2018-2024 : de la gloire au déclin

Elevé au rang de héros de la nation, après avoir mené l’équipe algérienne de football à remporter brillamment la CAN 2019 en Egypte, le sélectionneur Djamel Belmadi a concédé son troisième échec en l’espace de deux ans, au lendemain de l’élimination dès le premier tour de la CAN 2023.

4 jours après le coup fatal reçu par la Mauritanie et l’élimination amère, le peuple algérien rumine encore sa peine, il n’en revient toujours pas, mais a compris que l’annonce du départ de Belmadi était devenue inévitable, car ces derniers temps l’EN a stagné et n’arrivait plus à prendre son envol. Belmadi est donc le responsable de cette situation, lui-même il a déclaré qu’il assumait pleinement l’échec. Il faut dire que depuis le titre continental remporté en terre égyptienne, Djamel s’est montré impuissant à rééditer le même exploit, d’abord à la CAN 2021 au Cameroun, également marquée par une sortie prématurées des Verts dès la phase des poules alors qu’ils étaient les tenants du titre, jusqu’à cette nouvelle désillusion en Côte d’Ivoire.

 

Panne sèche

Entre les deux éditions de la CAN, l’équipe nationale sous l’ère Belmadi a échoué à se qualifier à la Coupe du monde 2022 au Qatar, au terme de la double confrontation en barrages face au Cameroun, un scénario fatal qui pouvait être le point de fin et celui d’un nouveau départ, mais les décideurs ont eu la mauvaise idée de le prolonger. Considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire de l’équipe algérienne, statistiques à l’appui, l’ancien capitaine des Verts est arrivé à un stade où il ne pouvait plus donner pour la sélection, le constat est fait par les spécialistes et les simples observateurs, aussi bien sur le plan relationnel que technique, le groupe ne vivait pas bien ces derniers temps, miné par des conflits internes et des bombes à retardement qui promettaient d’éclater à la moindre occasion, et c’est à Bouaké que cela est devenu possible.

 

La cassure à Marrakech

Et pourtant, le début de l’ère Belmadi était tel un conte de fées, puisque son arrivée, en remplacement de Rabah Madjer, a permis au club Algérie de se métamorphoser et d’amorcer un  nouveau départ, qui a débouché sur une belle série d’invincibilité de 35 matchs à partir de la fameuse défaite au Bénin, avant que tout ne bascule à Marrakech, à l’occasion du match qualificatif à la CAN contre le Burkina-Faso. Ce jour-là, l’EN était à deux doigts de subir une défaite, et voir sa série interrompue, le rendement a fait peur aux fans des Verts, ils l’ont exprimé, la suite leur a donné raison.

Belmadi a commencé à douter, le rendement s’est nettement dégradé, les prémices d’une décadence et d’une mauvaise participation à la CAN camerounaise étaient bien visibles, et c’est effectivement le cas. Le coach a échoué à trouver des solutions au Cameroun face à deux équipes qui ne figuraient même pas dans le Top 100 du classement : un match nul d’entrée face à la Sierra-Leone (0-0), puis une défaite face à la Guinée équatoriale (0-1) ont stoppé la belle série, et comme un malheur ne vient jamais seul la Côte d’Ivoire est venue donner un coup au derrière (3-1) d’une équipe peu inspirée, un message ivoirien visiblement pas bien reçu par Belmadi (à 2 ans de leur CAN), qui amorce des changements, mais qui n’auront pas servi à grand-chose.

 

L’échec prolongé !

En janvier 2022, l’ancien président de la FAF Charaf-Eddine Amara a renouvelé sa confiance à Belmadi en dépit du cuisant échec inattendu, préférant opter pour la stabilité à deux mois du rendez-vous face au Cameroun en barrages de la Coupe du monde 2022. Mais le coach national a essuyé un autre revers, aussi bien personnel que collectif, puisqu’il avait fait de la qualification à la Coupe du monde 2022 au Qatar un objectif majeur. Vainqueur à l’aller au stade Japoma à Douala (1-0), la sélection algérienne a chuté cruellement lors de la seconde manche au stade Blida (2-1, après prolongation). Alors que tout le monde s’attendait à un départ de Belmadi, ce dernier s’est attaché à son poste en décidant d’aller au bout de son contrat (décembre 2022, NDLR), qui allait être prolongé en janvier 2023 jusqu’en 2026 par l’ancien président de l’instance fédérale Djahid Zefizef, sans pour autant fixer le moindre objectif !

«J’assume entièrement cet échec. Quand je rentre au pays, je vais m’exprimer sur mon avenir», a réagi Belmadi mardi soir en conférence de presse d’après-match, sans pour autant donner trop d’explications sur cette débâcle. Dépité par cette élimination de trop, Belmadi a annoncé sa démission aux joueurs dans le vestiaire, Il a tenu à saluer ses joueurs, un pas un,  en guise d’adieu, en attendant d’officialiser la fin de sa collaboration avec la FAF.

 

Rejet

Longtemps soutenu par les supporters, Belmadi est devenu persona non grata. A l’issue de la rencontre, un groupe de supporters s’est présenté devant l’hôtel des Verts  à Bouaké, pour interpeller le président de la FAF Walid Sadi sur la nécessité de «limoger» Belmadi, il est rejeté après avoir été pendant longtemps l’adulé de la galerie.

Le public algérien qui connaît bien le football a compris que l’EN patinait dans cet exploit réalisé au Caire, au point où Belmadi n’a pas innové, insistant sur un schéma identique et des joueurs dépassés pour leur plupart, seul le changement pouvait surprendre nos adversaires, mais en vain.

 

Les 1001 démissions

L’histoire de Belmadi a donc connu un grand haut et un grand bas, mais ceux qui ont suivi de près son parcours savent que même durant le grand haut, celui du titre, il a su maintenir la pression, en menaçant par exemple de démissionner, cela s’est passé dans le vestiaire du stade du Caire après le triomphe, mais aussi à Alger, après la cérémonie au Palais du peuple, à cause de l’absence du président de la FAF de l’époque Kheireddine Zetchi de ladite cérémonie, éteignant son téléphone et faisant passer le peuple dans un grand trou noir, accompagné des plus folles rumeurs qui pouvaient exister. Les interventions de la tutelle début 2021 et les secousses ayant accompagné le vide laissé par Zetchi ont aussi amené Belmadi à pousser un autre cri de colère, mais cette fois il est allé au bout, en rédigeant une démission en bonne et due forme qu’il a même transmise au secrétariat général de la FAF, mais le nouveau président Charaf-Eddine Amara a réussi a l’en dissuader, et ce n’est pas tout. Au lendemain de la débâcle contre le Cameroun à Tchaker, il a pris la parole encore une fois, informant ses cadres de son départ, mais ces derniers ont actionné leur veto en le soutenant, cela ne l’a pas empêché de tenir en haleine la rue algérienne, et attendre sa nouvelle décision de prolonger, un contrat plus mirobolant que ‘’moral’’ puisque les autorités ont mobilisé l’entreprise pétrolière pour le prendre en charge, et qui va devoir vider des puits pour lui verser ses indemnités, une fin malheureuse et surtout décevante de l’aventure pour l’entraîneur, car elle pouvait bien être meilleure, avec le soutien indéfectible qu’il avait de la part du peuple,  à condition d’être plus souple dans ses idées et plus logique dans ses choix.

  1. M. A.

 

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