Interviewé hier lors de l’émission Team Duga animée par l’ancien international français Christophe Dugarry sur RMC, le sélectionneur de l’Algérie Djamel Belmadi qui était d’ailleurs équipier de Dugarry à l’OM est revenu sur le sacre des Fennecs à la CAN-2019.
Le technicien a insisté sur la notion d’unité au sein du groupe qui a été le point fort dans les rangs de l’EN pendant la préparation et la compétition. Selon le coach, cet état d’esprit exemplaire a nécessité au préalable l’éviction de certains joueurs qu’il a qualifiés de perturbateurs.
«Des joueurs étaient installés confortablement, ils avaient la garantie de jouer le match d’après…»
«Avant de partir à la CAN, j’ai dû enlever quelques éléments plus au moins ceux que j’appelle perturbateurs, qui sont hostiles à ce fonctionnement , j’ai dit aux joueurs : «Que le meilleur gagne, que le meilleur joue, ce n’est pas le cas chez nous, il y avait des joueurs installés confortablement, bonne ou mauvaise performance ils avaient la garantie de jouer le match d’après, ils avaient accaparé quelque part la sélection nationale, c’était un petit peu les patrons, l’équipe nationale leur appartenait, peu importe la performance, donc j’ai mis fin à ça.»
«J’ai même enlevé Mahrez dans un match officiel, car il n’était pas à la hauteur»
Belmadi rappelle que même Mahrez a été secoué pour qu’il retrouve enfin son niveau en sélection. «J’ai essayé d’instaurer une concurrence saine et loyale, avec de grosses décisions, par exemple dans un match de qualification, pas n’importe lequel et pas un match amical, j’ai enlevé Ryad Mahrez, pour moi ça me semblait une chose normale, car il n’était pas à la hauteur de ce que tout le monde attendait et, surtout, de ce que moi j’attendais, et depuis un certain temps, et c’était donc normal qu’il aille s’asseoir sur le banc.»
«Les joueurs étaient choqués»
Le coach a bousculé son groupe, et voyait la réaction de ses joueurs, il la raconte pour la première fois. «Pour les joueurs ça a été le gros choc : ‘’purée, ça va être comme ça à partir de maintenant’’, donc enlever certains éléments qui, j’estime, ne tiraient pas dans le sens qu’il fallait, et qui ralentissaient notre évolution, des boulets, ça ne sert à rien de citer leurs noms.»
«J’ai enlevé 3 à 4 éléments, ils n’étaient pas encore prêts pour changer»
Le nettoyage initié par Belmadi a commencé très tôt, le coach y revient, il &vite toutefois de citer des noms. «Avant d’arriver à ce que vous vous avez vu, il a fallu durant cette année de qualification enlever 3 à 4 éléments que j’avais convoqués au départ et qui n’ont pas adhéré au discours et qui, peut-être, avaient du mal, je ne dis pas qu’à l’avenir ils ne reviendront pas, mais en tout cas, pour ce qu’on avait, c'est-à-dire des qualifications puis une CAN, ils n’étaient pas encore prêts pour changer, donc déjà on a dû enlever ces joueurs, on les a avertis, ils ont vu tout cela, mais ça n’empêche qu’ils ne voulaient pas changer.»
«J’ai dit aux joueurs, il va falloir gérer votre frustration, on n’est pas en club»
Le discours du sélectionneur a été clair, il a pu tout dire et tout expliquer aux joueurs et surtout les mettre d’accord, il a insisté pour que personne ne conteste un choix, et le résultat était juste parfait. «Avant de partir à la CAN il y a eu tout cela, les joueurs ont eu une crainte, ils se sont dit qu’il y a un nouveau fonctionnement, il va falloir adhérer, après on est allés là-bas, 2 mois avec la pression et la compétition avec ceux qui jouent et ceux qui ne jouent pas, on était préparés, je leur avait dit, vous allez voir, on va aller là- bas, vous connaissez, vous allez vivre, surtout pour ceux qui joueront moins, vous êtes 23, on ne fait pas du foot américain, il va y avoir 11 qui jouent, 3 qui rentrent, après quand on trouve une équipe-type c’est difficile de changer ; pour les remplacements, c’est dur de changer aussi, il va falloir gérer la frustration, là on n’est pas en club, on joue pour une nation dans un grand tournoi.»