Au bout de 24 jours d’attente, de rumeurs et de stress, la Fédération algérienne de football a annoncé officiellement hier le nom du nouveau sélectionneur national pour les 2 prochaines années : il s’agit de Lucas Alacaraz, un coach andalou qui vient d’être limogé de la barre technique de son club de cœur, Granada.
C’est avec ce club, en effet, qu’Alcaraz s’est fait un nom dans le championnat d’Espagne. C’est à la tête de cette équipe que les Algériens ont fait sa connaissance entre 2013 et 2014, où il avait fait un assez bon parcours avec Grenade avec dans ses rangs le duo international algérien : Yassine Brahimi et Hassan Yebda. Si le second n’est plus dans le radar des Verts bien qu’il continue à jouer au plus haut niveau, le second se présente comme le futur trait d’union entre les joueurs et l’entraîneur. Il est pressenti pour être patron. Est-ce que cela a pesé dans le choix de Zetchi. Retour sur une longue période d’hésitation du nouveau boss de la FAF.
Il gagne la partie contre Caparros
Ce titre n’est pas le nôtre, mais celui d’un journal andalou, à savoir Superdeporte, qui annonçait hier la nomination d’Alcaraz à la tête des Verts. Il faut dire que l’info a surpris plus d’un, pas seulement en Algérie, mais aussi en Europe, en Espagne plus précisément, où les médias avaient annoncé avec beaucoup de certitude la nomination de Caparros avant-hier, suite à des rumeurs lancées en Algérie et relayées par beIN Sports. C’est de cette chaîne-là que la rumeur s’est très bien propagée, réussissant à convaincre les chefs de rédaction et les journalistes des ‘’diario’’ d’Espagne. Ils étaient très surpris à l’image de Superdeporte qui a évoqué ‘’un match perdu pour Caparros’’ dans un derby andalou remporté par le tout récent coach de Granada. Il faut dire qu’Alcaraz a été remercié il y a à peine 4 jours, suite à une déconvenue à domicile 3-1 contre Valence. Personne n’aurait imaginé qu’il allait se caser avec une telle facilité, mais Zetchi, qui avait déjà bien avancé avec Caparros, n’était pas vraiment emballé par le profil de ce dernier. Il a donc sauté sur l’occasion pour finaliser avec Alcaraz et le recruter, gagnant ainsi sa première bataille, car, au-delà de la signature du contrat, il y a eu ce défi de tout conclure dans la discrétion. Cela a été une totale réussite, en attendant de voir si sa trouvaille va réussir à atteindre les objectifs assignés, lesquels paraissent largement à la portée.
Ses deux fidèles adjoints dans ses bagages
Lucas Alcaraz, en accord avec le président de la Fédération algérienne de football, viendra avec deux collaborateurs espagnols : un adjoint et un préparateur physique. L’adjoint est Jesus Canadas et le préparateur physique est Miguel Angel Campos. Il s’agit de ses deux hommes de confiance qui ont toujours travaillé avec lui, notamment lors de son dernier passage à Grenade. Le staff sera renforcé avec des techniciens algériens, un adjoint local notamment, qui se chargera de suivre les joueurs locaux, ainsi peut-être qu’un entraîneur des gardiens, qui sera désigné incessamment.
S. M. A.
Les objectifs du nouveau coach tracés
Un bon parcours lors de la CAN 2019 et tenter le diable pour Russie 2018
Kheireddine Zetchi a donc fermé définitivement le dossier du nouveau sélectionneur ; il lui a pris plus que ce qu’il ne pensait mais il a trouvé chaussure à son pied : un coach espagnol, pas trop âgé et avec une mentalité capable de se fondre dans le moule algérien.
Les négociations ont sûrement duré longtemps, car le nouveau patron de la FAF allait poser ses conditions, concernant les objectifs à atteindre. L’EN est actuellement en pleine chute libre, le classement FIFA est là pour en témoigner, Alcaraz devra vite redémarrer la machine avec comme ligne de mire le stage de juin et le match du Togo. L’objectif sera donc d’aller à cette CAN 2019. Mieux encore, une source proche du dossier nous a révélé que l’accord prévoit un parcours remarquable lors du tournoi prévu au Cameroun, et, pourquoi pas, remporter la coupe. Certes, Zetchi avait déclaré qu’il visera la CAN 2021, mais le contrat de 2 ans qu’il a fait signer à Alcaraz prouve qu’il sera d’abord testé et mis à rude épreuve.
2 ans renouvelables
Le coach andalou devra donc montrer son savoir-faire durant les 2 années à venir, avec comme cerise sur le gâteau, si possible, une qualif’ au Mondial Russe. Zetchi a, en effet, demandé à son coach de faire le maximum pour aller au Mondial Russe, en essayant d’être prêt d’abord pour les deux prochains matches contre la Zambie, qui peuvent faire revenir l’EN dans la course.
