Djamel Mesbah pense que les Algériens de manière générale, les techniciens et la presse en particulier, doivent se montrer patients avec le sélectionneur national Rabah Madjer. Il appelle donc tout le monde à travers cette interview à le soutenir et à rester derrière l’EN qui est en pleine reconstruction. Aussi, l’ancien latéral gauche de l’AC Milan et de l’équipe nationale a bien voulu commenter pour nous les quelques écarts enregistrés lors du dernier stage des Fennecs avant de nous parler de Madjid Bougherra, le coach, et de sa volonté de continuer à jouer et à faire ce qu’il aime de plus dans ce monde : le football.
Que fait Djamel Mesbah actuellement ?
Depuis la résiliation de mon contrat avec Lausanne, je suis rentré en France pour être auprès de ma famille, de mon papa qui a besoin d’être entouré parce qu’il est un peu malade, et aussi de mes enfants qui sont à Genève. Depuis ce temps, je suis épaulé par un préparateur pour être toujours en forme physiquement afin de retrouver une équipe au mois de juin. J’ai essayé de reprendre avec un club en janvier, mais c’était limite, un peu difficile. Donc, j’essaie de me tenir en forme, d’avoir une condition acceptable pour être prêt dès que ça se présente. En ce moment, je me trouve à Doha, sur invitation de mon ami Madjid Bougherra et ça se passe très bien.
Vous avez certainement suivi la prestation des Verts version Madjer, qu’en pensez-vous ?
Bien sûr que j’ai suivi le match contre la Tanzanie ! C’est vrai que j’ai vu une équipe moyenne en face des Verts, mais il y a eu de bonnes choses notamment en seconde mi-temps. Après, contre l’Iran qui est une équipe mondialiste de surcroît, c’était un match compliqué et difficile. On a vu une très bonne réaction de notre équipe nationale, surtout en deuxième mi-temps. Il y a une reconstruction avec de bonnes bases, il y a des éliminatoires à préparer sérieusement pour être prêt pour la CAN 2019. Il faut laisser le temps à cette équipe pour se reconstruire, au sélectionneur et à son staff technique aussi pour apporter les réglages nécessaires afin de mener l’équipe à bon port.
On a vu aussi que le coach a changé de système lors des deux matchs ; lequel pourrait convenir le mieux, selon vous ?
Oui, j’ai vu qu’il a démarré avec le 3-4-3, puis il est revenu à la base, c'est-à-dire 4 défenseurs. Après, c’est au staff technique de voir ce qui convient le mieux à cette équipe, c’est lui qui a toutes les données en main pour décider de la stratégie et du système de jeu à adopter. C’est très difficile de juger de l’extérieur. A mon avis, quel que soit le système utilisé, ce n’est pas ça le problème, c’est la philosophie de jeu du coach et du staff qui doit donner son système de jeu et une identité à l’équipe. Madjer a sept mois de présence avec l’équipe, c’est à lui de voir la meilleure méthode pour bonifier son équipe.
Donc pour vous, il a besoin encore d’un peu de temps ?
A mon avis, c’est sur cela qu’il est en train de travailler actuellement, d’où les différents essais lors des matchs amicaux. Il faut lui laisser le temps. Ce n’est pas maintenant qu’on a besoin de voir l’équipe prête, mais dans une année pour la CAN 2019 au mois de juin. C’est encore en chantier, et c’est normal, il y a beaucoup de changements de joueurs, de systèmes de jeu, donc il faut trouver une cohésion. C’est un chantier assez difficile pour Madjer, il doit trouver cette identité qui fera que son équipe atteigne le niveau qu’il recherche. Je suis sûr qu’il l’a dans sa tête.
Ces matchs ont fait par contre des mécontents au sein de l’équipe ; des joueurs ont montré leur mécontentement. Vous aviez vécu cela avec l’EN ?
