Le Cameroun a choisi son timing pour attaquer
Le communiqué d’Eto’o a mis le feu aux poudres
Les déclarations de Belmadi ont offert l’occasion attendue
Il était temps, c’est avec cette phrase que des milliers de supporters camerounais ont commenté le communiqué émis par la fédération de leur pays, à travers lequel ils se sont attaqués au sélectionneur national Djamel Belmadi, après ses récentes déclarations concernant sa rencontre avec Gassama. Samuel Eto'o a menacé lundi le sélectionneur Djamel Belmadi de poursuites devant la FIFA après ses propos sur l'existence supposée d'une «conspiration» contre les Fennecs en barrage de la Coupe du monde en mars dernier, la Fecafoot, et après avoir observé un long silence, a vu qu’il était temps de réagir enfin, car dans la rue, les Camerounais ne comprenaient pas comment l’Algérie était en train de bouger dans les coulisses, sans que leur pays bouge le petit doigt. En fait, la FECAFOOT attendait juste le moment idoine pour le faire, une accusation impliquant le Cameroun comme pays et la FECAFOOT comme instance, pour réagir, mais jusqu’à dimanche dernier, les communications algériennes visaient toutes l’arbitrage de Gassama, puisque la FAF a même évoqué le volet purement technique dans la réclamation introduite au niveau de la FIFA. La sortie médiatique de Belmadi a donc fait bouger les choses, il a fallut que le coach évoque l’arbitre en question et surtout sa rencontre avec lui à l’aéroport d’Alger et même celui d’Istanbul, pour enfin donner la main aux Camerounais, les soupçons sur l’existence d’une conspiration ont fait comprendre aux Camerounais pour la première fois qu’ils sont visés dans les accusations.
De passage sur le plateau de Canal+ sport Afrique, l’ancien attaquant des Lions qui était avec la délégation qui est venue griller la politesse aux Verts a Tchaker le 29 mars, à savoir Patrick Mboma a confirmé la tendance, : «Quand on parle de maladresse, moi je veux bien, mais Gassama est Gambien, la Gambie n’avait pas de chances de se qualifier en Coupe du monde sur ce match, il parle de conspiration, quel est l’intérêt de cette arbitre de sortir l’Algérie ? Pour moi, il attaque le Cameroun et ça c’est plus grave, qu’il admette que le Cameroun l’ait battu dans les règles, et que le Cameroun est une nation supérieure à la sienne en football, l’Algérie l’a été en 2019, ok d’accord, mais là ce n’est plus le cas, il est en train de se refaire la cerise sportivement, et après ça, lui redonnera naturellement le droit à la parole, mais là sur cette histoire, Gassama et la conspiration, c’est juste inacceptable, et là, me parler de communication et de maladresse c’est être très gentil», a déclaré l’auteur du but du Cameroun lors du 1 à 1 entre les deux nations lors de la CAN 2004 en Tunisie. Les propos de Belmadi ont donc eu l’angle que les Camerounais voulaient pour répliquer, et il est clair qu’ils ont mis le paquet pour diaboliser le coach de l’EN à travers le partage à grande échelle de ses déclarations, partout, sur les réseaux sociaux, sur les plateformes de journalistes, d’ailleurs sur l’une d’elles, nous avons pu mesurer à quel point ils avaient envie de se défouler et reprocher à l’Algérie tous les torts, certains ont réclamé pour que les arbitres africains n’acceptent plus d’arbitrer dans notre pays, d’autres ont carrément proposé un boycott du CHAN algérien prévu l’hiver prochain, tout semble bon pour répondre et faire mal à notre pays.
Africains jusqu’au bout des ongles
L’autre sentiment qui se dégage est celui d’un rejet, les propos sont parfois blessants vis-à-vis d’un peuple qui ne ‘’se considère pas africain’’, pouvait-on lire dans un commentaire, il faut dire que cette réflexion on en a souvent eu droit lors de nos différents déplacements en Afrique, on nous reproche de faire partie d’une zone du continent beaucoup plus proche d’Europe que d’Afrique, et ce ne sont pas les propos de Belmadi dans l’interview qui vont changer la tendance : «Quand on joue en Afrique…» Cette phrase qui revient souvent dans les déclarations du coach lorsqu’il évoque l’Afrique sub-saharienne est exploitée pour nous reprocher des faits qui ne nous ressemblent pas, ni à Belmadi, certains font tout pour caricaturer l’Algérie comme étant un pays indépendant du continent africain.
"L’Algérie est un très beau pays, une très belle équipe qui rend l'Afrique très fière. Nous vous souhaitons le meilleur. Bonne chance pour l’Algérie, bonne chance pour les autres nations participantes. L'Algérie doit remporter la Coupe du monde, pas seulement la CAN", nous déclarait Patrice Motsepe en janvier dernier en marge de la CAN, il faut dire que le retour en force de l’Algérie avait dérangé plus d’un, au point où de telles déclarations n’ont pas été appréciées par certains cercles, ce qui explique leur retour en force dès l’apparition de cette nouvelle polémique provoquée par une déclaration spontanée du coach.
« Se pourrait-il qu’être Africain signifie être Noir ? Et si c’est le cas, quelle nuance fera l’affaire ? Les Soudanais du Sud aux magnifiques pigments sombres et riches sont-ils plus Africains que leurs voisins du Nord à la peau plus claire ? Une classification basée sur la race est certainement trop réductrice et ne tient pas compte de la grande diversité du continent en matière de nations, de cultures et de groupes ethniques», écrivait une chroniqueuse aux origines nord-africaines sur The Guardian, dans un article intitulé : Pourquoi ne pensons-nous pas à l’Afrique du Nord comme faisant partie de l’Afrique? Cette tendance a refait surface alimentée par la polémique du fameux match Algérie-Cameroun, qui n’est certes qu’un simple match de football qui fera partie du passé dans un avenir proche, mais ne doit en aucun cas remettre en cause l’africanité de l’Algérie, ni l’appartenance de Belmadi à ce continent où il a décidé de prolonger son aventure, afin de sillonner ses pelouses et montrer encore une fois que l’Algérie l’africaine mérite le respect de tous.
S.M.A