A noter que le contrat de 2 ans qu’a signé Alcaraz est renouvelable si les objectifs et la progression sont visibles. C’est dire que seul le travail permettra à cet entraîneur d’améliorer son très modeste CV.
S. M. A.
Alacaraz raconté par un confrère espagnol :
«Un coach sympathique, expérimenté, qui ne badine pas avec la discipline»
S’il y a un entraîneur à la fois pas trop âgé et dont l’expérience peut aider la sélection, c’est bien Alcaraz.
Un petit coup d’œil sur son CV est suffisant pour remarquer sa riche expérience sur les terrains. Il entraîne depuis 1995 et ses débuts ont été effectués sous les couleurs de…Granada.
Durant les 22 ans d’expérience, Alacaraz a pu se construire une image d’un coach assez entreprenant, notamment ces dernières années où l’expérience emmagasinée a commencé à se voir sur le terrain, mais avec des équipes assez moyennes. Cela l’a empêché de gagner des titres, ce qui nous rappelle un certain Christian Gourcuff.
Nous avons voulu connaître un peu cet entraîneur : c’est un confrère espagnol de GranadaHoy, à savoir Juan Medina, qui a bien voulu nous tracer son portrait.
«Il a beaucoup de matches coachés en Liga, ce qui n’est pas rien»
Avec ses nombreux passages dans les clubs andalous, il n’y a pas mieux qu’un journaliste de la région pour en parler. Ce confrère a bien voulu le faire pour nous et pour vous, il était même enthousiaste en évoquant le dernier coach de Granada avant la venue d’Adams. «C’est un bon entraîneur», nous dira-t-il d’emblée. Et de poursuivre : «Il a une très grande expérience dans le foot espagnol ; c’est l’un des rares entraîneurs espagnols avec un max’ de rencontres coachés en Liga. Il n’a d’ailleurs travaillé qu’ici avec un passage en Grèce qui n’a pas duré longtemps.» Il faut dire qu’Alcaraz a connu un bref passage de 2 mois à l’Aris Salonique, avant de revenir à…Granada avec qui il a eu en tout 3 aventures, et 1545 jours de boulot, soit presque 5 ans de sa vie à servir ce club.
«Compréhensif avec les joueurs, mais il aime les bosseurs»
La description continue, et Juan Medina aborde le côté humain et relationnel de cet homme méconnu du grand public algérien. Il faut dire que c’est le point le plus intéressant à suivre au vu de quelques déclarations faites par les joueurs au sujet des 2 derniers coaches qui n’ont pas su parler au groupe. Ils n’ont donc pas pu le contrôler. «Je dirais que c’est un homme sympathique, mais
il aime la discipline ; il préfère travailler avec des bosseurs ; il aime les gagneurs ; il est aussi connu pour être un homme compréhensif. Cela l’a souvent aidé dans la gestion de son vestiaire», enchaîne-t-il.
«Très proche de ses deux adjoints»
Pour son aventure en Algérie, Alcaraz a exigé la présence de ses deux hommes de confiance Jesus Canadas et Miguel Angel Campos. Le journaliste de GranadaHoy nous parle de la relation fusionnelle existant entre Lucas et ses ‘’amis’’ : «La présence de ce duo avec lui dans cette nouvelle aventure ne m’étonne pas ; il est très proche d’eux et ils l’aident bien dans son travail, ça sera un staff complémentaire.»
S. M. A.
Alcaraz, ses forces et ses faiblesses
Le nouvel entraîneur de l’EN, comme tout entraîneur, a des forces et des faiblesses.
Le côté positif, selon les renseignements recueillis çà et là, réside dans sa grande capacité à s’adapter aux schémas tactiques. Certes, sur internet, on le présente comme un adepte du 5-3-2, ce qui pourrait épouser les forces et les exigences des matches en Afrique, avec des armes comme Ghoulam et Meftah, pour ne citer que ces deux-là, qui pourraient être exploités dans un tel schéma basé sur une participation aux offensives des deux latéraux, mais, à vrai dire, durant sa carrière, Lucas a essayé plus d’un schéma, dont le 4-4-2 et le 4-2-3-1 et même le 4-3-3. Cela a d’ailleurs été profitable à Brahimi qu’il a mis dans sa meilleure position, à savoir dans l’axe, lui permettant de faire face à la cage et d’être plus efficace.
Lecture parfaite du jeu des adversaires
Notre discussion avec un confrère espagnol nous a permis de savoir qu’Alcaraz a la faculté de lire le jeu des adversaires. Il présente donc d’assez bonnes garanties dans ce secteur ; il lui faudra juste comprendre ses joueurs et vite faire un état des lieux pour mieux savoir utiliser ses joueurs.
