont omis de mentionner ces quelques joueurs, c’est l’autre grande carence de Georges Leekens.
En effet, ce dernier n’a pas su ou pu maîtriser son groupe. Pas assez autoritaire quand cela s’imposait, l’ancien sélectionneur des Diables Rouges avait donc complètement perdu la mainmise sur son team. Résultat des courses, un manque de discipline au sein de cette équipe lors de cette CAN, que ce soit sur ou en dehors du terrain.
Certains arrivaient en retard, d’autres rataient le petit-déjeuner
Il est clair que ces cas d’indiscipline, et heureusement d’ailleurs, ne concernent pas les 23 éléments, car il ne s’agit que d’une petite minorité dont on s’abstiendra de citer les noms cette fois-ci, mais ce qui s’est passé à Mouanda a clairement influé sur le rendement de l’équipe. Certains joueurs se permettaient donc de jouer aux cartes, aux dominos et à des jeux vidéo jusqu’à très tard dans la nuit (2h), sans qu’aucun membre du staff technique juge utile d’intervenir pour mettre fin à cette pratique. Il y a eu aussi des joueurs qui se permettaient d’arriver en retard ou même de rater le petit-déjeuner et le déjeuner, y compris les jours du match, malgré le fait qu’ils ils eussent toute latitude de se rendre au restaurant et cela jusqu’à 10h du matin, heure limite fixée par le premier responsable du staff technique national (8-10h).
Et bien, pour la petite histoire, figurez-vous que le jour du premier match de cette CAN, le Zimbabwe qui partageait le même hôtel que l’EN avait décidé de d’afficher des horaires fixes pour les repas : 8h30 pour le petit-déjeuner, 11h30 pour le déjeuner. Les Warriors ont même fait une sieste avant de se rendre au stade.
Ça ne s’est pas du tout passé comme ça chez les Verts. Le 15 janvier dernier, jours du 1er match des Fennecs lors de cette CAN, certains éléments se sont permis de descendre prendre le petit-déjeuner à 10h30, alors que le déjeuner était fixé à 12h30.
C’est pour dire que même si Georges Leekens ne jugeait pas utile de faire le policier, en surveillant les retards et autres dérapages, il n’end demeure pas moins que des joueurs en ont profité, et se sont tout simplement presque tout permis lors de cette CAN.
Il faut le dire, Leekens était beaucoup trop cool avec les joueurs. Même si après ce premier revers face au Zimbabwe, et suite à la pression de certains membres de la délégation, faisaient des rounds le soir pour mettre fin aux longues veillées de certains joueurs.
Rajevac, première réunion et déjà des mécontents
Ces dépassements, cette indiscipline sous l’ère de Georges Leekens ne risquait pas du tout de se produire avec son prédécesseur Milovan Rajevac. D’ailleurs, c’est ce qui aurait poussé la majorité des joueurs à se révolter et à exiger limogeage du Serbe. Un coach qui d’après eux a aurait poussé le bouchon beaucoup trop loin.
En fait tout a commencé lors de la première réunion du stage avant le match face au Cameroun au stade Mustapha Tchaker de Blida : «J’ai vu vos six derniers matchs… Il y a réellement un problème au niveau de la défense… sauf que moi, je n’accablerai un défenseur que lorsqu’il perdre un duel un contre un. Et même dans ce cas-là, il pourrait y avoir des circonstances atténuantes si l’adversaire s’appelle Messi ou un autre attaquant de grande qualité. Par contre, qu’on me dit qu’on a un problème de défenseurs alors qu’un attaquant a réussi à passer et notre attaque et notre milieu de terrain sans la moindre inquiétude, cela je ne l’accepterai jamais. Donc je vais être très clair avec vous, avec moi celui qui ne fera pas l’effort de défendre ne jouera pas, et cela quel que soit son nom. Une équipe c’est un collectif, et il faut qu’il y ait cette solidarité à tous les niveaux», avait fait savoir Rajevac à ses poulains.
La clé sur la porte : la consigne qui a tout déclenché
Un premier discours un peu trop brutal aux yeux des joueurs qui s’étaient habitués à une autre façon de parler et une manière de faire différente avec le Français Christian Gourcuff. Néanmoins, il est important de préciser que contrairement à Vahid Halilhodzic plutôt adepte de donner des ordres, Rajevac tentait de faire passer le message avec le sourire et en usant d’une certaine diplomatie. Même si plus tard, Rajevac a commis l’irréparable. En effet,
ce qui a vraiment à la fois déplu et énervé les joueurs c’est que Milovan Rajevac ait osé demander à tout le monde de laisser la clé de la porte à l’extérieur au moment du coucher : «Ce n’est pas possible de demander un truc pareil, on aura plus aucune intimité», aurait fait savoir les joueurs à certains membres du staff. Ayant eu vent de leur mécontentement, le Serbe a tenu à apporter une énième précision : «Je suis un fils de bonne famille et une personne bien éduquée, et je ne me permettrai jamais de rentrer dans une chambre sans frapper à la porte», leur a-t-il précisé.
Mais malgré cette mise au point, les joueurs n’ont pas du tout aimé cette directive, beaucoup trop contraignante pour les joueurs adultes et professionnels qu’ils sont. Ce serait la goutte qui a fait déborder le vase.
Une énième raison qui expliquerait le limogeage de Rajevac, car contrairement à Leekens, le Serbe a donné des horaires fixes pour les trois repas de la journée, à commencer par un petit-déjeuner obligatoire à 9h30 et pour tout le monde. Pour vérifier, Rajevac restait au restaurant pour voir qui était présent, qui est arrivé en retard et qui a fait l’impasse sur le repas. A Ce propos, on précisera que certains membres du staff se rendaient discrètement dans les chambres des retardataires pour leur préciser qu’il fallait absolument descendre, car le coach est en train de faire son propre décompte quant aux joueurs présents et ceux qui n’ont pas respecté la consigne. Du coup, tout le monde a réappris à être assidu au cours de ce mini-stage.
Un entraîneur avec plusieurs casquettes
Un autre exemple d’un joueur que Rajevac n’a pas manqué de corriger après que celui-ci se dirige vers lui pour lui parler avec un cure-dent dans la bouche : «Vous êtes en train de parler au sélectionneur national, et la moindre des choses c’est d’enlever le cure-dent avant de me parler», lui lance le Serbe. Il est aussi important de préciser que la veille du match, Rajevac s’était rendu dans toutes les chambres, et a même pris la peine de discuter un peu avec tout le monde, mais à ce moment-là aucun joueur n’a jugé utile de lui dire les choses, qui lui ont été lancées au visage dans les vestiaires le lendemain, causant son limogeage.
Georges Leekens, un coach beaucoup trop cool et incompétent aux yeux de certains éléments provocant des cas d’indiscipline et une élimination précoce lors de la CAN, et Rajevac beaucoup trop autoritaire frôlant même l’indécence toujours d’après ces mêmes joueurs, et qui a été limogé.
C’est pour dire qu’un nouveau coach, il y en aura certainement dans les jours à venir, sauf que ce dernier devra dans le même temps se faire respecter en faisant appliquer ses consignes, mais tenter de ne pas pousser le bouchon trop loin. Jongler entre autorité et le savoir-faire s’il veut mener à bien sa mission et gérer des égaux différents au sein de cette équipe nationale.
A. H. A.