Par rapport à ces joueurs mécontents, ça dépendra du coach, c’est à lui de gérer tout cela en privé avec les joueurs, lors des prochains rassemblements. Parce qu’il faut de la discipline et ce genre de problèmes a toujours existé. Après parfois, ça sort du vestiaire et d’autres fois ça ne sort pas. Cette fois-ci, ces problèmes furent rendus publics. Donc, il faut juste respecter et pas juger l’un comme l’autre parce qu’on ne sait pas ce qui s’est dit réellement entre eux. C’est au coach surtout de gérer cette situation. Eviter la polémique afin de protéger son équipe et permettre aux joueurs de travailler tranquillement. Madjer doit se faire respecter et je pense qu’il a les épaules assez larges pour réussir ce pari. J’ai vu ce genre de problèmes là où je suis passé. Ce sont des choses normales dans le football. Il ne faut surtout pas dramatiser cela. Notre concentration doit être axée sur le renouveau de cette équipe nationale, retrouver une identité propre à Madjer. C’est le plus important à faire si on a envie d’aider l’équipe et le staff technique. Il faut avoir des principes de jeu, que ce soit sur le plan technique, tactique et de la discipline. Il ne faut jamais oublier qu’on représente tout un pays.
A votre avis, que faut-il à cette équipe d’Algérie pour qu’elle retrouve son niveau de jeu qu’on a vu par exemple face à l’Allemagne ?
Tout simplement du temps. Parce que si l’on regarde ce qui a mené l’EN à ce niveau contre l’Allemagne, on trouve qu’on a laissé bosser l’équipe pendant trois ans. Et aussi, il faut que le public sache que l’EN est en train de se reconstruire. Il ya beaucoup de jeunes, même s’il y a aussi des joueurs de base comme Brahimi, Mahrez, Ghoulam, Mandi, Medjani et d’autres encore. Il faut s’appuyer sur eux et ramener les meilleurs footballeurs algériens du moment et leur donner du temps. On a choisi Madjer comme sélectionneur, il faut donc qu’on soit tous derrière lui pour le soutenir à fond. Pourquoi ne pas lui donner le temps après les échecs passés ? Dans le football, ça va très vite. On peut rebondir très vite. Mais pour cela, il faudra beaucoup bosser et retrouver une identité de jeu. C’est le point le plus difficile pour un sélectionneur, qu’il soit algérien ou étranger. Pour le moment, on n’y est pas encore, mais je suis sûr que ça va arriver avec le temps et le travail.
Pensez-vous que cette équipe est capable de réaliser une bonne CAN 2019 avec cette génération de joueurs ?
Oui, bien sûr, dans 14 à 15 mois, je pense qu’on est capable d’avoir une bonne équipe. Avec le nombre de participants qui a augmenté, ça va être moins difficile pour se qualifier, surtout que les trois premiers vont passer. L’équipe aura beaucoup de matchs à jouer et elle aura assez de temps pour trouver la meilleure stratégie de jeu pour être prête en 2019. C’est clair qu’on n’a pas encore réalisé ce que le peuple attend de nous depuis quelques années déjà, mis à part peut-être contre la Côte d’Ivoire, mais je pense que cette équipe est assez mature pour réaliser cela avec le temps. Il faudra former un bon groupe pour y arriver.
Vous vous trouvez à Doha actuellement ; vous comptez signer au Qatar ?
D’abord, je suis venu voir Madjid Bougherra qui a gagné le championnat des U23 avec son équipe et qui va jouer aussi la coupe avec son club, je lui souhaite beaucoup de réussite. J’ai été agréablement surpris de voir sa manière d’entraîner, de coacher. Vraiment surpris ! C’est un bosseur Madjid, il est en train de préparer ses diplômes et je pense qu’il peut aller loin dans ce métier d’entraîneur. Moi, je suis ici aussi pour voir si je peux avoir des contacts avec un club en Asie. C’est clair que j’ai envie de jouer encore au foot. Si j’ai la possibilité de le faire, tant mieux, maintenant si ça n’accroche pas, je verrai quoi faire par la suite. Une chose est sûre, c’est que l’envie est toujours là et je suis en train de m’entraîner très sérieusement ; j’ai toujours envie de prendre du plaisir sur les terrains de foot. Donc, on verra ce qui va se passer par la suite.
Asma H. A.