Fort de caractère
Une main de fer dans un gant de velours. C’est comme ça qu’on nous a présenté ce coach. Cela tombe bien pour un groupe qui a appris à vivre dans la rébellion ; la jeunesse du groupe devrait être exploité du bon côté. Alcaraz ne sait donc pas seulement s’habituer aux tactiques mais aussi aux joueurs.
Il ne parle pas français et communique bien en anglais
Alors que ce critère devait être important, après l’échec de l’expérience Rajevac, Zetchi a finalement fait l’impasse sur la langue. Alcaraz ne parle pas bien français et communique mieux en anglais, apprend-on de ses proches. Cela va-t-il être à nouveau un handicap ? Attendons pour voir.
Un passé peu glorieux
Le coach recruté ne répond pas aux critères initialement arrêtés par la FAF.
Zetchi avait promis un grand nom, mais un petit regard sur le CV de ce technicien est suffisant pour voir qu’il s’agit d’un entraîneur sans grand passé : aucun titre et une petite carrière de joueur vite interrompue. Il aura l’honneur de driver les Verts avec l’espoir d’inscrire un titre à son palmarès encore vierge.
S. M. A.
Alcaraz en quelques lignes
Nom complet : Luis Lucas Alcaraz González.
Date de naissance : le 21 juin 1966 à Grenade
Fils de Felipe Alcaraz, ex-député du parti d'extrême gauche Izquierda Unida et président exécutif du Parti communiste d'Espagne.
Quelques équipes entraînées :
Huelva, Grenade, Almeria, Santander, Murcie, Xerez, Cordoba, Levante, Elche, Aris Salonique (Grèce).
- 755 matchs en LIGA (1 et 2) et Coupe du Roi en
Espagne (record des entraîneurs en activité, et 8°
de l’histoire de la LIGA)
- 297 matchs en première division
- 48 matchs de Coupe du Roi, finaliste en 2003 (Recreativo de
Huelva- RCD Mallorca)
- 283 matchs en deuxième division
- 22 saisons consécutives comme entraîneur en Espagne.
- 2 montées en LIGA (Recreativo de Huelva 2002 et Real Murcia
2007)
- 189 matchs à la tête du Granada CF
Il sera à Alger ce mardi
Lucas Alcaraz arrivera à Alger ce mardi ; il devrait visiter les installations de la FAF et le très beau centre de Sidi Moussa avant d’animer une conférence de presse.
Zetchi animera une conférence
Après Alcaraz, Kheireddine Zetchi devrait lui aussi animer une conférence de presse dans laquelle il reviendra sur le bilan de son premier mois à la tête de la FAF ; il devrait donner un aperçu sur la suite de son programme.
Sa meilleure saison fut sous sa coupe
La meilleure année de Brahimi était avec Alcaraz
La venue d’Alcaraz profitera à l’EN qui est restée sans entraîneur depuis le 24 janvier dernier, mais un élément plus particulièrement sera le plus grand bénéficiaire de cette recrue. Il s’agit de Yassine Brahimi, le maître à jouer de l’EN.
En effet, arrivé à titre de prêt de Rennes à Grenade en 2012, l’international algérien avait fait de bons débuts pour sa première année, ce qui avait incité Granada à racheter son contrat au terme de la première année de prêt. C’est à ce moment-là qu’Alcaraz est revenu pour la première fois dans ce club, réussissant à redresser la barre et permettant à son club de jour un meilleur football en présence du duo algérien Yebda et Yassine Brahimi. Ce dernier avait carrément explosé cette année-là puisqu’il a confirmé son talent et brillé sur les pelouses de la Liga, après avoir peiné au début surtout à être efficace. Il faut dire qu’Alcaraz, au début, ne le connaissait pas bien ; il l’a fait jouer à droite et à gauche mais jamais dans l’axe ; il a fallu qu’il enregistre l’absence de son maître à jouer, en position de vrai 10, lors d’un certain match contre le Real en janvier 2014 pour que Brahimi soit enfin mis dans cette position. Déjà avant cette partie, Alcaraz a fait l’effort de réadapter son schéma tactique rien que pour donner cette occasion à Brahimi. Il est passé d’un simple 4-4-2 à un 4-2-3-1 pour repositionner l’international algérien. Preuve de l’importance qu’il lui donnait et Yassine le lui a rendu avec la plus belle des manières.
Alacaraz tombeur du Barça 42 ans plus tard grâce à…Yassine
C’est en effet Brahimi qui était l’auteur du but qui a permis à Grenade le 12 avril 2014 de battre le Barça 1-0 suite à un joli travail individuel ; un succès qui a fait augmenter la cote du coach Alacaraz et de son équipe. C’est dire cette entente entre les deux hommes et la solution magique trouvée par le technicien pour permettre à Yassine de briller.
