Au cas où Raouraoua quitterait la FAF
Le président de la Fédération algérienne de football entretient le flou entier quant à son avenir à la tête de la FAF. En prévision de la prochaine assemblée élective prévue le 20 mars à Sidi Moussa, il n’a pas encore montré ses intentions.
Une situation qui pèse de tout son poids, souvent négativement, sur certains dossiers. A leur tête celui relatif aux joueurs binationaux. Instigateur, promoteur et protecteur de la politique de faire appel aux joueurs binationaux, formés dans les écoles françaises, pour défendre les couleurs nationales le nom de Mohamed Raouraoua est collé, en tout cas, à cette démarche qui a enregistré d’importants progrès et acquis. Ayant d’abord ouvert les portes des Verts aux jeunes joueurs franco-algériens, à l’instar, entre autres des Antar Yahia, Beloufa, Kraouche, Bougherra et autres Ziani qui ont opté pour l’Algérie dès leur jeune âge, Raouraoua est passé à une autre politique en la matière, mais plus agressive provoquant en 2008 l’amendement des règlements à l’occasion du congrès des Bahamas ouvrant droit aux binationaux d’opter pour la sélection de leur choix à condition qu’ils n’aient pas joué en équipe première. Une vague d’excellents joueurs est venue renforcer les rangs de l’équipe d’Algérie, à l’image des Yebda, Meghni, M’bolhi, Ghoulam, Medjani, les frères Ghezzal, Taïder, Feghouli et autres Lacen. Le président sortant de la Fédération algérienne de football a même réalisé des exploits dans cette démarche. Il suffit de rappeler sa réussite avec le joueur Saphir Taïder, aux origines algéro-tunisiennes, après un âpre duel avec les responsables de la Fédération tunisienne de football. Ses derniers acquis sont la naturalisation de Benaceur (Arsenal prêté au FC Tours) et le Bordelais Ounas. Les binationaux ont procuré, faut-il le reconnaître, de la joie aux Algériens avec deux qualifications de rang à la Coupe du monde dont un passage historique au deuxième tour. Le (très) probable départ de Mohamed Raouraoua à la fin du présent mandat olympique relance le débat sur l’avenir de cette politique destinée aux joueurs binationaux. L’Algérie saura-t-elle, en cas de départ de Raouraoua, attirer les binationaux aux talents indiscutables ? Rien n’est moins sûr sachant que Raouraoua déroulait des tapis d’or, financièrement parlant surtout, aux joueurs formés dans les écoles de l’Hexagone. Avec les conditions actuelles du pays, confronté à une crise financière aiguë, la situation s’annonce de plus en plus difficile. Le futur président saura-t-il s’inscrire sur la même ligne de conduite de Raouraoua ?
Machach ou l’affaire Fekir-bis ?
L’inertie qui marque les actions fédérales en cette période de doute sur le futur patron de la FAF se répercuterait sur le traitement de certains dossiers dont celui du prometteur milieu de terrain Zineddine Machach, en prêt à actuellement à Marseille en provenance du FC Toulouse. Après avoir donné, dans un premier temps, son accord de principe à Mohamed Raouraoua de jouer pour l’Algérie, la situation n’a pas évolué depuis d’un iota. Pis, le cas de Machach risque de connaître le même sort que celui de Nabil Fekir (Olympique de Lyon). Ce dernier a fini par tourner le dos à son pays d’origine préférant étaler son talent avec la sélection tricolore. Machach dont les origines sont algéro-marocaines est fortement convoité par la Fédération marocaine de football. L’entraîneur des Lions de l’Atlas, Hervé Renard, n’a pas l’intention de laisser filer une pépite au talent indéniable. Le technicien français travaille sérieusement et inlassablement sur le dossier du joueur Machach. Selon des médias marocains, le joueur en question pourrait rencontrer cette semaine le coach double champion d’Afrique en vue de discuter d’un engagement avec la sélection voisine. Un ratage qui se dessine à l’horizon pour l’équipe nationale algérienne. C’est dire toute la complexité de la situation actuelle du football national. La perte de tels joueurs pétris de talent au profit des adversaires directs à l’échelle continentale ne peut que fragiliser des Verts déjà peu mordants sur le plan africain. La dernière déroute lors de la CAN 2017 l’a montré on ne peut plus clairement.
La France « blinde » Mbappe, Aouar en stanb-by
La situation est, en tout état de cause, loin d’être rassurante. Le dossier du joueur aux origines algéro-camerounaises, Mbappe Lottin Kyllian, consolide davantage cette thèse. Né de père camerounais et de mère algérienne, le milieu de terrain en question n’a désormais aucune chance de suivre M’bolhi, aux origines algéro-congolaises. La Fédération française de football (FFF) a totalement barré la route à ses homologues algérienne et camerounaise convoquant le joueur chez l’équipe de France A. Le patron du staff technique de la sélection tricolore, Didier Deschamps, vient de battre le rappel du joueur en question en prévision du stage du mois de mars prochain. Juridiquement, Mbappe est « blindé » et devient « immunisé » de naturalisation. Le milieu de terrain de l’Olympique Lyonnais, Aouar Houssem, est, quant à lui, en stand-by. Franco-Algérien, le milieu de terrain lyonnais intéresse au plus haut niveau la Fédération algérienne de football. Mais rien n’a été fait pour le moment, en vue de prendre en charge sérieusement la situation. Et la situation de blocage enregistrée au niveau de la FAF fait que le dossier du joueur soit laissé en « quarantaine ». Chose qui risque de compromettre l’arrivée d’un joueur dont la sélection française ne voit pas d’un mauvais œil la venue.
Une aubaine pour le produit local
L’incertitude qui plane sur l’avenir des binationaux n’est pas forcément une déchéance systématique de l’équipe nationale. Des joueurs de qualité et jeunes, comme les Ghoulam, Taïder, Ghezzal ou autres Mahrez, sont déjà acquis et peuvent toujours servir l’Algérie. Le temps n’est-il pas venu d’ouvrir un peu plus les portes aux joueurs du cru ? D’autant que l’expérience nous a montré les limites des binationaux en sol Afrique. Il serait plus judicieux, du coup, de lancer les meilleurs joueurs locaux, et Dieu sait qu’il y en a, dans le bain aux côtés de ceux venus des écoles étrangères pour mettre sur pied une sélection en mesure de rivaliser dans les stades subsahariens. Une véritable aubaine qui se présente pour les responsables du football algérien afin de promouvoir davantage le joueur local. Une mesure qui devrait s’inscrire dans le même registre des engagements des pouvoirs publics à développer la formation des jeunes talents. Des centres de formation sont érigés un peu partout à travers le pays dont certains sont opérationnels (Sidi Moussa, Souidania, Sétif, Biskra et Tikjda…) qui doivent absolument être exploités à bon escient au profit des jeunes talents. La DTN a déjà lancé une vaste opération de détection des joueurs de qualité en vue de relancer l’équipe nationale olympique (U23). Est-ce le vrai début de valorisation de la ressource locale ? C’est, en tout cas, un gage de réussite pour le développement durable du football national.
Rafik Khaled