Alacaraz était d’ailleurs content de voir le joueur s’en aller à Porto. Cela s’est produit alors qu’il n’était plus le coach, remplacé par… Caparros, mais il s’est permis d’encenser son ancien poulain. « Brahimi est un grand joueur, il a progressé ; Porto pourrait gagner beaucoup d’argent avec ce joueur ; il a appris à marquer des buts, son expérience avec Porto va le rendre encore plus grand. C’est un grand professionnel, ce qui lui permet de bien se comporter lors des matchs à grande intensité», disait-il de lui, soulignant la progression de son ancien poulain face aux buts. C’est en effet grâce à lui, entre autres, qu’il a appris à scorer ; ça sera sûrement l’une de ses armes dès le prochain stage.
S. M. A.
Son dernier bilan à Grenade est plus que négatif
Lors de son dernier passage à Grenade, qui s’est achevé le week-end passé avec la défaite 3-1 à domicile contre Valence, Alcaraz a dirigé l'équipe durant 24 matchs de Liga et deux en Copa del Rey, avec au total quatre victoires, six nuls et quatorze défaites, ainsi qu’une victoire et une défaite en coupe. Un bilan négatif qui l’a éjecté de son poste d’entraîneur et qui rapproche Grenade, 19e au classement, de la relégation.
Le match a été confirmé pour le 6 juin
Algérie-Guinée, premier test pour Alcaraz
Lucas Alcaraz découvrira l’ambiance des stades algériens lors d’un match de l’EN le 6 juin prochain où les Verts rencontreront en amical la Guinée. L’occasion aussi pour le public algérien de découvrir la sélection relookée version Alcaraz.
À noter que durant cette même date, l’Algérie devra jouer un match officiel contre le Togo comptant pour les éliminatoires de la CAN 2019.
Fergani : « L’école espagnole peut être intéressante »
«Je ne connais pas l’entraîneur. Un Espagnol, c’est une nouvelle expérience pour le football algérien. C’est vrai que la langue pourrait être interprétée comme un handicap, mais ce n’est pas forcément un problème. Le nouvel entraîneur des Verts se doit de faire un effort pour trouver des solutions de communication. Je dirai toutefois que l’école espagnole pourrait être intéressante. Son objectif sera clairement la qualification à la coupe d’Afrique des nations 2019. Car, en Coupe du monde, les choses paraissent difficiles. Il faut donc attendre pour voir plus clairement avant de porter le moindre jugement sur le nouvel entraîneur.»
R. K.
Ce qu’en pensent les techniciens :
Pour en savoir plus, on a pris attache avec quelques techniciens pour nous parler de la nomination d’Alcaraz à la tête des Verts. voici ce qu’ils nous ont confié.
Sendjak : «Il faut lui donner les moyens»
«Zetchi a promis un entraîneur espagnol, il a tenu parole. Nous ne connaissons pas grand-chose de cet entraîneur sauf qu’il a travaillé dans différents clubs espagnols. Il n’a pas l’expérience en sélections. Mais je crois que pour une équipe nationale, c’est un peu différent. Je pense qu’il faut lui donner les moyens pour pouvoir accomplir bien sa mission. La langue ou autre chose, je pense que le processus de communication peut se régler à travers différents canaux. L’essentiel pour le nouveau sélectionneur national est de passer rapidement au boulot pour préparer les échéances qui s’approchent à pas de géant dont notamment les éliminatoires de la coupe d’Afrique. La CAN sera son principal projet à la lumière des données défavorables en Coupe du monde. Je pense aussi que la réussite d’un technicien en sélection ce sont les résultats. Il faudra qu’il remette rapidement l’équipe sur les bons rails des résultats positifs, car l’EN est en nette phase de déclin sur le plan des résultats.»
R. K.
Heddane : «L’EN est devenue un laboratoire d’expérience »
«Je pense que la sélection nationale est devenue un laboratoire d’expérience. Sans diminuer de la valeur du nouveau coach, je crois qu’il n’a pas l’expérience nécessaire en sélections. Toujours est-il que le coach espagnol est coté. La langue pourrait constituer un obstacle terrible. Nous l’avons déjà vécu avec Rajevac. Vous n’êtes pas sans savoir que la communication est importante, car les choses seront difficiles pendant les matches pour la transmission rapide du message. J’estime que la traduction n’a jamais servi de solution communicationnelle efficace. Honnêtement, on ne peut pas préjuger maintenant du savoir du nouvel entraîneur. Il faut bien attendre pour bien voir l’évolution des choses ». R. K.